3Com bâtit son avenir avec le chinois Huawei

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Depuis mars 2000, date d’une restructuration massive, il n’est pas aisé de voir où 3Com veut en venir, compte tenu des divers revirements stratégiques qui ont suivi. Il s’associe aujourd’hui avec l’équipementier chinois Huawei.

Depuis la restructuration radicale d’il y a trois ans, l’évolution du spécialiste des réseaux 3Com était difficile à suivre, avec au moins trois changements de stratégie successifs. A tel point qu’il paraissait incapable d’enrayer un inévitable déclin. Ainsi, le 19 mars dernier, il faisait état d’une chute de 30 % de son chiffre d’affaires au titre de son troisième trimestre fiscal, clos fin février, à 245 millions de dollars, réussissant cependant à réduire sa perte nette de deux tiers, à 79,2 millions. Mais voilà que, quelques jours après, 3Com annonce la création d’une entreprise commune avec l’équipementier chinois Huawei. Selon les analystes, cette association pourrait bien contribuer à lui dégager l’avenir.

Cap sur les entreprisesPetit retour en arrière : en 2000, l’entreprise dirigée alors par Eric Benhamou surprenait son monde en se désengageant des équipements de réseaux pour les grands comptes – où il s’épuisait, il est vrai, dans une lutte frontale avec Cisco – pour miser sur des marchés émergents, comme le sans-fil ou la téléphonie IP. Parallèlement, il se recentrait sur les PME-PMI, les FAI et le marché résidentiel.

Mais un an plus tard, 3Com abandonnait ses ambitions vis-à-vis du grand public puis, en 2002, se relançait sur le coeur de réseau avec une gamme de commutateurs Gigabit Ethernet. Au début du mois de mars, il quittait le marché des télécoms, cédant pour 100 millions de dollars CommWorks, sa filiale dédiée aux fournisseurs de services IP, à l’équipementier américain UTStarcom. L’idée était de dégager du cash pour financer ses efforts en recherche et développement sur ses marchés désormais prioritaires : le réseau local haut débit, la voix sur IP et le sans-fil.

Un recentrage sur la clientèle d’entreprise donc, aidé par l’alliance avec Huawei, sorte de Cisco chinois qui propose peu ou prou la même gamme de produits que l’américain mais à des prix bien sûr nettement moins élevés, dumping social aidant. Pour 3Com, l’intérêt de cette manoeuvre est en premier lieu de compléter sa gamme de produits pour entreprises, en particulier les commutateurs de niveaux 2 et 3 et les routeurs IP, afin de disposer d’une solution de bout en bout. Laquelle sera distribuée sous sa propre marque, sauf en Chine et au Japon où la commercialisation se fera sous le sigle Huawei-3Com, nom de la société commune.

Miser sur les pays émergentsSon offre ainsi enrichie, 3Com pourra se positionner en fournisseur unique des entreprises, apte à répondre à tous leurs besoins réseaux. Ainsi le Gartner conseille-t-il aux entreprises du mid-market de s’intéresser de près aux futurs produits de l’entreprise commune. Toujours aidé par Huawei, Cisco pourra peut-être redevenir, aux yeux des grandes entreprises, un concurrent crédible face à Cisco et Nortel, à condition toutefois, observe le Gartner, d’arriver à les convaincre que la technologie de Huawei est à la hauteur de sa concurrente occidentale. Enfin, les deux partenaires ont tous les atouts pour s’imposer sur les marchés émergents comme la Chine.

Du point de vue de l’équipementier chinois, encore discret en Occident ? il était pour la première fois présent lors du dernier Cebit – il s’agit de bénéficier de la puissance commerciale de 3Com en Europe et aux Etats-Unis. Cela dit, avant de mettre en oeuvre cette stratégie, 3Com et Huawei devront d’abord régler un différend qui oppose ce dernier à Cisco, lequel l’accuse d’utiliser indûment des droits de propriété intellectuelle concernant son système d’exploitation de routage IOS. Si Cisco joue la carte juridique, c’est sans doute qu’il pressent de ce côté une menace sérieuse.