64 bits : Hammer contre Itanium

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Après 5 ans de développement, Intel est sur le point de commercialiser l’Itanium, un processeur 64 bits qui tranche avec l’architecture x86 au profit de l’EPIC. Son concurrent AMD mise sur la compatibilité et une évolution en douceur du x86 pour une production en 2002. L’enjeu se situe sur le marché des serveurs et des stations de travail.

Après la course aux fréquences vertigineuses, Intel et AMD inaugurent une nouvelle épopée : celle du processeur 64 bits, dont AMD consent enfin à lever un bout de voile sur sa stratégie. Celle-ci se développera autour de la famille Hammer, 8ème génération de ses processeurs, à travers deux modèles essentiellement. Le ClawHammer visera les serveurs d’entrée de gamme mono et biprocesseur, tandis que le SledgeHammer s’attaquera au haut de gamme avec de l’octoprocesseur. Ils seront cadencés à 2 GHz environ. La production ne commencera cependant pas avant fin 2001, début 2002.

Du côté d’Intel, l’Itanium (ancien nom de code Merced) est quasiment prêt avec 6 mois de retard environ sur la date prévue initialement mais avec un an d’avance sur son concurrent AMD. La nouvelle puce du fondeur de Santa Clara est actuellement en phase de livraison auprès des sites pilotes, essentiellement des serveurs haut de gamme et les stations de travail, à raison de 30 000 processeurs distribués à ce jour. La vente en volume commencera au cours du premier semestre 2001. Il sera décliné en deux fréquences : 733 et 800 MHz. L’Itanium aura demandé cinq ans de développement.

Evolution ou révolution ?

Cette puce de nouvelle génération tranche complètement avec l’architecture x86 au profit de l’EPIC (Explicitly Parallel Instruction Computing) sensé améliorer la gestion parallèle des instructions. Si l’Itanium restera compatible avec les applications 32 bits grâce à un coeur d’ancienne génération inclus dans le processeur (ce qui risque d’agrandir la taille de la puce), son exploitation ne présentera d’intérêt que dans le cadre de programmes optimisés, c’est-à-dire réécrits pour l’EPIC et recompilés en 64 bits. « Proposer un Itanium seul ne sert à rien si le hardware et l’applicatif ne suivent pas », explique-t-on chez Intel, « c’est pour cela que nous avançons avec l’ensemble des acteurs de l’industrie. » A commencer par Microsoft qui fournira un Windows 2000 64 bits mais aussi Hewlett-Packard HP8, Novell Modesto, IBM AX5L et Linux Trilion.

C’est une toute autre voie qu’a choisie AMD. Celle de l’évolution naturelle. « Faire table rase n’est jamais chose plaisante, surtout en informatique », dit-on du côté d’AMD, « nous croyons aux vertus du PC basé sur des standards ». La famille Hammer sera donc une extension de l’architecture x86 (appelée x86-64 ou SimNow) par un système « aussi simple que lorsqu’on est passé du 16 au 32 bits « . A savoir étendre l’adressage sur 64 bits et l’élargissement des registres par l’ajout d’un nouvel octet. Objectif : permettre aux applications 32 bits de tourner sur les nouveaux processeurs sans nécessiter de recompilation et offrir un passage en douceur vers les applications 64 bits qui apparaîtront progressivement sur le marché.

Le marché tranchera

Dans un premier temps, l’adressage mémoire des Hammer ne sera codé « que » sur 46 ou 52 bits, ce qui est largement suffisant pour gérer bien plus que les 4 Go de mémoire vive du mode 32 bits. Du côté d’Intel, on annonce un chipset 460 GX qui permettra d’atteindre les 64 Go de mémoire vive.

L’enjeu est évidemment énorme. Il vise tous les serveurs du marché et notamment les haut de gamme (d’un prix supérieur à 10 000 dollars) ou Intel revendique 70 % de parts de marché et 84 % des serveurs globaux. Si le fondeur du Pentium se félicite d’une progression de 80 % des ventes de son Xeon en 1999, n’oublions pas qu’AMD lui grignote des parts de marché non négligeables depuis 5 ans. Et dans cette nouvelle épopée, une erreur de choix technologique pourrait être fatale. Le marché tranchera.

Pour en savoir plus :

* Le site dédié à la technologie 64 bits AMD (en anglais)

* Intel présente l’Itanium