9Télécom se lance dans la téléphonie sur Internet

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Avec la « Tout9 », un modem ADSL-téléphone réservé aux abonnés dégroupés, 9Télécom marche sur les traces de Free et de sa Freebox. Au menu : l’ADSL à 1 024 Kbits/s et la téléphonie gratuite entre abonnés.

Le 15 octobre prochain, 9Telecom lancera une nouvelle offre basée sur la « Tout9 ». Encore une offre qui combine ADSL (à 1 024 Kbits/s) et téléphonie fixe pour 27 euros par mois, soit le tarif actuel de l’opérateur avec la présélection téléphonique (voir édition du 20 août 2003) ? Pas seulement. La Tout9 est avant tout un boîtier modem ADSL-téléphonie fixe à la manière de la Freebox de Free. Directement branché sur la ligne téléphonique, le boîtier apporte la téléphonie sur l’ADSL via un deuxième numéro de téléphone classique (commençant par 01, 02, etc.), contrairement à celui de Free qui est du type 08xx. « Ce type de numéro ne permet pas d’être appelé de l’étranger », explique Jacques Veyrat, directeur général de LDCom, la maison mère de 9Télécom. « Nous avons préféré choisir une solution plus sûre face à l’avenir car nous ignorons comment va évoluer la tarification des numéros en 0800 », ajoute le dirigeant. Effectivement, l’offre de Free s’inscrit dans une phase d’observation susceptible d’évoluer (voir édition du 18 août 2003). Enfin, les mobiles appelant vers une Freebox sont facturés au-delà de leur forfait, selon la direction de LDCom.

Vendu à 30 euros (jusqu’au 30 juin 2004), le boîtier permettra aux abonnés de s’appeler gratuitement entre eux. Les appels vers des postes fixes seront facturés 1 centime d’euro la minute, tarification à la seconde et sans crédit temps en local et national (hors numéros spéciaux). Les tarifs vers les mobiles et l’international sont les mêmes que ceux actuellement proposés par 9Télécom. Un forfait à 40 euros par mois propose le téléphone illimité (sur le local et national « fixe ») en plus de l’ADSL à 1 024 Kbits/s. L’offre Tout9 est assortie d’une période d’engagement de 24 mois, des frais de résiliation de 99 euros étant facturés en cas de rupture anticipée du contrat.

Objectif : 500 000 lignes dégroupées

La Tout9 permettra également l’acheminement de programmes audiovisuels. Si les premiers boîtiers ne sont pas encore équipés de prises de raccordement à la télévision, celles-ci devraient faire leur apparition avec la prochaine génération prévue vers la fin 2003. Une interface audiovisuelle inutile aujourd’hui dans la mesure où il n’existe pour l’heure aucun service de ce type. Déçu par le choix de TF1 qui, malgré les expérimentations en cours de télévision sur ADSL, a préféré se tourner vers France Télécom via TPS (voir édition du 5 septembre 2003), LDCom n’en reste pas moins confiant dans sa capacité à gérer des services audiovisuels. « Notre expérimentation a montré que cela fonctionnait très bien », souligne Jacques Veyrat, « nous ferons peut-être de la télévision sur ADSL avant que TF1 et France Télécom ne lancent leur service [à l’échelle nationale, NDLR] en juin 2004. » Sans plus de précisions sur le fournisseur des contenus.

Si la Tout9 apparaît comme la solution idéale pour qui cherche une offre couplée ADSL-téléphone, elle est réservée aux abonnés éligibles au réseau dégroupé par LDCom. Soit, actuellement, 60 000 lignes seulement (à comparer aux 30 millions de lignes téléphoniques). Mais le dégroupage progresse de manière exponentielle. LDCom prétend dégrouper 1 000 lignes par jour (contre 5 000 par mois en début d’année) et devrait dépasser son objectif des 100 000 lignes pour la fin de l’année. L’Ile-de-France et les grandes villes (plus de 20 aujourd’hui) seront intégralement dégroupées en juin 2004, de même qu’une centaine d’agglomérations (600 unités de raccordement des abonnés ? URA ou centraux téléphoniques ? contre 200 aujourd’hui). Les investissements se poursuivront en 2004 (à hauteur de 250 millions d’euros) pour atteindre un niveau de 75 % de foyers « dégroupables » et deux tiers des entreprises. LDCom se fixe, pour fin 2004, un autre objectif ambitieux : les 500 000 lignes dégroupées. Chiffre impressionnant qui ne représentera pourtant , avec le réseau de Free (l’autre grand « dégroupeur » sur le marché grand public), que 3 à 4 % du marché. La route est donc encore longue avant de commencer à réellement inquiéter France Télécom…