Affaire Foxconn : les deux journalistes poursuivis risquent de payer le prix fort

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Outre la saisie de leurs biens, ils risquent une amende de 3,8 millions de
dollars après une enquête concernant un fabricant d’iPod en Chine.

Foxconn, un constructeur high-tech qui fabrique en Chine des lecteurs iPod pour le compte Apple, a réussi à convaincre un tribunal de geler les comptes bancaires de deux journalistes qui avaient accusé la société de violer la législation locale liée aux conditions de travail. Mais des experts juridiques ont critiqué l’angle d’attaque de Foxconn qui a préféré poursuivre en justice directement les journalistes plutôt que d’intenter une action contre le journal China Business News qui a publié les articles.

Un tribunal a décidé de couper les vivres des journalistes, en fait un reporter et l’éditeur du journal. Il a gelé les comptes des deux personnes mises en causes et ordonné la saisie de leurs biens et de leurs véhicules. Cette décision de justice avait été appliquée mi-juillet, suite à la plainte de Foxconn à l’encontre des journalistes. Mais ces derniers ont choisi de ne faire aucune déclaration publique pendant la poursuite des négociations, a indiqué China Business News dans son édition datée du 28 août.

Hongfujin Precision Industry Shenzhen, une filiale locale du fabricant Foxconn, demande aux journalistes la somme de 3,8 millions de dollars en guise de dommages et intérêts. Un montant équivalent à environ 800 années de salaire pour chacun d’eux, précise le journal.

Foxconn, également connu sous le nom de Hon Hai Precision Industry, est un fabricant taïwanais de composants électroniques travaillant en sous-traitance pour de nombreuses sociétés connues du secteur, parmi lesquelles Apple. La société fabrique essentiellement des ordinateurs portables ainsi que d’autres produits électroniques grand public, tels que la console PlayStation 2 de Sony, les ordinateurs de Hewlett Packard et certains produits de la gamme iPod d’Apple. Le fabricant a enregistré l’an passé 28 milliards de dollars de bénéfices.
Foxconn n’a effectué pour l’heure aucune déclaration publique concernant cette affaire et a refusé de répondre aux questions de Vnunet.com.

Les deux journalistes sont à l’origine des articles publiés au mois de juin dans le China Business News qui dénonçaient les heures de travail supplémentaires imposées par Foxconn à son personnel de production. Selon l’article publié dans le journal, les ouvriers étaient contraints de travailler douze heures par jour, voire davantage, pour un salaire de seulement 44 dollars par mois.

Une équipe d’avocats et de juristes a exprimé son étonnement à la presse locale concernant ce dossier, soulignant qu’il était plus courant dans ce cas de poursuivre le journal ayant publié l’histoire que les journalistes en tant qu’individus à l’origine des articles. Certains sont allés jusqu’à mettre en doute la légalité de ce recours.

Après une période de silence, China Business News est finalement sorti de sa réserve en accordant explicitement à ses deux employés tout son soutien. Celui est tombé à point nommé, peu de temps après que d’autres journalistes ne s’emparent de l’affaire. Le journal a également annoncé qu’il envisageait de poursuivre Foxconn. Mais, il prend aussi du recul vis-à-vis de ce dossier. Selon le journal, la meilleure solution serait que les parties parviennent à un accord à l’amiable.

La publication du China Business News, également connu sous le nom de First Business Daily (traduction anglaise de son nom chinois) a commencé il y a seulement deux ans. La direction du journal avait alors précisé que sa ligne éditoriale serait davantage tournée sur les faits plutôt que sur les articles à sensation, c’est à dire à l’inverse de ses concurrents. oujorus selon la ligne éditoriale retenue, China Business News prend l’édition asiatique du Wall Street Journal comme modèle.

Traduction adaptée d’un a rticle en date du 29 août 2006