Affaire Morpheus/Kazaa : le vrai visage du ‘peer-to-peer’ ?

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Logique de l’Internet poussée à ses limites, le vrai peer-to-peer permet d’échanger des fichiers entre utilisateurs sans dépendre d’un serveur central. Une propriété qui justifiait l’impossibilité de contrôler l’usage de la technologie par les internautes… jusqu’à ce que Kazaa montre sa capacité à bloquer à loisir l’accès à son réseau d’échange.

Pas plus que Napster, ses « successeurs » Kazaa, Morpheus/Streamcast Network et Grokster n’échapperont à la justice américaine. Ainsi en a décidé le juge Stephen Wilson qui, sur plainte des majors du disque représentées par la RIAA (Record Industry Association of America), a fixé la date des premières audiences au 30 septembre prochain. Le juge a décidé d’organiser le procès en deux temps. Un jury devra décider si le protocole d’échange de fichiers peer-to-peerFastTrack exploité par les trois logiciels a permis le piratage de films et de musique. Seront ensuite abordées les questions des droits d’auteur et des dommages et intérêts.

Pour les avocats de Streamcast, leur cas est différent de celui de Napster. Car FastTrack permet l’échange de données sans passer par un serveur qui centralise l’information, comme c’est le cas avec Napster. Les défenseurs du peer-to-peer avancent par ailleurs qu’ils ne sont pas responsables de l’utilisation que font les internautes de leur technologie. Si ce dernier argument peut être retenu au même titre que les constructeurs automobiles ne sont pas jugés comme responsables des accidents de la route, le premier risque fort de se retourner contre leurs auteurs. Surtout depuis que le récent conflit entre Morpheus et Kazaa révèle l’ambiguïté qui existe autour du contrôle des échanges décentralisés entre ordinateurs individuels.

Kazaa se trahit

Rappel des faits. Le 26 février dernier, les utilisateurs de Morpheus sont subitement bloqués. Pour Streamcast, la société qui exploite Morpheus sur le site Musiccity.com, l’incident s’explique par le fait qu’un « fournisseur de logiciel (…) a effectué, de manière inattendue, une mise à jour importante de sa technologie qui n’est pas compatible avec Morpheus ». Le prestataire en question n’est autre que Kazaa BV qui a fourni une licence du logiciel à Morpheus. Kazaa reproche à Streamcast de ne pas avoir payé les sommes dues pour cette licence. Et aurait simplement coupé le robinet en ne fournissant pas la mise à jour 1.5 du logiciel, empêchant ainsi les millions d’utilisateurs de Morpheus d’accéder au réseau d’échange même entre utilisateurs de l’ancienne version. Depuis, Morpheus a migré sur la technologie Open source Gnutella exploité par les logiciels LimeWire et BearShare, notamment. Mais cette affaire illustre bien que le détenteur d’une technologie d’échange peer-to-peer en licence propriétaire peut parfaitement restreindre son usage.