Airport vers les 10 kilomètres !

Mobilité

Robert Cringely voulait disposer de l’Internet à haut débit ! Cet ingénieur, lassé du temps de latence incroyable de sa liaison satellite, ne voulait plus attendre. Il est maintenant équipé d’un réseau Airport de 10 kilomètres de portée pour atteindre son plus proche voisin, à qui il a offert l’ADSL ! Aujourd’hui, Robert surfe à 1 Mo/s sur le Net… Un exemple à méditer ?

Bob n’en pouvait plus : dans sa maison perdue sur une colline du comté de Sonoma, la région des vins californiens, les services à haut débit sont impossibles à installer. Il dispose bien d’une liaison par satellite, fournie par le service de General Electric, Starband, mais le temps de latence est, selon lui, d’une incroyable longueur, tandis que les émissions de données relèvent de la plaisanterie. Comme Bob, alias Robert Cringely, est un as de l’électronique, une petite idée lui est passée par la tête : pourquoi ne pas se connecter par l’ADSL ? Oui, mais… La maison de Bob est à près de 12 kilomètres du central téléphonique le plus proche. Or, l’utilisation d’une ligne ADSL ne peut pas se réaliser, dans la plupart des cas, à plus de 6 kilomètres dudit central. Problèmes de signaux. C’est bien trop peu pour arrêter Bob : armé de diverses jumelles et télescopes, il monte le soir venu sur le toit de sa maison pour connaître lequel de ses plus proches voisins serait susceptible d’avoir accès à une ligne DSL. Grand bien lui en a pris : là-bas, entre deux montagnes, de la lumière. Et entre deux autres, un feu de circulation. Eureka ! La vie n’est pas loin, et l’humanité non plus ! Bob est donc allé voir sur place et a trouvé un voisin compréhensif qui a accepté son offre généreuse : un abonnement à l’ADSL contre un droit de passage hertzien !

L’astuce : une antenne unidirectionnelle

Comment faire ? Utiliser le protocole 802.11b, vous répondrait Bob. On pourra être étonné du choix de ce protocole, encore appelé Wi-Fi (voir édition du 4 octobre 2000), alors qu’il est de notoriété publique que sa portée est de 100 mètres dans la plupart des cas. « Ils utilisent une antenne omnidirectionnelle pour permettre à leurs utilisateurs de se connecter dans un rayon défini », explique encore Bob. Avec une antenne unidirectionnelle, la portée est bien plus importante : Bob a été capable d’atteindre les 10 kilomètres qui séparent sa maison de celle de son voisin. Quant aux bornes, il s’agit de simples bornes Airport (voir édition du 26 août 1999). Evidemment, il faut se transformer en bricoleur pour monter les antennes sur les toits, relier les bornes de part et d’autre, et surtout régler tous les problèmes de connexion. Mais ça y est, Bob jouit agréablement d’une liaison sans fil à haut débit, là-bas au milieu de ses vignobles, tandis que son voisin dispose gratuitement de l’ADSL. Le tout pour 1 400 dollars, bornes comprises (moins de 11 000 francs). Un tarif raisonnable, au vu de la distance couverte.

Au-delà du caractère anecdotique de l’histoire de Robert Cringely rapportée sur PBS.org, cette mise en oeuvre technique est un élément de plus à verser au dossier des possibilités des liaisons sans fil et des services à en attendre dans les années à venir. En France, où l’ADSL est disponible dans des conditions techniques similaires à celles rencontrées par Bob aux Etats-Unis, en raison des problèmes de transmission du signal, certaines habitations sont aussi incapables de bénéficier de services à haut débit.. Mais quelques expériences de liaisons sans fil sont en cours en agglomération comme à Nantes, ou à l’étude comme en rase campagne dans le centre de la France. On attend donc de Bob qu’il commercialise sa solution…