Alcatel, grand bénéficiaire de la BLR ?

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Si les licences de boucles locales radio dernièrement accordées par L’ART ont eu un effet de douche froide pour certains opérateurs qui avaient parié gros, l’ouverture du marché de la boucle locale radio semble faire les affaires de l’équipementier Alcatel.

Cette vieille maxime qui prétend que dans toute ruée vers l’or, il vaut mieux vendre des pelles, des pioches ou de tenir un bar que de prospecter soi-même pourrait s’appliquer aujourd’hui pour le marché de la BLR. Car à peine la ruée commencée, les déçus sont nombreux (voir édition du 11 juillet 2000). Parmi eux, se trouvent tous les opérateurs qui n’ont pas été retenus pour une licence nationale, à l’image de 9 Télécom ou de Cegetel et aussi tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leur licence régionale comme Completel qui s’est vu attribuer l’Auvergne, la Corse, le Limousin ou en encore la Franche-Comté. Reste enfin ceux qui renoncent et jettent l’éponge comme Deutsche Telekom qui, finalement, n’exploitera pas ses licences en Corse et en Auvergne. Vrai que les dizaines de millions de francs nécessaires pour couvrir des régions quasi désertiques font réfléchir…

Et dans toute cette ruée vers l’or de la communication, Alcatel semble tirer son épingle du jeu. Le spécialiste français de matériel de télécommunications annonce vouloir prendre entre 60 % à 70 % du marché d’équipement, selon les propos, rapportés par Reuters, de Gérard Dega, le président des activités françaises pour Alcatel. La société ne cesse en effet d’annoncer des accords dans ce domaine. Le dernier en date concerne un contrat de 100 millions d’euros avec FirstMark, un des opérateurs sélectionnés pour une licence de BLR nationale. Alcatel fournira ainsi une solution complète comprenant l’installation des stations de base, la recherche et l’installation de sites ainsi que l’ingénierie du réseau. « Sur les neuf opérateurs sélectionnés par l’ART, nous avons passé des accords avec cinq d’entre eux, et nous espérons pouvoir le faire avec deux ou trois autres », précise Jean-David Calvet, directeur général des activités radio chez Alcatel. Mais il s’empresse d’ajouter que cela n’en faisait pas pour autant d’Alcatel le grand gagnant. « Nous sommes tributaires de la réussite des autres. Si la BLR est un échec, cela le sera tout autant pour l’opérateur que pour nous », explique-t-il.

Reste tout de même qu’Alcatel, qui s’adjuge la place de leader mondial sur le secteur de la BLR, un marché évalué à peu près à deux milliards d’euros, annonce avoir installé 2 000 sites chez 100 clients. La société déclare par ailleurs avoir des contrats dans plusieurs pays européens comme l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne et la Norvège. L’Allemagne où d’ailleurs Alcatel vient de signer un contrat d’un montant de 200 millions d’euros.

Alcatel, largement présent sur le marché de l’ADSL estime que la BLR ne devrait pas concurrencer ce marché. « Ces deux marchés ne sont pas concurrents, mais plutôt complémentaires. Et, surtout, cela ne vise pas le même public, même si certains font le pari de proposer de la boucle locale radio pour les abonnés résidentiels » juge Jean-David Calvet tout en rappelant que Fortel, le deuxième opérateur à avoir une licence nationale visait clairement le grand public. Une option qui le laisse d’ailleurs perplexe. « Je ne crois pas à court terme qu’il puisse y avoir un développement massif de la BLR auprès du grand public. Il y a aujourd’hui trop de techniques concurrentes et efficaces pour que la BLR puisse permettre un retour sur investissement », constate-t-il.