Alcatel-Lucent : le gouvernement demande une révision du plan social

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Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’entérine pas d’emblée le plan de restructuration d’Alcatel-Lucent (900 postes supprimés en France) et appelle à la « négociation ».

Le monde politique prend le relais sur le volet social avec Alcatel-Lucent.

Le coup de massue annoncé hier par la direction de l’équipementier télécoms est terrible : 10 000 suppressions de postes dans le monde, dont 900 en France.

Et encore, le décompte est affiné par Les Echos : on parle dans le prolongement de 300 reclassements internes et de 6000 postes externalisés. En tout, cela fait « 1800 postes impactés » dans l’Hexagone.

Faut-il rappeler qu’il s’agit du cinquième plan social en six ans ? Depuis 2007, l’effectif d’Alcatel-Lucent en France a fondu de 50% (8300 collaborateurs aujourd’hui).

Ce volet social entre dans le cadre du plan de révision stratégique (baptisé Shift) censé redonner une impulsion au groupe sur le marché des télécoms (priorité aux segments réseaux Internet, cloud et accès très haut débit) et favoriser le redressement des comptes.

Michel Combes, le DG du groupe nommé en début d’année, considère qu’il n’a plus le choix : il doit prendre des mesures radicales qui l’amèneront à dégager des économies évaluées à un milliard d’euros avec ce plan social.

Engagé dans la lutte contre le chômage, le gouvernement n’avait pas besoin de la restructuration enclenchée chez Alcatel-Lucent. Mais on pouvait s’attendre à des perspectives sombres au regard de la situation financière instable du groupe télécoms.

Parmi les prises de paroles politiques après l’onde de choc, le Président de la République François Hollande s’est déclaré inquiet de la situation au regard de « l’ampleur » des suppressions d’emplois.

« Il y a eu des choix industriels du côté d’Alcatel qui n’ont pas été ceux qui auraient dû prévaloir. »

Sur l’antenne d’Europe 1 ce matin, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’adoube pas le plan de restructuration de l’équipementier.

Il demande que « ce projet de la direction d’Alcatel soit revu » et appelle à une « négociation » pour sauvegarder un maximum d’emplois.

Le chef du gouvernement s’appuie sur la loi Florange (sécurisation des parcours professionnels) qui « donne de nouveaux droits aux salariés pour négocier » et sur l’Accord national interprofessionnel (ANI) relative à la modernisation du marché du travail conclu avec les syndicats (faute d’accord avec les partenaires sociaux, la direction de l’entreprise ne pourrait pas aller jusqu’au bout de son projet).

Tout en poursuivant : « S’il n’y a pas d’accord majoritaire – et donc là, l’objectif c’est qu’on réduise le nombre de suppressions d’emplois, qu’on réduise les fermetures de sites -, le plan social ne sera pas agréé, puisque la loi donne à l’Etat la responsabilité de le faire. »

Rappelons qu’Alcatel-Lucent prévoit de fermer rapidement plusieurs sites éparpillés en France : Toulouse (100 salariés) et Rennes (120). Tandis que trois autres implantations devraient être cédées d’ici 2015.

Quant à Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif considère comme « excessive » la contribution française à la restructuration mondiale d’Alcatel, tout en étant conscient de la gravité du dossier.

Lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, Arnaud Montebourg appelle les quatre opérateurs de réseaux mobiles à une certaine « solidarité nationale » en favorisant le « made in France » ou a minima en privilégiant des équipements télécoms européens.

« J’ai reçu la réponse positive de SFR et Orange, nous attendons la réponse des deux autres opérateurs (Free et Bouygues) », a précisé le ministre.

Pourraient-ils absorber une partie du plan social en intégrants des collaborateurs d’Alcatel-Lucent ?

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