Alphabet : un an d’abécédaire techno pour Google

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Il y a un an, Google annonçait sa réorganisation sous le prisme de la holding Alphabet pour mettre l’accent sur les projets annexes à son cœur de business. Quel bilan ?

Il y a un an, Google annonçait la séparation de ses activités en plusieurs pôles indépendants placés sous le contrôle de la holding Alphabet.

Effective depuis le 1er octobre 2015, cette réorganisation donne davantage d’autonomie aux différentes entités qui composent le nouvel ensemble. Chacune dispose en l’occurrence de son budget et de son CEO.

Chez Google, qui concentre plus de 99 % du chiffre d’affaires d’Alphabet sur le 2e trimestre 2016, Sundar Pichai a pris les rênes après avoir chapeauté, sous l’ancienne configuration, le développement de Chrome, d’Android et des Google Apps, puis de l’ensemble des services Internet du groupe.

Aux côtés de ce mastodonte qui regroupe le moteur de recherche, la publicité en ligne, la cartographie (Maps), le streaming vidéo (YouTube), la navigation Web (Chrome), la mobilité avec Android et une galaxie d’applications, mais aussi l’infrastructure technique liée, évoluent des projets plus ou moins éloignés du cœur de business.

Pour le moment, cette diversification coûte de l’argent : les derniers résultats trimestriels font état d’une perte d’exploitation record, à 859 millions de dollars sur un CA de 185 millions. Mais la hausse des revenus publicitaires côté Google compense largement le déficit.

Malaise chez Nest

Parmi ces « autres activités » qu’Alphabet réunit sous l’appellation « other bets » figure Nest, du nom de cette start-up IoT fondée en octobre 2011 et que Google avait acquise début 2014 pour 3,2 milliards de dollars.

Il y avait d’abord eu l’effervescence liée à la première vague des objets connectés pour la maison. Plus précisément, chez Nest, des détecteurs de fumée, des caméras de surveillance… et des thermostats, dont une troisième génération « intelligente » lancée en novembre 2015 avec la capacité d’apprendre des habitudes de consommation du foyer pour économiser de l’énergie.

L’horizon s’est progressivement assombri, avec des perspectives de moins en moins florissantes. Puis au mois de février, une enquête de Business Insider avait eu l’effet d’une bombe : elle illustrait un grand malaise chez Nest, entre un rythme de travail intense, des pannes à répétition et les méthodes de management « discutables » des cofondateurs Matthew Rogers et Tony Fadell.

Ce dernier a fini par annoncer, il y a quelques semaines, son départ, laissant sa place au dénommé Marwan Fawaz, issu du monde des télécoms. Entre-temps, le fondateur de Dropcam, start-up que Nest avait acquise en juin 2014 pour 555 millions de dollars, ne s’était pas montré plus tendre, appuyé dans ses propos par plusieurs anciens collaborateurs et investisseurs.

Santé !

La situation semble plus favorable chez l’ex-Google Life Sciences, devenu Verily Life Sciences.

Cette entité spécialisée dans le domaine des sciences de la vie a développé plusieurs partenariats sous l’ère Alphabet. Elle s’est notamment alliée à Sanofi dans le cadre d’une coentreprise qui se concentrera, dans un premier temps, sur le traitement du diabète.

Plus récemment, on aura repéré la publication d’un brevet portant sur une lentille qui permettrait de moduler l’exposition des sources lumineuses vers la rétine pour améliorer la vision.

Sous l’angle biotech, une autre coentreprise est apparue et montée cette fois avec le groupe pharmaceutique britannique GSK sur les systèmes de traitement par implants bioélectroniques.

En labo

Autre pilier de l’organisation Alphabet, le laboratoire secret Google X, renommé « X » en début d’année, avec un nouveau logo pour l’occasion.

La voiture autonome a été placée sous sa coupe, mais il ne devrait plus en être ainsi pour très longtemps : une émancipation est sur la feuille de route. Google a déjà recruté un directeur juridique. La firme s’est aussi attaché les services d’un de ses contacts à l’Agence municipale des transports de San Francisco.

Dans le même temps, Chris Urmson, l’un des architectes du projet, a annoncé son départ. Il avait déjà pris du recul sur l’opérationnel en 2015, remplacé par John Krafcic. L’ancien P-DG de Hyundai America semble avoir été recruté pour aborder la transition de la phase de recherche à la phase de commercialisation de la technologie, à l’heure où celle-ci a parcouru plus de 2 millions de kilomètres sur les routes américaines.

Dans les airs, il y a le projet Loon, qui consiste, en coordination avec les autorités régulatrices du trafic aérien, à déployer des ballons atmosphériques alimentés à l’énergie solaire pour apporter une connectivité Internet dans les zones mal desservies.

Depuis la réorganisation sous le prisme d’Alphabet, une grande offensive a été lancée en Indonésie, par le biais d’un partenariat avec trois opérateurs sur place (Indosat, Telkomsel et XL Axiata).

Les drones aussi ont leur projet, baptisé Wing. Google vise une exploitation commerciale pour 2017, sous la forme d’un service de livraison qui pourrait concerner en priorité les zones reculées, notamment pour la livraison de médicaments. Il s’agirait plus globalement de plancher sur l’organisation du trafic des drones à basse altitude.

Incuber et financer

La robotique a aussi son entité au sein du laboratoire X : Replicant, qui regroupe les sociétés spécialisées acquises au fil du temps. Parmi elles, Boston Dynamics, passée dans le giron de Google fin 2013 avec ses robots à usage industriel ou militaire… et qui pourrait faire l’objet d’une cession à Toyota.

Dans le même domaine, SCHAFT, issu de l’université de Tokyo, a été en avril dernier avec un robot « tout-terrain » capable d’évoluer dans la boue, la neige, les cailloux ou les escaliers, grâce à son centre de gravité très bas.

Le laboratoire X a progressivement endossé le rôle d’incubateur de projets à moyen terme plutôt que de simple lieu de développement d’expérimentations souvent qualifiées de déraisonnables, voire farfelues. En ce sens, il se rapproche de la philosophie de GV.

L’ex-Google Ventures a été renommé pour marquer son indépendance vis-à-vis du groupe Internet, en réponse aux critiques des investisseurs concurrents qui y voyaient un « pipeline à acquisitions ».

Par la même occasion, le fonds de capital-risque a pris du recul avec l’écosystème européen en supprimant son véhicule d’investissement dédié (il en reste un seul pour l’ensemble de la planète). En parallèle évolue le fonds de capital-développement Google Capital, qui n’a lui aussi mis que peu de billes sur le Vieux Continent en rapport à l’étendue de son portefeuille d’investissements.

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