Amazon Kindle arrive en France pour transformer le marché du livre

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Amazon lance enfin sa Kindle, accompagnée du Kindle Store, en France. Dans quelle mesure le groupe américain de commerce électronique arrivera-t-il a accompagner la transition du secteur de l’édition vers le numérique ?

Amazon a lancé le 7 octobre sa plate-forme de livres numériques Kindle en France.

Pour commencer, le libraire proposera son Kindle Wi-Fi à 99 euros, et 35 000 livres sur le Kindle Store.

4000 classiques français gratuits sont inclus, des abonnements à des journaux comme Le Monde, Les Echos, Le Figaro ou libération sont proposés et 825 000 livres en langues étrangères sont également disponibles sur la plate-forme.

Dans la lettre de présentation de Jeff Bezos publiée sur Amazon.fr, le P-DG d’Amazon vante les qualités de la liseuse électronique au public français.

Avec ses 2 Go de mémoire elle peut contenir 1400 livres, sa batterie peut tenir jusqu’à un mois, et son écran e-ink assure une lecture agréable même en plein soleil.

En attendant les modèles 3G, les modèles avec clavier, les offres sponsorisées par la publicité, les modèles à grand écran (Kindle DX) et la tablette Kindle Fire, c’est déjà ça.

Un client qui ne serait pas convaincu aura même 30 jours pour rendre son Kindle et obtenir un remboursement.

Les plus curieux avaient déjà commencé à importer les liseuses depuis les États-Unis, désespérés de son arrivée en France. Un circuit parallèle qui va disparaître :

« Si l’on importe [le Kindle], avec les transports et les frais de douane, il revient à environ 150 euros« , souligne aussi le P-DG à PCWorld.

A 99 euros (contre 109 dollars aux États-Unis), la liseuse est effectivement bon marché.

Déjà lancée au Royaume-Unis en 2010, puis plus récemment en Allemagne puis en Espagne, le lecteur de ebook d’Amazon était retardée en France par l’incertitude législative entourant le livre numérique, confiait en septembre Xavier Garambois, le président d’Amazon.fr.

Le prix unique du livre numérique étant définitivement adopté, il reste simplement le problème de la TVA à 19,6% pour les livres numériques (contre 5,5% pour le papier).

« Le marché du livre numérique va se développer en France. Il va falloir deux choses : que les ‘devices’ [liseuses numériques, ndlr] soient là, et que les contenus soient significativement moins chers que les livres papiers« , nous expliquait-il.

Maintenant que le Kindle est arrivé pour compléter l’offre de la FNAC (la FnacBook, bientôt complétée par un nouveau modèle qui sera annoncé dans les prochains jours), il ne manque plus qu’une baisse des prix.

Or, sur le nouveau Kindle Store français, de nombreux livres pourtant vendus en librairie en format poche pour moins de 8 euros, sont proposés entre 15 et 16 euros.

Si 4000 livres libres de droits français sont gratuits, d’autres sont vendus plus de 10 euros (De la Terre à la Lune de Jules Verne, publié en 1865, est vendu 12,10 euros).

Pour sa défense, Amazon se contente de retranscrire les prix voulus par les éditeurs pour les livres encore protégés. Mais une telle stratégie serait vouée à l’échec commercial.

Notons que s’obstiner pourrait conduire le marché du livre français à une situation similaire à celle du disque dans les années 90.

C’est Laure de la Raudière, députée et secrétaire nationale de l’UMP en charge du numérique, qui le résume le mieux dans sa tribune publiée sur Rue89 contre une taxe sur les FAI pour financer la culture.

Dans les années 90, les maisons de disque ne se sont pas « empressées d’investir dans le numérique, et de faire le pari de l’avenir et de la croissance, en étudiant de nouveaux modes de distribution et de promotion » et n’ont pas « remis en cause leur modèle de rémunération et de partage de la valeur  » explique-t-elle.

Ce qui a provoqué une grave crise dans les années 2000, quand le piratage est entré dans les mœurs : « [Entre 2003 et 2008] le chiffre d’affaires de l’édition phonographique en France a perdu la moitié de sa valeur« , soulignait le quotidien économique La Tribune il y a deux ans.

Ce qui a conduit à la très controversée loi Hadopi, dressant une partie des plus gros consommateurs de biens culturels contre l’industrie.

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