AMD, plus offensif que jamais

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Le fondeur numéro 2 du marché PC a le vent en poupe. Malgré les retards pour l’annonce des Duron et Athlon de nouvelle génération, la société texane a des raisons d’espérer des lendemains radieux après des années de vaches maigres. Reste encore quelques obstacles à surmonter.

Contrairement à ce que nous vous indiquions la semaine dernière, la sortie des nouveaux processeurs AMD n’aura pas lieu à l’occasion du Computex de Taiwan le 5 juin (voir édition du 24 mai 2000). Si les nouveaux Athlon pourraient être officiellement dévoilés à cette date, on parle aussi de plus en plus du 15 juin lors d’une présentation spéciale. Quant au Duron, il faudrait attendre la fin du mois (vers le 25-26 juin et PC Expo à New York) pour les voir arriver. Il n’empêche que, malgré ces légers retards, le climat est plutôt à l’optimisme du coté d’Austin.

Comme les résultats financiers l’indiquaient début avril (voir édition du 13 avril 2000), le fondeur, après une longue période dans le rouge, a renoué l’an dernier avec les bénéfices. D’excellents résultats dus principalement aux bonnes ventes de processeurs et au dynamisme des autres activités d’AMD, la fabrication de mémoires Flash (conjointement avec le japonais Fujitsu) et le développement de matériels réseaux. Paradoxalement, AMD a officialisé cette semaine la revente de cette dernière activité à un groupe d’investisseurs institutionnels, Francisco Partners. AMD conservera quand même en interne le domaine des équipements de réseaux pour PC afin de conserver la maîtrise de la création de chipset pour produits communicants. Estimée à 375 millions de dollars (2,640 milliard de francs), cette transaction va permettre à AMD de se recentrer sur son coeur de métier, les processeurs. En effet, à la différence d’Intel qui cherche à tout prix à se diversifier dans tous les domaines de l’informatique, le texan souhaite plutôt ne s’intéresser qu’au domaine des composants centraux comme les processeurs ou les mémoires.

Et dans ce domaine, AMD pourrait bien en remontrer à Intel. Ses puces dévoilées dans quelques jours s’annoncent comme particulièrement rapides, tout en étant proposées à des prix très agressifs. L’Athlon actuel avait déjà démontré ses qualités. Les prochains Duron devraient faire franchir une nouvelle étape au fondeur. Face au géant Intel, le mouvement offensif sera encore plus évident à la fin de l’année avec l’arrivée tant attendue d’AMD sur le marché des serveurs multiprocesseurs. Le chipset 760, destiné à gérer plusieurs Athlon sur une même carte mère, devrait marquer un tournant important dans l’histoire d’AMD, jusque là connu principalement pour ses processeurs destinés aux particuliers. Avec le support multiprocesseur dans un premier temps puis l’arrivée du processeur 64 bits Sledgehammer, la réponse à l’Itanium d’Intel, dans un second, AMD devrait enfin s’offrir une image crédible auprès des prescripteurs d’entreprises et ainsi s’ouvrir un marché gigantesque, pour l’instant « trusté » par Intel.

Néanmoins avant d’arriver à réellement basculer les fondements de la suprématie d’Intel sur le marché PC, AMD a encore quelques problèmes à résoudre. Tout d’abord, les problèmes de production : avec seulement deux usines, AMD risque de souffrir de difficultés d’approvisionnement à court terme. Bien que des accords de production avec IBM aient été conclus, si les nouvelles gammes se vendent comme prévu, très vite, la capacité du texan à fournir ses partenaires constructeurs sera dépassée et des ruptures de stocks sont à craindre. Deuxième problème qui peut se présenter, les dates de sorties. Vu le retard accumulé dans le domaine professionnel, le temps presse pour l’éternel challenger. Sa crédibilité est en jeu et son avenir aussi, par conséquent.

Enfin dernier petit obstacle sur la route du succès pour AMD, les propres artisans de ses victoires actuelles, Jerry Sanders en tête. Malgré des qualités de gestionnaire indéniables et une vision industrielle sûre et extrêmement rationnelle, le PDG d’AMD manque de charisme d’où une communication parfois hésitante ou floue. Là où un Bill Gates et un Steve Jobs, dans une moindre mesure un Andy Grove, sont capables de vendre à l’industrie dans son intégralité des projets reposants sur beaucoup de vent et un peu de technologie, Jerry Sanders peine à se réjouir de ses succès et des infortunes de son principal concurrent. Un peu de triomphalisme ne fait jamais de mal et permettrait de changer l’image d’AMD, éternel second dans l’ombre de la firme de Santa Clara.