Antitrust : Microsoft discret sur ses prochains actes, Bruxelles crie victoire

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Selon l’éditeur, la décision de justice européenne est « décevante » et se
montre peu disert sur ses intentions.

La prudence dans la réaction est de rigueur chez Microsoft à la suite de la publication de l’arrêt du tribunal de première instance des communautés européennes qui est survenue lundi matin.

Alors que l’éditeur a vu sa condamnation en grande partie confirmée, il n’a pas indiqué « à chaud » s’il comptait émettre un pourvoi. Rappelons qu’un éventuel recours devant la Cour de justice des Communautés européennes serait limité aux questions de droit. Microsoft dispose d’un délai de deux mois après notification.

Lundi après-midi, à l’occasion d’une déclaration à la presse qui a été webcastée en direct (Vnunet.fr n’a assisté qu’au début en raison de coupures incessantes du flux mais il est possible de ré-écouter l’intervention en différé), Brad Smith, en qualité de senior vice president et principal responsable juridique de Microsoft, a reconnu d’emblée que la décision du tribunal était « décevante » pour l’éditeur.

‘Etudier cette décision de manière minutieuse »

Dans la déclaration officielle publiée sur le site Internet de Microsoft, le porte-parole indique qu’il y a dans ce dossier « des problèmes éminemment complexes et des sujets importants » et a souligné « l’objectivité » et le « travail assidu » qui émane de la décision.

« Il est clair qu’il est important qu’une firme comme la nôtre doit se soumettre aux obligations liées au droit européen. Nous allons étudier cette décision de manière minutieuse. Et si il y a des étapes supplémentaires à franchir afin de se soumettre au cadre légal, nous le ferons », a déclaré Brad Smith.

A cette occasion, Microsoft rappelle les efforts consentis pour se montrer moins arrogant. Les relations avec certains concurrents d’antan se sont apaisées. « Nous cherchons à être ouvert et transparent. Et nous cherchons à renforcer nos liens avec le reste de l’industrie », poursuit Brad Smith. « 

Le responsable juridique de Microsoft poursuit. « En effet, il est de notoriété publique que nous avons signé récemment de nouveaux accords avec Sun Microsystems, et que, la semaine précédente, nous avons annoncé un nouveau partenariat avec Novell. Deux sociétés qui se trouvaient de l’autre côté au début de l’action antitrust visant Microsoft en Europe il y a presque neuf ans. « 

A la demande des journalistes sur place qui ont interrogé Brad Smith lors de la session des questions-réponses sur la possibilité d’émettre un recours, le responsable juridique numéro un de Microsoft est resté laconique. « Je ne veux pas parler de ce qu’il adviendra en termes de procédure légale. »

Une victoire au « goût amer »

Du côté de la Commission européenne, c’est presque le chant de la victoire, qui garde tout un « goût amer » au regard de ce que « Microsoft a infligé aux consommateurs ».

« La cour a confirmé que Microsoft ne peut pas réguler le marché en imposant ses produits et ses services », a indiqué Neelie Kroes, commissaire en charge de la concurrence, lors d’une conférence de presse.

« [Cette décision] a confirmé l’importance de l’interopérabilité au nom du choix des consommateurs et de l’innovation dans l’industrie high-tech « , a précisé le réprésentante de l’organe exécutif de l’Union européenne.

Condamné à utiliser ce logiciel propriétaire

Encore plus pragmatique, UFC-Que Choisir se « réjouit » de la décision de justice européenne. « On peut également s’interroger sur son efficacité » , tempère aussitôt l’association française de défense des consommateurs. « En effet, les média numériques en libre accès (TF1, France Télévisions, iTélévision, Radio France, etc.) sont en grande majorité au format du lecteur de Microsoft. »

Même si la Commission européenne a demandé à Microsoft de mettre à disposition une version de son système d’exploitation sans Windows Media Player, « le consommateur qui veut accéder à ces contenus est condamné à utiliser ce logiciel propriétaire », constate UFC-Que Choisir.

Le lobby pro-consommateur souligne également « la situation préoccupante » sur le marché des fichiers audio et vidéo payants « où les fichiers sont verrouillés par un DRM ».


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