AOL baisse ses tarifs et porte plainte

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AOL a finalement décidé de réagir face aux nouveaux tarifs des forfaits ADSL de Wanadoo. Une réaction à deux niveaux. A l’ajustement des tarifs et au lancement d’une nouvelle offre 1 024 Kbits/s s’ajoute une plainte auprès du Conseil de la concurrence pour tarifs prédateurs.

Dix jours après la nouvelle offre tarifaire de Wanadoo sur les forfaits ADSL (voir édition du 12 décembre 2003) et l’avant-veille de Noël, AOL s’est finalement décidé à adapter ses offres haut débit dont les tarifs n’avaient pratiquement pas évolué depuis leur lancement en 2001. A partir du 30 janvier 2004, le 512 Kbits/s passe de 45 euros (44,99 exactement) à 35 euros. Mais la véritable innovation tient dans le lancement d’un nouveau forfait : le 1 024 Kbits/s. Il est proposé à 28 euros dans les zones dégroupées et 45 euros sur le réseau France Télécom. Le 128 Kbits/s lui ne bouge pas à 30 euros par mois. Paradoxe du dégroupage qui permet d’offrir le très haut débit à un prix inférieur à l’ADSL d’entrée de gamme. De plus, l’offre n’est pas soumise à engagement de durée. Seuls des frais de fermeture de l’accès seront facturés 96 euros moins une réduction de 3 euros par mois d’abonnement. Enfin, quel que soit le forfait, les nouveaux abonnés bénéficieront d’une offre à 20 euros les trois premiers mois (pour toute souscription avant le 30 mars 2004). Les anciens abonnés ne sont pas oubliés et bénéficieront également des nouvelles conditions. Voilà qui devrait redorer l’image un peu passée du FAI beaucoup plus attentiste depuis les déboires de son forfait illimité.

Après s’être affiché dans le peloton de tête des fournisseurs d’accès les plus onéreux (avec Wanadoo notamment) sur l’offre haut débit, AOL devient l’un des plus avantageux. Surtout sur le 1 024 Kbits/s qui, en zones dégroupées, vient titiller les 30 euros du forfait Free (qui a validé, il est vrai, son débit à 2 Mbits/s, voir édition du 5 décembre 2003) et flirte avec les 25 euros du forfait de 9Télécom (à condition de souscrire à la présélection). AOL a fait appel à Cegetel comme opérateur alternatif sur les zones dégroupées. Selon le FAI, ce réseau indépendant de France Télécom pour l’ADSL touche 50 % de la population française.

La faute à France Télécom

Comme chez Club-Internet ou La Poste (voir édition du 2 décembre 2003), l’unité nationale des tarifs vole en éclats, générant ainsi une fracture numérique entre les bénéficiaires du dégroupage et les autres. La faute à l’opérateur historique, selon Stéphane Treppoz. « France Télécom a malheureusement été autorisé à maintenir des prix plus élevés pour son offre de gros ADSL, dans les zones où il n’est pas soumis à la concurrence de la part des opérateurs qui investissent dans le dégroupage », déclare le président d’AOL France. « Nous interpellons les pouvoirs publics sur l’urgence d’agir contre cette situation afin de pouvoir proposer le même tarif partout en France, grâce à la mise en oeuvre d’une véritable concurrence au plan national. »

Une attitude optimiste dans la mesure où, par la voix de l’Autorité de régulation des télécoms (ART), les pouvoirs publics ont validé les nouveaux tarifs de revente en gros de l’ADSL de France Télécom. Pire, le gouvernement avait même décidé de ne pas suivre la recommandation de l’ART d’attendre la mi-février pour autoriser l’application des nouveaux tarifs afin de permettre aux concurrents de s’organiser. « France Télécom voit ses baisses de prix de gros sur l’ADSL entérinées par le gouvernement le jeudi soir et Wanadoo sort des publicités pour ses offres de détails dès le vendredi matin, ce n’est pas normal », remarque Stéphane Treppoz au Figaro (23 décembre 2003).

Retrait des forfaits Wanadoo

Le dirigeant s’apprête cependant à porter plainte auprès du Conseil de la concurrence. Il accuse notamment Wanadoo de pratiquer des prix prédateurs, autrement dit des services appliqués à des tarifs inférieurs à leur coût de revient. « En clair, j’estime que Wanadoo commercialise l’ADSL à perte dans certains endroits », déclare Stéphane Treppoz, toujours au Figaro. La filiale Internet de France Télécom avait d’ailleurs été condamnée à 10 millions d’euros d’amende par la Commission européenne à l’été 2003 pour une attitude prédatrice sur les tarifs de l’ADSL en 2001 et 2002. Par sa plainte, Stéphane Treppoz espère la suspension des nouvelles offres haut débit de Wanadoo sur le 512 et 1 024, notamment dans les zones non dégroupées. AOL revendique 33 millions d’abonnés dans le monde dont 1,4 million en France, tous forfaits confondus.