AOL entrebâille la porte de son AIM

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Conformément à ce qu’il avait indiqué, AOL vient d’ouvrir sa messagerie instantanée AIM à la solution d’un concurrent. Une première certes, mais très décevante : l’élu est la messagerie instantanée de Lotus (IBM), une solution absente du grand public. MSN et Yahoo pestent.

« Ah oui, mais nous, on ne savait pas. » C’est en quelque sorte la réponse d’AOL face aux critiques qui lui reprochent d’avoir ouvert sa messagerie instantanée à une solution professionnelle et non pas grand public comme on aurait pu s’y attendre. Le géant de l’accès Internet a en effet annoncé mardi 14 août qu’il rendait compatible sa messagerie instantanée AIM (AOL instant messager) avec celle de Lotus, la filiale d’IBM. Or la solution de Lotus, si elle est déployée en entreprises, est pratiquement absente des ordinateurs du grand public, le marché des messageries étant très largement dominé par AOL, Microsoft et Yahoo (d’après Jupiter Media Metrix, en juillet, AIM totalisait 27,3 millions d’utilisateurs contre 20 millions pour MSN Messenger, 13,5 pour Yahoo et 7,5 pour ICQ qui appartient aussi à AOL). Fin juillet, on apprenait la nouvelle : AOL allait ouvrir sa messagerie à un concurrent pour tester l’interopérabilité d’AIM (voir édition du 24 juillet 2001). L’annonce laissait augurer une grande première pour l’américain qui défend farouchement son AIM contre les autres applications tentant de communiquer avec lui.

AOL et Lotus vont utiliser un standard de messagerie mis au point par l’IETF (Internet engineering task force) et baptisé Simple, acronyme de « Session initiation protocol for instant messaging and presence leveraging« ). Il permettra aux utilisateurs de Sametime de Lotus (voir édition du 17 novembre 1998 et du voir édition du 7 mai 1999) de communiquer directement avec les utilisateurs d’AIM. Le choix ne paraît pas un hasard, sachant que l’outil a été développé par une société qui appartenait à… AOL. D’ailleurs, les deux logiciels bénéficiaient déjà d’une certaine interopérabilité, qui demandait tout de même d’installer les deux clients. En fait, l’ouverture d’AIM a été imposée en douceur à AOL par les autorités américaines lors de sa fusion avec Time Warner. Sans la rendre obligatoire, la Federal Communications Commission avait néanmoins requis qu’AOL lui fournisse tous les trois mois un rapport sur l’avancement de l’interopérabilité d’AIM (voir édition du 15 janvier 2001).

Pas d’interopérabilité pour le grand public

L’annonce de cette petite ouverture d’AIM déçoit les concurrents sans les surprendre. Ainsi un porte-parole de Yahoo, cité par Reuters, déclarait : « Nous sommes heureux qu’AOL ait fait un petit pas en direction de l’interopérabilité mais tant qu’ils ne feront rien de plus sérieux (…) cela n’aura pas vraiment d’impact sur le grand public. » De son côté, un porte-parole d’AOL répondant aux critiques s’est justifié sur le choix de Lotus. « Que nous soyons sur le segment des entreprises ou du grand public n’a pas grande importance pour nous. Nous nous sommes rapprochés de celui qui nous apportait le plus en termes d’expertise technologique dans la messagerie et quelqu’un avec qui nous avions déjà une longue relation », a-t-il expliqué. Ce qui n’a pas convaincu le directeur de MSN (Microsoft Network), Bob Vise, qui estime qu’« en ce qui concerne les messageries instantanées, Lotus est clairement un acteur pour les entreprises qui ne fait rien pour les consommateurs, il n’existe aucun déploiement [de sa solution] en dehors des sociétés. » Interrogé par eWeek, il ajoutait : « Si AOL était vraiment intéressé par l’interopérabilité, ils auraient choisi un autre concurrent avec lequel travailler. Cette annonce n’a rien à voir avec une avancée de l’interopérabilité pour le grand public. »