Apple abandonne le G4 Cube

Mobilité

Apple vient de prendre une décision que certains de ses clients prendront comme une faute de goût : le Power Mac G4 Cube, aux résultats de ventes décevants, disparaît de la gamme du constructeur californien. Retour à la case départ : la grille marketing de la firme est à nouveau formée de quatre cases.

Fallait-il couler le Cube ? Le « Superordinateur » qui occupe le volume de deux briques de lait, présenté par Apple en juillet 2000 (voir édition du 19 juillet 2000), n’a jamais atteint les niveaux de vente espérés par la firme, trois fois supérieurs aux chiffres réels. En septembre dernier, Apple n’avait vendu qu’un peu plus de 107 000 de ces machines, contribuant ainsi à un manque à gagner de 90 millions de dollars (675 millions de francs). Depuis, les niveaux de ventes ne sont jamais remontés (voir édition du 29 septembre 2000). Cet échec ne s’explique pas seulement par la série de fautes de goût de la firme de Cupertino tout au long de la vie de ce produit : faute de goût concernant le niveau de prix demandé, faute de goût concernant la communication sur les problèmes rencontrés par le produit, faute de goût en raison du peu de réactivité d’Apple face au manque d’engouement rencontré (voir édition du 22 février 2001). Non, le Cube a également été introduit à un très mauvais moment : un ralentissement de consommation dans l’industrie informatique qui amène à comparer cette machine à la sortie du Concorde. Un superbe appareil, certes, mais qui coûtait beaucoup trop cher à l’heure d’une attitude conservatrice des clients (induite par le choc pétrolier pour ce qui est du Concorde). Le PowerMac G4 Cube subit donc le contrecoup du même syndrome. Apple n’a pas d’autre solution que de le retirer du marché.

Des utilisateurs globalement satisfaits

Annoncée par la rumeur (voir édition du 21 juin 2001) et les sous-traitants depuis le début de l’année, cette disparition était logique par la simple analyse des résultats de la machine. Pourtant malgré une critique très médiatisée qui a porté sur les lignes de moulage de la coque (voir édition du 22 septembre 2001), prises pour des éraflures, sur les interférences électriques du bouton d’alimentation ou le déboîtement d’une carte interne, les utilisateurs de cette machine sont globalement satisfaits de ce petit G4 en cube. « Les propriétaires de Cube adorent leur Cube, mais la plupart des utilisateurs ont décidé d’acheter notre ordinateur plus puissant, la mini-tour PowerMac G4 à la place », tente de relativiser Phil Schiller, le responsable du marketing produit mondial. Apple indique qu’il existe une petite chance qu’elle réintroduise cette machine à l’avenir, mais qu’aucun plan n’a été prévu pour le moment. Aucune indication n’a été fournie quant à l’assistance technique pour les machines vendues, mais l’habitude de la firme est de soutenir ses clients même si un produit a été arrêté.

La problématique marketing qui a entouré ce produit, positionné comme un iMac « modulaire » haut de gamme, était difficile a soutenir, en raison des limites de ladite modularité du produit : si le choix de l’écran utilisé était possible, les extensions internes à la machine s’avéraient restreintes. Aux niveaux de prix demandés par Apple, la raison voulait que ses clients se décident, au choix, pour l’iMac – moins puissant, mais moins cher – ou pour le PowerMac G4 mini-tour, doté de place pour des extensions et proposé dans des gammes de prix et à des niveaux de puissance similaires au petit Cube. La disparition de ce produit si près de MacWorld New York, qui, avec la session de San Francisco, est l’un des deux événements les plus importants du cycle économique d’Apple, pourrait aussi être un indice du dévoilement d’un produit capable de rivaliser avec le Cube… Celui-ci, au moins dans l’esprit, n’est pas vraiment mort.