Apple, IBM et Sony : le nouveau trio de l’informatique ?

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La troïka de l’informatique Apple-IBM-Motorola a disparu depuis le milieu des années 90. Mais une nouvelle pourrait être sur le point d’éclore, qui verrait l’introduction de Sony aux dépens de Motorola. L’initiateur du « Go, Create » a dévoilé qu’il avait déjà rencontré l’instigateur du « Think Different », tandis que les représentants commerciaux de Big Blue affirment qu’Apple et Sony se sont raccrochés à son offre de processeurs.

Du PowerPC partout (voir édition du 10 octobre 2002) ! C’est ce que prédisent les ingénieurs de chez IBM et évidemment plus encore ses représentants. Le plan de développement et de production de Big Blue fait la part belle à un élargissement rapide de leur gamme de puces 64 bits PowerPC. Déjà présents dans les serveurs d’IBM, les gros processeurs POWER devraient se décliner ainsi : POWER 4 et 4+ en 2003, POWER 5 et 5+ à partir de 2004. Chacun de ces gros processeurs destinés aux marchés des serveurs à haut niveau de fiabilité devrait être décliné en une version pour petits serveurs ou gros ordinateurs : le PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002) est toujours prévu pour le troisième trimestre 2003, tandis que le PowerPC 980 devrait apparaître courant 2004. Le secret de polichinelle consistait dans l’utilisation par Apple de ces versions de processeurs. Il semble avoir été levé par les représentants d’IBM, qui ne paraissent pas avoir été informés qu’Apple ne désirait pas communiquer sur cette information. Si au CeBit de Hanovre aucune information n’a filtré, l’un d’entre eux a souligné que le constructeur de Mac disposait déjà de ces puces dans ses laboratoires, allant même jusqu’à préciser que l’unité de calcul AltiVec avait été implantée sur la puce pour les besoins de la firme. Un représentant de Big Blue, interrogé plus avant par un aficionado de Mac lors d’une conférence de présentation de la stratégie processeurs d’IBM, aurait même affirmé que l’unité vectorielle aurait été ajoutée parce que le système d’Apple était « intensément graphique ». IBM ne semble pas s’orienter vers une utilisation d’AltiVec, même si certaines versions de Linux, dont Red Hat, sont optimisées pour utiliser le moteur vectoriel. Aucune optimisation spécifique des interfaces graphiques ou des applications Linux n’a pourtant été développée pour l’instant. IBM et Apple devraient se partager dans un premier temps les volumes produits de ce PowerPC : Big Blue entend vendre des serveurs lames, avec une première version du processeur dont la fréquence maximale a été fixée à 1,8 GHz. Mais une mise à jour à 2,5 GHz serait prévue fin 2003 ou début 2004, avant l’introduction du PPC 980 qui prendrait alors le relais de la première puce.

Quid de Motorola ?

Et Motorola dans tout cela ? Le fondeur de G4, qui fait partie des initiateurs du PowerPC avec Apple et IBM, se prépare bien à investir 400 millions de dollars dans son activité processeurs. Mais le retard pris (voir édition du 27 août 2001) ne semble pas devoir le remettre en selle avant quelques années. Surtout, la voie de développement prise ne semble pas devoir inciter Apple à continuer à coller aux processeurs de la firme aux ailes d’argent. Il y a bien un G4 RM dans le plan de développement de Motorola, mais Apple l’intègrera-t-elle dans ses futurs Mac, si elle fait le saut vers le 64 bits ? La question reste posée. Le trio Apple-IBM-Motorola (AIM) ne semble donc pas devoir se redresser de sitôt. Mais un autre partenariat pourrait se voir constitué : AIS, ou Apple et IBM travailleraient conjointement avec Sony. Une pure supputation pour le moment, mais les synergies sont telles qu’elle commence à être évoquée de ci, de là. D’abord en raison de l’interview en trois parties accordée par le PDG de Sony à nos confrères d’Alwayson. Noboyuki Idei n’y cache pas que lui et Steve Jobs se sont déjà rencontrés en janvier, mars et juin 2002. Certes, la collaboration est difficile. Cauchemardesque même, en raison du caractère très fort du PDG d’Apple. Mais le PDG de Sony pense qu’elle ne serait pas impossible si Jobs travaillait avec Ken Kutagari, le responsable de la division ordinateurs de sa firme.

Mais là où les relations entre les différentes sociétés pourraient prendre sens, c’est lorsqu’on sait que la PlayStation 3 en cours de développement dans les laboratoires du japonais est destinée à devenir le hub numérique de ses utilisateurs. Mieux encore, la confirmation, bien qu’officieuse, selon laquelle Sony s’est fixée sur des processeurs PowerPC est également venue d’IBM. La puce fournie à Sony pourrait bien être un travail à façon de Big Blue, dans le cadre de ses nouveaux services de conception de processeurs. Elle serait « bi-core », c’est-à-dire composée de deux unités de calcul sur le même processeur, et l’une des deux serait affectée aux traitements graphiques. Dans le même temps, IBM intégrerait une fonction de partage du calcul (dite « Grid ») et de traitement parallèle entre PlayStations raccordées à Internet, dans l’optique de jeux en réseau. Apple dispose également d’une marque déposée appelée « Xgrid », dont il y a fort à parier qu’elle pourrait permettre l’utilisation de ladite fonction. Autant dire qu’Apple, IBM et maintenant Sony se rapprochent singulièrement sur la plate-forme PowerPC.