Apple, Motorola, IBM : quel avenir pour le PowerPC ?

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La profusion actuelle de rumeurs et d’informations sur le triumvirat du PowerPC apporte son lot hebdomadaire de nouvelles sur l’évolution de la recherche et du développement du processeur. Apple semble inquiète de l’immobilisme de Motorola. Les bruits d’un rapprochement avec IBM parcourent l’Internet. Une révision de la stratégie de partenariats serait à l’étude.

Les relations entre les acteurs de la plate-forme PowerPC sont-elles en train d’arriver en bout de course ? La Dream Team Apple-IBM-Motorola formée aux débuts des années 90 pour faire passer la plate-forme Macintosh – mais aussi les serveurs d’IBM et les équipements de communication de Motorola – sur des processeurs RISC semble fatiguée. A en croire les multiples bruits de couloirs et autres informations contradictoires, il semble bien en effet que les relations entre la Pomme et Motorola sont plus que tendues. Objet de la bisbille ? Difficile à dire. Mais il pourrait s’agir pour Motorola de se dégager des fortes contraintes de calendrier qui seraient imposées par Apple, et pour cette dernière d’imposer la possibilité de passer à un autre fournisseur de processeurs, plus réactif. Le combat secret que se livrent les industriels, s’il s’avère, reposerait sur les énormes difficultés de mise au point rencontrées par Motorola dans la montée en fréquence de ses processeurs et plus particulièrement les G4, que la firme devait avoir fait passer à 1 GHz pour le mois d’août 2001 et qui n’ont finalement pas encore franchi cette barre symbolique. Et il s’agit d’un problème technique et marketing majeur pour d’Apple.

Selon Macosrumors, qui cite des sources proches de Motorola, la firme aurait fait parvenir le PowerPC 7450 à 933 MHz et 1 GHz, mais un problème concernant la mémoire cache apparaîtrait quand la puce dépasse les 900 MHz ! Le fondeur aurait décidé de ne pas réparer cette erreur, arguant du fait que la sortie du modèle 7460 était trop proche pour justifier le coût d’une telle réparation. Fureur d’Apple et de son président, qui fut obligé de changer la présentation des nouveaux PowerMac G4 lors du dernier MacWorld. Les machines tournaient finalement à 733, 867 et bi-800 MHz, alors qu’un modèle à 1 GHz était prévu pour l’été et que les serveurs devaient se voir pourvus de la puce à 933 MHz ! La répétition des problèmes techniques du fondeur (voir édition du 25 janvier 2001) s’avère être un véritable risque industriel pour Apple. La ligne « risques et incertitudes » du rapport trimestriel de la société repose pour un tiers sur des risques liés à la disponibilité, au prix, aux performances, à la comparaison avec la concurrence et à l’unicité d’approvisionnement d’Apple pour ce qui est de ses processeurs. Le marché d’Apple repose en ce moment sur beaucoup d’incertitudes : la disponibilité des processeurs de Motorola est une pièce un peu trop centrale du puzzle…

Motorola très critique et en phase de désengagement

De son côté, Motorola serait très critique à l’égard d’Apple, qui lui imposerait un rythme de développement infernal. La pression sur les ingénieurs serait devenue telle chez Motorola que certains d’entre eux seraient déjà partis chez Intel et AMD, quand d’autres auraient rejoint les rangs d’Apple. La firme ne trouverait plus d’argument pour justifier de renouveler ses investissements dans cette division, dont elle a annoncé qu’elle se séparerait au bout d’une période de temps encore indéterminée, à l’annonce de ses derniers résultats (voir édition du 27 août 2001).

L’avenir repose désormais sur l’attitude de Motorola : la firme va-t-elle poursuivre ses activités avec Apple ? Si ce n’était pas le cas, il se murmure pour le moment que les relations entre Apple et IBM seraient en train de se renforcer sérieusement. On évoque la possibilité pour Big Blue de racheter les actifs de Motorola dans sa technologie AltiVec et de l’introduire dans ses propres développements. La firme entend déjà ajouter aux processeurs G3 les instructions multimédias de type AltiVec (voir édition du 16 octobre 2001). Mais on murmure également qu’Apple elle-même pourrait racheter les droits sur l’ensemble des technologies PowerPC. La firme aurait jusqu’à juillet 2002 pour se décider. Reste qu’on voit mal Apple s’engager plus avant dans ce qu’elle ne considère pas comme son coeur de métier.

Quand le G5 joue l’Arlésienne

Au-delà se pose également le problème du G5. Les rumeurs veulent, au choix, que Motorola serait en train de mettre les bouchées doubles pour livrer les premiers processeurs opérationnels pour début décembre, ou bien aurait modifié ses plans et annoncerait qu’elle lève le pied sur les futurs développements sur cette puce. Il ne serait déjà plus question de passer à la gravure à 0,10 micron ! La Pomme disposerait encore d’autres possibilités déjà évoquées (voir édition du 1er décembre 2000), comme de sous-traiter la fabrication des futurs développements du G5, auprès d’IBM, d’AMD ou de Taiwan Semiconductor. Elle aurait fait des appels d’offres en ce sens. L’avenir du PowerPC semble semé d’embûches…