Apple préserve son bas de laine

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La Pomme a finalement fait un petit profit sur son 3ème trimestre fiscal, mais ses performances déçoivent. Les ventes au Japon et en Europe sont en berne quand celles aux USA stagnent. De nombreux facteurs semblent influer sur les résultats de la firme, en dehors de la situation économique. Le prochain trimestre risque d’être du même acabit, selon le directeur financier de la firme qui n’a toujours pas entamé son trésor de guerre maintenu à 4,3 milliards de dollars.

Avec 1,43 milliard de dollars (1,42 milliard d’euros) de ventes, Apple dépasse juste sa prévision du 18 juin dernier, lancée à l’occasion de son avertissement pour résultats, et se permet un bénéfice de 32 millions de dollars (31,7 millions d’euros). Ce qui fait dire à Steve Jobs dans un communiqué :l « Même dans cette atmosphère de ralentissement économique mondial, Apple continue de dégager des bénéfices et d’innover. Nous travaillons dur pour séduire de nouveaux clients via notre campagne ‘Du PC au Mac’ et nos 31 magasins Apple, et nous continuons de proposer de nombreux produits innovants dont certains seront dévoilés demain à MacWorld New York. » Pour Fred Anderson, le directeur financier d’Apple (voir édition du 29 août 2000), l’efficacité opérationnelle d’Apple a été excellente. Mais derrière cet optimisme de façade, les difficultés rencontrées par Apple en raison du ralentissement économique sont perceptibles : la firme n’a livré que 808 000 Mac ce trimestre, l’un de ses plus forts de l’année, celui où Apple connaît habituellement des poussées de ventes dues aux achats dans le secteur de l’éducation et à la fête des pères. Segment par segment, le ralentissement semble toucher de nombreuses gammes de la firme qui se dit déçue notamment par ses gammes professionnelles de PowerBook et de PowerMac, confrontées à un ralentissement de la demande. Le renouvellement des machines par les professionnels est montré du doigt, mais aussi le défaut d’impulsion du lancement de Photoshop 7 d’Adobe, dont les dirigeants d’Apple attendaient beaucoup et qui n’a pour le moment pas eu l’effet escompté. Anderson pense du coup que deux briques manquent pour pousser les professionnels vers Mac OS X : Jaguar, une version annoncée comme « complète » du système, et peut-être également le logiciel de l’éditeur Quark, Xpress. Mais bien qu’il ne l’ait pas évoqué, le problème est sans doute également lié au défaut de valeur perçue par ses clients sur les machines professionnelles, dont les performances ne dépassent plus aussi largement qu’auparavant celles de la concurrence.

L’innovation matérielle ne suffit plus…

Toutes les grandes régions sont touchées par le ralentissement rencontré par Apple : le Japon avec 20 % de chute des ventes, l’Europe avec 16 % et les USA avec 2 %. Et l’iMac G4 à écran plat, même s’il a donné une formidable impulsion à la société en début d’année, a vu ses ventes s’essouffler par la suite. Une grosse déception pour Apple qui pensait pouvoir s’appuyer plus sur cette machine. Au total, l’iMac, le PowerBook et le PowerMac contribuent à hauteur de 80 % pour le résultat décevant de ce trimestre, la demande s’étant ralentie en mai. Mais de nombreux autres facteurs entrent en jeu, comme le chevauchement des offres des différentes gammes : les eMac, iMac et PowerMac sont-ils bien positionnés les uns par rapport aux autres ? De même, l’iBook ne cannibalise-t-il pas une partie des ventes du PowerBook ? Enfin, les différentes machines, si elles offrent généralement un bon rapport qualité/prix à leur introduction, voient le cycle de vie de leur prix s’allonger alors que les coûts de composants baissent de près de 0,5 % par semaine. Par réaction, Apple se doit trop souvent de soutenir ses produits par des promotions, dont on peut se demander si elles valorisent véritablement ses produits. Cupertino va sans doute devoir mettre un peu d’ordre dans tout cela. La firme a annoncé prévoir un quatrième trimestre plat. Un signe que l’innovation matérielle seule ne suffit plus à la rendre performante, mais qu’elle va devoir innover aussi sur ses tarifs, son système d’exploitation et sa communication, pour ne pas dépendre uniquement de ses aficionados, et également accroître la part des switchers, anciens utilisateurs de PC passés au Mac. Un tour de force qui prendra sans doute encore un peu de temps, compte tenu du climat économique morose. Mais le constructeur californien ne s’en fait pas trop : son bas de laine est préservé à 4,3 milliards de dollars (4,26 milliards d’euros). De quoi tenir encore quelque temps sans crier famine?