Apple réclame son exclusivité sur les codecs vidéo de Sorenson

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Le portage des outils de Macromedia sur Mac OS X est prêt d’être bouclé : la firme a lâché sur le marché une suite destinée aux créatifs, Studio MX. Réunissant les applications Dreamweaver, Coldfusion, Flash et Fireworks, tous en version MX, ainsi que de Freehand 10, elle permet de couvrir le spectre complet des développements Internet, jusqu’aux applications interactives. Mais un des codecs vidéo, développé par Sorenson, fait réagir Apple qui pensait en avoir l’exclusivité…

Sorenson est attendue par Apple devant la justice, selon une dépêche de Bloomberg nbsp;nbsp;: le développeur de technologies de codage et de décodage vidéo aurait fourni à Macromedia un outil similaire à celui qu’il a également fourni à Apple pour sa technologie de lecteur vidéo interactif, Quicktime. Le produit que les deux firmes partageraient, Squeeze, est présenté de manière similaire, qu’il soit utilisé par Flash ou QuickTime, sur le site de Sorenson. Apple indique qu’elle a payé la somme de 4,5 millions de dollars (5 millions d’euros) pour disposer de l’exclusivité du logiciel de codage développé par Sorenson. Macromedia aurait intégré dans Flash MX un codec semblable à celui dont Apple a les droits exclusifs, qui interdisent à Sorenson de « développer, commercialiser ou licencier » quelque version que ce soit du logiciel utilisé dans Quicktime. Une précaution contractuelle prise par Apple, qui doit lui donner un avantage concurrentiel dans la prochaine guerre des lecteurs vidéo qui s’ouvre actuellement nbsp;nbsp;: la guerre de l’interactivité et des contenus numériques riches (voir édition du 25 avril 2002) ! En disposant d’un codec performant permettant de mettre à disposition des internautes des contenus vidéo occupant peu de bande passante et de bonne qualité, Apple entend couper l’herbe sous le pied de ses principaux rivaux pour ce qui est de l’amélioration des contenus. Que Flash dispose du même codec et voilà l’avantage concurrentiel recherché par la Pomme qui tombe à l’eau. Un problème d’autant plus aigu que la firme de Cupertino n’a pas pu encore dévoiler son nouveau lecteur Quicktime 6 en raison des conditions de versement de redevances impliqué par l’utilisation du format Mpeg4 (voir édition du 26 février 2002)nbsp;! Bref, Apple comptait mettre des barrières à l’entrée très élevées pour sa concurrence, tant dans le domaine des lecteurs multimédias que des contenus interactifs.

Du coup, la sortie de la suite Studio MX de Macromedia sur Mac OS X, qui doit être disponible en mai, se fait moins dans la joie nbsp;nbsp;! Studio MX voit réunis les logiciels Dreamweaver MX, Coldfusion MX, Fireworks MX, Freehand 10 et Flash MX. Sur l’ensemble, seul Coldfusion ne tourne pas encore sous Mac OS nbsp;nbsp;X, mais certaines de ses fonctionnalités sont intégrées dans Dreamweaver. Macromedia a donc réalisé en presque un an la transition vers X (voir édition du 17 janvier 2001). Studio MX doit fournir à ses utilisateurs une expérience d’emploi intégrée, grâce à une interface d’utilisation commune, l’intégration des produits et un flux de travail permettant d’accélérer la productivité de développements, selon Macromedia. Elle intègre la gestion de la couleur, des outils de dessins, d’édition de code et des gestionnaires permettant de faire passer les développements d’une application à l’autre. La suite sort en même temps sur Windows XP, et intègre les deux dernières mises à jour de la série MX : Dreamweaver MX et Fireworks MX. L’ensemble doit sortir en anglais en mai, et dans 9 autres langues à une « date ultérieure ». Ces versions localisées comprendront le chinois, le Français, l’Allemand, l’Italien, le Coréen, le Japonais, le Portugais, l’Espagnol et le Suédois. Le coeur de la suite reste Flash MX, qui bénéficie d’une licence du même type que celle d’Apple, annoncée le 4 mars dernier. Flash intègre les fonctionnalités nécessaires pour permettre la diffusion et la visualisation de vidéo sur Internet ainsi que ses habituelles fonctions d’interactivité. Deux points sur lesquels Apple entendait bien disposer d’un avantage économique.

Négociations « coup de poing » « Sorenson a intentionnellement rompu l’avantage économique dont Apple s’attendait à profiter de ses droits exclusifs fournis par son accord », a indiqué la firme à la Pomme. Le vice-président des ventes et de la commercialisation de Sorenson, Ed McGarr ne partage pas ce point de vue nbsp;nbsp;: selon lui, les logiciels de compression utilisés dans le lecteur Flash et dans QuickTime sont différents. « Ils sont similaires dans le fait que tous les deux sont des technologies de compression. Mais il s’agit de codecs très différents. Pour simplifier les choses, celui que nous avons fait avec Macromedia est basé sur les standards de la vidéo-conférence. Celui que nous avons fait pour Apple est un codec propriétaire qui offre le plus haut niveau de qualité fourni par n’importe quel codec actuellement sur le marché », a-t-il indiqué à nos confrères de MacCentral. Et de faire passer un message de raison nbsp;nbsp;: « en fait, nous aimons vraiment Apple, ils ont été un partenaire phénoménal. Ils nous ont donné des opportunités formidables, et nous leur en avons fourni de semblables en faisant de QuickTime la meilleure architecture vidéo du marché. Nous pensons pouvoir régler nos désaccords à l’amiable et continuer notre superbe relation de travail. C’est notre volonté, et nous pensons qu’Apple le veut également ». Reste que quand on jette un coup d’oeil à la technologie Squeeze de Sorenson sur son site, on ne voit pas de différence majeure entre son utilisation sous Flash et sous QuickTime ! La Pomme a la fâcheuse habitude de tirer sans sommation, quand elle se sent flouée. Elle et Sorenson ne se seraient pas rencontrés pour régler le problème à l’amiable, avant de porter l’affaire devant la justice. Une pratique généralement commune dans les affaires où les sociétés préfèrent chercher un accord avant de se retrouver devant les tribunaux. La bordée tirée par Apple contre Sorenson est sans doute destinée à marquer le coup tout autant qu’à empêcher l’accès de Macromedia aux technologies d’un partenaire avec lequel Apple travaille depuis les débuts de QuickTime !