Apple se réserve une option sur les DVD+R

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A chaque nouvelle technologie sa guerre des standards : entre DVD-R et DVD+R, les constructeurs se doivent de choisir le format qui s’imposera dans l’avenir. Sur Mac, Apple semble jouer la carte de la prudence en conservant le support des DVD-R, tout en gardant une option sur le format concurrent.

L’information peut paraître anodine mais elle cache une nouvelle bataille des standards : Apple a intégré dans son dernier iMac 17 pouces (voir édition du 7 février 2003) un lecteur optique fabriqué par Sony, le DW-U10A, baptisé DRU-500A auprès du grand public (il existe aussi en version externe DRX-500UL). Le choix de ce modèle n’est pas neutre : d’abord, ce lecteur permet à Apple de diversifier son approvisionnement qui privilégiait auparavant Pioneer. Ce faisant, la firme peut faire jouer la concurrence sur les prix. Mais surtout, une caractéristique particulière du lecteur Sony le rend aussi plus polyvalent : c’est l’un des premiers capables de lire les formats des deux camps concurrents sur l’évolution du format des DVD. On trouve en effet le DVD Forum (212 sociétés dont AOL-Time Warner, Iomega, IBM et Apple) et la DVD+RW Alliance (quelque 50 membres dont Dell, Yamaha, Sony et Microsoft). Le premier soutient les formats ?R et ?RW, tandis que le second met en avant les +R et +RW. Prévoyant, Sony joue sur les deux tableaux. Seul hic : la Pomme n’a pas jugé nécessaire de fournir au lecteur la compatibilité avec les formats DVD+R et +RW de l’Alliance ! Pour l’instant, en standard, l’iMac 17 pouces n’est donc toujours pas compatible avec un format que Microsoft tente actuellement de pousser en l’incorporant dans ses versions à venir de Windows. Reste que Sony ne se veut ni juge, ni arbitre (voir édition du 22 novembre 2001). L’adoption de son lecteur optique par Apple a pourtant soulevé une interrogation sur la future direction prise par la firme. « C’est une approche raisonnable. Ça ne leur coûte pas beaucoup plus de supporter les deux formats et je suis sûr qu’ils ont obtenu un bon prix de Sony (sur le prix des lecteurs) et compétitif avec les lecteurs ?R et ?RW. C’est un choix habile de la part d’Apple », a ainsi déclaré Ken Weilerstein, du Gartner Group, à nos confrères de Mac Observer. La question se limite surtout à des montants de royalties (voir édition du 3 juillet 2001). Reste à savoir où va Apple ?

Cette adoption est pour l’instant l’arbre qui cache la forêt : en effet, le parc installé de lecteurs de DVD de salon est majoritairement composé d’appareils compatibles ?R et ?RW. Les formats du DVD Forum étaient en effet plus répandus aux alentours des années 2000/2001 (voir édition du 17 novembre 2000), au moment où Apple a introduit son SuperDrive, (lecteur/graveur de CD/DVD). Aujourd’hui, seuls les appareils récents sont compatibles dans des proportions relativement similaires aux deux formats ?RW et +RW. Ainsi autour de 85 % des lecteurs de DVD de salon acceptent les ?R et +R, alors qu’environ 70 % sont compatibles ?RW et +RW. Seule différence, mais de poids : la différence de prix des disques réinscriptibles, de l’ordre de 50 %, qui rend les DVD-RW plus abordables pour le moment. Mais même dans ce domaine, les différences s’atténuent. L’enjeu principal concerne donc l’adoption dans les lecteurs de DVD de salon d’un format plutôt que de l’autre : l’enjeu des parts de marché acquises emportera au final la décision d’Apple d’introduire le +R et le +RW.

Un choix sensé

Mais pour l’heure, la question reste accessoire car même si la DVD+RW Alliance fait des pieds et des mains pour défendre sa solution (ce groupe d’intérêts réunit à lui seul une plus grosse part de marché), il y a fort à parier que les deux formats vont cohabiter pendant quelque temps. Dès lors, pour Apple, il s’agit essentiellement d’une question de calendrier, même si un futur revirement lui coûtera aussi en support de clientèle. L’essentiel sera surtout de synchroniser une éventuelle mise en compatibilité de ses machines avec le format en passe de dominer le marché. Pour cette raison, le choix de lecteurs polyvalents s’avère sensé. Au final, seul le consommateur final profitera vraiment de cette guerre des formats : elle devrait faire baisser fortement les prix tant des graveurs d’ordinateurs que des lecteurs de salons. Qui doit gagner ? Peu importe : sur le papier les deux formats ont des performances équivalentes. Reste que si vainqueur il y a, il vaudrait mieux pour Apple que ses Mac soient compatibles !