Apple veut s’attaquer au marché des entreprises

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Serveurs inconsistants, logiciels manquants à la pelle, services professionnels déficients, manque d’intérêt des ingénieurs… Mais comment Apple compte-t-elle s’immiscer dans le monde de l’entreprise ? Le serpent de mer des stratégies de retour en grâce de la firme refait surface. Les responsables de la Pomme ne s’en cachent plus, à l’instar de Pascal Cagni.

Après les jeux, les entreprises ? La Pomme est-elle en train de faire converger ses efforts pour s’y introduire à nouveau ? Un point sur les obstacles à abattre s’avère nécessaire. Les quatre piliers de la conquête des entreprises pour les constructeurs informatiques ? Du matériel « de guerre » d’abord ! Des serveurs aux alimentations redondantes, aux disques abondants, plus de mémoire, plus de processeurs, moins de place… Du hot swappable, du rack, du SCSI, du SAN, du RAID et compagnie ! Dans ce domaine, Apple a besoin du passage du célèbre Monsieur Plus ! Ses PowerMac G4, bien que de bonnes stations, ne font pas le poids. En revanche, ses capacités d’innovation et ses choix technologiques (comme l’utilisation de l’architecture RISC) pourraient lui permettre de proposer des offres matérielles non dénuées d’intérêt. Second pilier, la présence de progiciels (Oracle, PeopleSoft, SAP, BEA, Sage?), de l’ERP, des bases de données industrielles, des logiciels de gestion. De quoi faire sauter la banque, ou plutôt lui permettre de proposer ses services en ligne sans sourciller. Pour le moment, même si ces applications tournent sous Unix, aucune d’elles n’a été portée sous X. Troisième nécessité : faire de l’e-business, façon IBM. Du service informatique ! Disposer de services professionnels destinés à faciliter l’intégration de solutions Apple dans les entreprises. Dans ce domaine, la firme dispose d’un département monté pour réaliser le support des entreprises : les iServices (voir édition du 10 septembre 2001), un embryon de services aux entreprises apparus dans une bonne partie des pays européens depuis quelques mois. Enfin, dernier pilier de l’entrée d’un constructeur comme Apple dans les entreprises : l’évangélisation de personnels connaissant ses systèmes et son matériel. Des ingénieurs frais émoulus des écoles. Si Apple n’a pas porté la bonne parole dans les écoles d’ingénieurs pendant un temps, ce n’est plus le cas. Apple Europe s’est engagée dans une évangélisation des élèves ingénieurs et parcourt le continent pour montrer aux jeunes têtes chercheuses les qualités du nouveau système ainsi que les outils de développement qui vont avec. Voilà de quoi entrer dans l’entreprise. Et pas seulement dans les secteurs traditionnels de la firme, mais aussi dans les grandes firmes, secteurs industriels compris.

Le hub numérique applicable à l’entreprise

Alors ? Il manque encore une stratégie d’action, une vision. Une interview de notre confrère le Journal du Net (JDNet) vient éclairer d’un jour nouveau la voie que pourrait prendre la firme. Cet éclairage sort de la bouche même du patron de la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique, Pascal Cagni (voir édition du 20 octobre 2000). Selon lui, le hub numérique est applicable à l’entreprise. Pourquoi ? Parce que les entreprises vont vouloir, comme les particuliers, profiter à plein des technologies de numérisation. L’audio, la vidéo, les images et l’Internet, voire l’ensemble mélangé dans un sens ou dans l’autre. Pour Apple, la maîtrise de technologies matérielles et logicielles devrait lui permettre de réaliser des propositions solides aux entreprises. FireWire, Airport, et pourquoi pas FireWire sur Airport (voir édition du 4 janvier 2002), le seul système Unix avec interface utilisateur simple, Java à tous les étages, QuickTime enraciné profondément dans le système, des services réseau permettant au Mac de s’intégrer facilement dans n’importe quel environnement, des services de traitement du son sans temps de latence… La liste ne s’arrête pas là, mais cet éventail permet déjà de percevoir tout l’intérêt d’utiliser des solutions Apple, qui ne manqueront pas d’évoluer encore. Et Pascal Cagni n’est pas le seul responsable Apple à souligner que sa firme passe à l’attaque : à MacWorld aussi les responsables des relations avec les développeurs soulignaient que le gouvernement américain suivait avec attention l’évolution du système. La raison ? Mac OS X est ouvert et facile d’utilisation ! Basé sur FreeBSD, il s’agit d’un des systèmes les moins propriétaires du marché disposant d’une logithèque intéressante et des développeurs qui vont avec. UNIX attire ceux-ci (voir édition du 16 janvier 2002 ?). Voilà sans doute le maître mot. Il autorise l’homogénéité du système d’information et l’ouverture des standards, deux critères de choix pour les grandes organisations. En attendant, le système d’Apple sera encore évalué par les directeurs des systèmes d’information. Mais le jeu en vaut bien la chandelle?