Aqua, l’apparence au détriment de l’usage ?

Cloud

Avec l’interface Aqua s’est levé un débat vieux comme le monde : Apple privilégie-t-elle la forme sur le fond ? Tous ceux qui se sont essayés à Mac OS X vous le diront : l’écran, les icônes et les effets ressemblent à des bonbons, des sucres d’orge ou de la guimauve ! Mais la nouvelle apparence fait-elle perdre l’idée de fonctionnalité propre aux icônes du Mac ?

A peine Mac OS X lancé, et vous voilà au pays de Hansel et Gretel ! Les images, les icônes, les fenêtres, les barres de progression, la Pomme, le Dock et même le disque dur font penser à des dragées, des morceaux de sucre, de la gelée de mûre, du ruban de guimauve, du pain d’épice, du sucre d’orge, des bonbons gélifiés ou des fraises Tagada ! Pour les plus gourmands, la possibilité de modifier la taille des icônes sur le bureau ou dans le Dock les poussera même à avoir les yeux plus gros que le ventre ! Reste que cette transformation de l’iconographie d’Apple a fait surgir un débat vieux comme le monde : la firme a-t-elle privilégié la forme sur le fond ? Les allers-retours d’Apple dans ce domaine datent du lancement du projet de chambardement de son OS. Les premières critiques envers Apple au moment de Rhapsody, la dénomination initiale de son projet de système d’exploitation du futur, portaient plutôt sur la trop grande similitude de l’environnement proposé avec celui de NextStep ou d’OpenStep. On en trouvera un exemple dans la première version du serveur Mac OS X, avant que celle-ci ne prenne la même dénomination que la version standard. La présentation d’Aqua à MacWorld San Francisco en janvier 2000 a fait émerger un camp conservateur et un camp progressiste. Les débats n’ont pas manqué quant à la pertinence des choix faits par la firme. Mais après le lancement de la version commerciale initiale en mars dernier, ce sont surtout les performances qui ont été montrées du doigt.

Maintenant que la version Puma du système est sortie (voir édition du 26 septembre 2001), la question des performances paraît réglée pour la plupart des utilisateurs, les critiques reprennent leur travail de sape sur l’interface, à l’occasion de l’étape de transition dans laquelle la communauté Apple s’est engagée et qu’on pourrait appeler « l’Aquaïfication ». Il s’agit de la phase d’adoption du système par les grands éditeurs et de la présentation de leurs produits modifiés et améliorés pour Mac OS X. La page de présentation du système sur le site d’Apple est pleine de ces nouvelles applications et est mise à jour presque quotidiennement en ce moment, à l’occasion de l’annonce ou du lancement d’un nouveau programme. L' »Aquaïfication » passe entre autres par l’utilisation des fonctionnalités propres au nouveau système, permettant notamment de disposer de services avancés que les développeurs n’ont plus à réinventer. Mais pas seulement : le travail sur l’image s’avère essentiel. Avec Mac OS X, la qualité de l’image est telle qu’un éditeur qui n’aurait pas travaillé son iconographie pourrait tout simplement être délaissé par les utilisateurs, tellement l’effet « sucre d’orge » est important ! D’où la question que posent à nouveau les utilisateurs et certains esthètes sur les forums de discussion : a-t-on privilégié la forme sur le fond ? Des programmes disposant de belles icônes mais n’apportant pas grand-chose aux utilisateurs ne vont-ils pas masquer de bonnes applications dont le design n’aurait pas été travaillé ?

La symbolique du pictogramme

La question est d’autant plus importante qu’on en revient aux bases de la philosophie d’utilisation du design par le monde Apple. Pour paraphraser Marcel Dassaut à propos de ses avions de combat, « un beau produit est un bon produit ». Et il est bon et beau parce que tout a été pensé. Dans Mac OS X, on pourra prendre l’exemple de Toast Titanium, dont l’icône et l’apparence de l’interface font penser qu’il est simple de graver un CD avec le logiciel. Et de fait, le premier visuel remarqué, c’est l’icône. Rien que le travail des icônes est important : à titre d’exemple, celles de la suite Office v.X de Microsoft changent par rapport à la version 2001, en adoptant des formes rondes et liquides mais en perdant le message visuel donné par l’utilisation de lettres dans la version précédente. Office 2001 adoptait un « W » en casse haute et basse pour Word (idée du traitement de texte), un « X » composé de slashes et d’anti-slashes synonymes d’équation mathématique pour Excel, un « P » entouré de diapositives pour PowerPoint (l’application de présentation) et un « E » en forme d’enveloppe pour Entourage (le client de mails) ! Simple mais efficace ! Le changement de pictogramme est sujet à débat sur un forum de MacNN. Va-t-on retrouver le même type de message dans les icônes que proposeront les éditeurs d’applications ? Ou se dirige-t-on vers une symbolique vidée de sa substance ?