ARCEP – Emplois télécoms en berne : « C’est pratique de mettre cela sur le seul dos de Free Mobile »

Régulations

Lors d’une audition parlementaire, le président de l’ARCEP était attendu sur le bilan de l’arrivée de Free Mobile. La question de l’emploi dans les télécoms étant la plus sensible.

Free Mobile : « Solde net d’emplois supprimés : un millier »

Lors de son audition devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, le président de l’ARCEP a estimé qu’il était « normal » d’avoir quatre opérateurs « fixe-mobile » en France.

« Comme dans tous les pays d’Europe comparables à la France. »

Il rappelle qu’une quatrième licence mobile était « dans l’air » depuis dix ans. Et qu’aucun acteur n’a saisi cette opportunité à part Free qui s’est montré tenace.

« Si les opérateurs avaient pensé entre 2006 et 2008 à passer un accord de full MVNO avec Free, c’est à dire lui donner la possibilité de passer par leurs  réseaux, Free n’aurait peut-être pas fait son réseau. Cela relève de choix stratégiques qu’ils ont fait en bloquant l’arrivée des full MVNO (…) Les full MVNO, cela existe depuis cinq ans dans d’autres pays ».

En France, seul Virgin Mobile a vraiment pris ce chemin du full MVNO.  A nos actes manqués ?

Interrogé sur l’impact de Free Mobile sur le marché des télécoms, Jean-Ludovic Silicani nuance son propos.

Existait-il une étude au préalable sur les conséquences de l’arrivée d’un quatrième opérateur ?

Au cours de son audition, le président de l’ARCEP a mentionné une étude de la Direction du Trésor datant de 2008 à ce sujet pour préparer la décision du gouvernement de l’époque liée à l’attribution de cette quatrième licence.

« Je suis doublement mal outillé pour y répondre (…) J’ai effectué des recherches au moment où j’ai pris mes fonctions [période mai-juin 2009]. Il m’a été indiqué qu’il existait une étude à la direction du Trésor et donné préalablement au ministre de l’Industrie Luc Chatel. »

Parmi les conséquences ex-post de l’arrivée de Free Mobile, la situation de l’emploi est scrutée.

Jean-Ludovic Silicani précise que des critères liés à l’emploi étaient intégrés dans l’attribution de la quatrième licence mobile « peut-être insuffisamment pondérés mais cela existait« .

Il prend des précautions et assure qu’il s’est contenté de reprendre « des données d’analystes financiers et économiques ».

« Les suppressions d’emplois qui pourraient résulter de l’arrivée de Free peuvent être évaluées entre 5000 et 10 000 en chiffres bruts. »

Maintenant, on connaît avec plus de précisions les intentions des opérateurs dans la nouvelle configuration du marché : Bouygues Telecom élabore un plan de départs volontaires portant sur 566 postes.

Tandis que, du côté de SFR, on parle d’un millier « d’incitations au départ ». Ce qui reste à confirmer par l’opérateur en question.

Tandis qu’Orange a fait savoir qu’il comptait ajuster son effectif en prenant en compte « l’évolution naturelle des départs à la retraite ».

De son côté, les nouvelles activités de Free Mobile ont permis de créer 2000 emplois, « notamment dans deux centres d’appels en région parisienne ».

« Et, en termes de prévisions, il existe des bassins d’emplois significatifs qui seront créés d’ici la fin de l’année. »

Pour le cas des emplois indirects, le représentant de l’Autorité de régulation des télécoms reconnaît qu’il est « difficile d’apprécier en fonction des pratiques des opérateurs« .

Par exemple, pour les cas des centres d’appels, on évoque 1500 postes qui pourrait être touchés potentiellement.

Mais ce type de prestataires en sous-traitance ont des profils de clients émanant de secteurs d’activité divers (télécoms, consommation, services financiers…).

« Il y a des baisses tendancielles dans le secteur des télécoms, indépendamment de l’arrivée de Free », commente Jean-Ludovic Silicani.

« Et il est assez pratique de mettre entièrement sur le dos de l’arrivée du quatrième opérateur l’ensemble des suppressions d’emplois qui se font structurellement dans l’industrie des télécoms. »

Donc, on arrive à une estimation de 3000 emplois (direct et indirect) amenés à disparaître et 2000 emplois créés par Free.

« A ce jour, on arriverait donc à un solde net de près de 1000 emplois supprimés. »

(Lire la fin de l’article page 3): Tour d’échauffement  à l’occasion des Assises du très haut débit

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