Arnaud Bermingham (Iliad Datacenter) : « Nous ouvrirons un ‘data center bunker’ dans Paris début 2014 »

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Interview du responsable de la division Datacenter du groupe Iliad (Free). La branche spécialisée dans la location d’espaces informatiques pour les entreprises tient à afficher sa différence d’approche dans son domaine de prédilection.

Innovation, flexibilité, tarifs abordables…Avec Iliad Datacenter, le groupe de Xavier Niel réplique les ingrédients qui ont fait le succès de Free et Free Mobile auprès du grand public.

Mais associé au monde des centres de données et des entreprises.

Depuis la fin de l’année 2009, Iliad exploite une branche dédiée à la location d’espaces informatiques pour compte de tiers (une activité complémentaire des services d’hébergement Online.net).

Son parc de data centers s’étend tout en conservant une certaine proximité géographique : après « l’historique » DC2, un deuxième centre de données DC3 a ouvert ses portes en septembre à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Arnaud Bermingham, Responsable Hébergement du groupe Iliad-Free, aborde le prochain chantier qui démarre début 2013 : DC4 en plein coeur de Paris qui réserve bien des surprises.

Signe particulier de notre interlocuteur : il tient à se démarquer des « règles de l’art » dans la conception des centres de données et brise quelques idées reçues sur les présumées vertus du cloud.

Interview réalisée à l’occasion du salon Cloud-IT Expo (23-25 octobre 2012, Paris Expo Porte de Versailles) et relue par la société.

ITespresso.fr : Où en êtes-vous dans le déploiement de data centers ?

Arnaud Bermingham : En octobre dernier, nous avons lancé le data center Paris DC 3 à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) après un peu plus de 10 mois de travaux. Ce data center représente 11 800 mètres carré à destination des acteurs du Web, des pure players et des grandes entreprises. Nous le commercialisons par data centers privatifs de 250 mètres carré.

Par rapport au data center Paris DC2 (un ancien bâtiment des NMPP – Presstalis rénové), il ne s’agit pas d’une extension. Il s’agit d’un véritable campus technologique de trois hectares à quelques kilomètres de Paris .

Nous avions ouvert le site au grand public à l’occasion des Journées du Patrimoine [15-16 septembre, ndlr], juste avant l’inauguration officielle. Nous avons accueilli plus de 1800 visiteurs sur deux jours. C’était une première mondiale et une expérience riche d’enseignements pour nos collaborateurs.

ITespresso.fr : Quelle est la particularité du nouveau centre de données DC3 ?

Arnaud Bermingham : Nous l’avons conçu en grand campus, innovant et en privilégiant notre savoir-faire interne : nous avons tout fait intégralement, sans passer par des bureaux d’études externes.

Les « règles de l’art » sont un vrai frein à l’innovation dans notre métier, un prétexte pour faire la même chose que les autres. Les sociétés dans le monde du BTP, de l’immobilier et de l’industrie ne veulent pas prendre le risque de concevoir des infrastructures originales, allant au-delà des critères habituels et focalisées sur l’efficience énergétique et la haute disponibilité.

Nous voulions vraiment revoir les fondamentaux de notre métier pour faire un data center différent et répondant de manière pragmatique aux besoins de nos clients.

Nos ingénieurs ont focalisé leurs efforts dans la réduction de notre facture énergétique (notre principal poste de dépense, 70% des coûts), tout en gardant l’organisation et l’urbanisation traditionnelle des data centers.

Nous avons réalisé une quarantaine d’innovations, par exemple, nous n’utilisons pas de climatisation jusqu’à 17°C à l’extérieur et nos onduleurs utilisent la technologie ESS permettant de ne faire fonctionner l’électronique de puissance des onduleurs qu’en cas de coupure d’électricité.

ITespresso.fr : L’ouverture de Paris DC 3, c’est pour répondre à la demande de vos clients actuels ou pour étendre votre clientèle ?

Arnaud Bermingham : Le data center Paris DC2 est rempli depuis quelques temps. Il fallait trouver une solution pour répondre à la demande toujours croissante de notre clientèle.

Mais, il existe des raisons plus spécifiques liées au cloud computing : les besoins sont de plus en plus importants, avec des densités électriques et des caractéristiques techniques vraiment différentes. Le marché raisonne davantage sur des tranches d’espaces de comprises entre 200 et 400 mètres carré  et des puissances électriques entre 200 et 600 kW.

Nos data centers existants ne pouvaient pas répondre à ce type de besoins de manière optimale. Du coup, nous avons créé DC3 pour répondre à ces problématiques spécifiques du cloud.

D’ailleurs, cette nouvelle génération de services change radicalement notre métier depuis quelques années, à l’opposé des discours ambiants sur le cloud : depuis l’essor du cloud computing et avec dix ans de recul dans l’activité d’hébergement, nous n’avons jamais autant consommé autant d’électricité et hébergé autant de serveurs dans nos data centers.

Les discours marketing insistent sur la dimension « green IT » et la rationalisation des infrastructures (« moins de serveurs », « baisse des coûts d’électricité »…). De mon point de vue data center, ce n’est pour l’instant pas du tout une réalité.

ITespresso.fr : Vous avez également acquis un bunker dans le coeur de Paris. Pour quelle exploitation ?

Arnaud Bermingham : Nous avons effectivement racheté le bâtiment du laboratoire des Ponts-et-Chaussées, situé boulevard Lefebvre à Paris (XVème arrondissement), qui comprend un abri anti-atomique à 27 mètres sous terre.

Nous allons commencer les travaux du futur DC 4 en début d’année 2013. Il offrira 8000 mètres carré de salles machines en plein coeur de Paris avec un niveau de sécurité très élevé.

Nous pensons que nous allons devancer les changements réglementaires en cours, à savoir la généralisation des plan de reprise et continuité d’activité pour divers acteurs sectoriels comme la bancassurance.

Nous voulons être en mesure de proposer des tarifs très attractifs dans Paris intra-muros et répondre à des besoins d’infrastructures critiques, de sauvegarde et de PRA et à ceux des grands opérateurs télécoms dont la proximité géographique avec les coeurs de réseau est indispensable.

Ce nouveau data center sera opérationnel début 2014.

ITespresso.fr : Que pensez-vous du « cloud souverain » (Cloudwatt, Numergy) chez Iliad Datacenter ?

Arnaud Bermingham : Nous estimons qu’il n’est pas nécessaire que le contribuable soit mis à contribution pour faire émerger en France un vrai acteur du cloud computing et de l’hébergement. Aujourd’hui, nous tenons à notre indépendance.

(Credit photo : Shutterstock.com – Copyright : Sashkin)

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