Assurance : Allianz voit des objets connectés partout

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Forum Digital Business AT Kearney: Allianz prend ses repères dans l’univers des objets connectés. Une stratégie vitale car les modèles bougent, selon le directeur France du groupe d’assurance.

Allianz et les objets connectés, c’est déjà une longue histoire d’amour.

En juin, l’assureur lançait en partenariat avec TomTom un boîtier qui, associé à une application mobile, permet aux assurés d’Allianz d’analyser leur comportement sur la route mais aussi d’alerter automatiquement les services d’urgence.

En décembre, Allianz offrait un détecteur de fumée de Nest (filiale de Google) aux 2500 premiers clients souscrivant un contrat d’assurance habitation.

Le 24 avril, la société d’assurances mettra en ligne une version Apple Watch de son application Mon Allianz mobile.

Montre connectée au poignet, des assurés pourront être prévenus de leurs remboursements de santé, suivre l’avancement de leur indemnisation suite à une déclaration de sinistre, consulter les gestes à suivre en cas d’urgence et localiser les professionnels de santé partenaires. En attendant peut-être de relever la fréquence cardiaque ou la pression artérielle ?

Ce n’est qu’un début. Intervenant ce 14 avril au Digital Business Forum du cabinet AT Kearney, Jacques Richier, le directeur d’Allianz France, a exposé sa stratégie en matière d’objets connectés et de big data.

Un enjeu d’importance puisqu’il remet en cause le business model même des sociétés d’assurance. L’assurance repose sur le principe de mutualisation. Tous les assurés paient la même cotisation quelle que soit la probabilité de risques qu’ils représentent à titre personnel.

Avec la multiplication des bracelets d’auto-mesure, de boîtiers embarqués dans les voitures ou de capteurs domestiques se dessine la possibilité de contrats à la carte.

« Le big data pose la question de l’individualisation des pratiques tarifaires. L’assureur n’est plus l’actuaire du XXème siècle. »

Si le numérique offre de nouveaux enjeux business pour les sociétés d’assurance quand il s’agit de couvrir un capital immatériel ou informationnel c’est donc un changement de modèle radical.

« En tant qu’assureur, nous avons l’habitude d’assurer des matériels assurables en dur, une maison, une voiture. Là, on passe de plus en plus de la propriété à l’usage. Comment un assureur de stocks devient un assureur de flux ? »

Avec cette réflexion permanente : « Est-ce que nous comprenons comment évoluent les attentes nos assurés ? Et la crainte que d’autres acteurs se mettent entre nous et les clients. » Sous-entendu gare aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon).

Avec le numérique, Allianz doit changer de vision

Jacques Richier avoue qu’il y a eu un débat en interne pour savoir si Allianz devait lui-même fabriquer des objets connectés, comme des bracelets d’auto-mesure, ou de passer par le marché.

« A titre personnel, je suis favorable à construire une écosystème. »

Dans les prochains mois, Allianz nouera de nouveaux partenariats avec des spécialistes de l’Internet des objets autour de quatre thèmes : le véhicule, la maison, la santé et la ville, tous connectés comme il se doit.

L’assureur d’origine allemande s’est lancé dans une course de vitesse en multipliant les hackathons et en ouvrant un accélérateur de start-up Allianz au Stade Allianz Riviera de Nice.

Enfin, cette transformation numérique n’est pas non plus sans impact sur son organisation en interne.

Historiquement structuré par lignes de métiers ou par fonctions, Allianz doit de se centrer sur les usages et les parcours clients. Tout en faisant adhérer les 11 000 collaborateurs en France.

« L’enjeu social n’est plus sur la productivité comme par le passé mais sur la qualité du service et la relation client, estime Jacques Richier. Il faut savoir aller vite tout en prenant son temps pour certaines fonctions. » Un exercice d’équilibriste.

Assurance et Internet des objets : un challenge ouvert

Car, la concurrence ne reste pas inactive. Dans son Lab’ de Nanterre, BNP Paribas Cardif expérimente de nouveaux usages au service de la prévention des assurés en essayant lunettes connectées, box domotique ou scanner 3D.

En janvier dernier au congrès Web2Business, Amélie Oudéa-Castéra, directrice marketing, service et digital chez Axa France, indiquait que l’assureur français était en négociation avancée avec plusieurs fabricants d’objets connectés dont MyFox, Withings, Philips et Orange pour équiper nos domiciles de caméras de surveillance et autres détecteurs d’intrusion.

Objectif d’Axa : devenir incontournable en assemblant sous forme de « hub », ces différents objets connectés. Une application mobile devant les piloter à partir d’une interface unique.

Mais les assureurs ne sont pas les seuls à prétendre à fédérer cet écosystème.

Présente à la même table ronde du Digital Business Forum d’AT Kearney, Pascaline de Dreuzy, fondatrice d’une start-up évoluant dans la société connectée (Institut Autonomie & Technologie), estime que d’autres acteurs peuvent agir comme tiers de confiance comme les sociétés de gardiennage et de sécurité ou les opérateurs de téléphonie mobile.

Autre profil d’acteur susceptible de faire bouger les lignes dans la banque mais aussi l’assurance. Le groupe Orange n’a jamais caché ses ambitions dans le MtoM. Avec l’ère de l’Internet des objets, le groupe télécoms escompte un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros en 2020.

(Crédit photo : Allianz)

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