Astradec : cette PME française qui fait son crowdlending en Belgique

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La PME française Astradec (traitement des déchets) a choisi la plate-forme belge Look&Fin pour emprunter 500 000 euros auprès de particuliers.

Parallèlement à une augmentation de capital de 2 millions d’euros réalisée auprès du fonds CAP3RI qui associe la Région Hauts-de-France, le Crédit Agricole, Groupama et la Banque européenne d’investissement, Astradec a choisi la voie du crowdlending.

La PME française spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets a opté pour la plate-forme belge Look&Fin, sur laquelle elle a levé un peu plus de 500 000 euros.

Il aura fallu, dans le cadre de cette campagne menée fin mars, moins de 24 heures pour collecter la somme recherchée. Il faut dire que Look&Fin avait activé en amont ses réseaux de prêteurs ; exclusivement des particuliers, mais qui disposent tous d’une « culture financière ».

La plate-forme fondée en 2012 mise sur cette expertise, à laquelle elle assortit, pour les emprunteurs, plusieurs critères de maturité : les entreprises candidates doivent, en l’occurrence, avoir déposé au minimum trois exercices comptables et afficher un C.A. annuel d’au moins 600 000 euros.

C’est le cas d’Astradec, qui perpétue une entreprise familiale lancée à la fin des années 80 par les frères Emmanuel et Éric Bée (actuel P-DG) autour des prestations de vidanges et de fosses septiques. Son activité se décline aujourd’hui en six pôles principaux : assainissement et nettoyage industriel, valorisation de biomasse, collecte d’ordures ménagères, déshydratation des boues, valorisation des déchets industriels banals, traitement des ferrailles et métaux.

Des créances de droit français

Cette diversification, qui a porté à 16 millions d’euros le chiffre d’affaires consolidé pour l’année 2016 (contre 13 millions d’euros en 2015, pour un résultat net de 354 000 euros, selon les données de Société.com), s’est opérée pour partie grâce à des démarches de croissance externe telles que l’acquisition d’une déchetterie ou d’une carrière pour le traitement des produits inertes.

La levée de fonds réalisée sur Look&Fin alimentera cette stratégie. On soulignera qu’elle n’est pas réalisée directement par la PME, mais par une holding de droit belge – EB Finances – présentée comme sa maison mère.

Pour les prêteurs, le remboursement s’échelonnera sur 48 mois, avec un taux d’intérêt brut (hors fiscalité et prélèvements à la source) de 7 %. Soit un peu moins que la moyenne pondérée qu’annonce la plate-forme : 7,94 %, pour un peu plus de 16 millions d’euros prêtés sur quelque 90 campagnes et, au dernier pointage, 5,1 millions remboursés aux investisseurs.

Les titres de créance accordés à ces derniers sont de droit français. Ils prennent la forme de minibons cessibles aussi bien en France qu’en Belgique.

Cette dimension transfrontalière, Look&Fin souhaitait l’explorer dans son expansion européenne. Mais avec les obstacles en manière d’harmonisation à l’échelle communautaire, le discours est aujourd’hui plus mesuré : il est question de renforcer l’ancrage en France et de prendre position aux Pays-Bas, notamment par la proximité linguistique à la Belgique.

Annonçant un taux de défaut de 0,74 % après cinq années d’exercice, la plate-forme vise les 30 millions d’euros de collectes en 2017. Elle a elle aussi levé dernièrement des fonds : 3 millions d’euros en décembre 2016 auprès de family offices et d’entrepreneurs français et belges.

En Belgique, son activité consiste, conformément aux dispositions de la loi du 18 décembre 2016 organisant la reconnaissance et l’encadrement du crowdfunding (texte entré en vigueur le 1er février 2017), en la fourniture de « services de financement alternatif ». En attendant l’agrément de la FMSA (équivalent de notre Autorité des marchés financiers), un régime transitoire lui permet de poursuivre son fonctionnement.


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