AT&T compte brider l’accès à Internet

Mobilité

Les décodeurs Internet ne donneront pas accès à la totalité du Web. Ainsi en ont décidé AT&T et Microsoft. Une limitation volontaire qui leur permettra d’augmenter sensiblement leurs sources de revenus.

La télé interactive ne passe pas par un accès complet au Web. En tout cas, pas gratuitement. Lors du Western Cable Show, qui s’est tenu la semaine dernière à Los Angeles, AT&T a en effet indiqué son intention de proposer un système à plusieurs étages. Le service de base, qui coûte 10 dollars par mois (environ 60 francs), donnera accès à quelques magasins en ligne, à une sélection de titres d’info et de résultats sportifs, à la météo et permettra aussi d’envoyer et recevoir du courrier électronique.

Pourquoi une telle limitation ? D’abord pour conserver la simplicité d’accès au service, indique-t-on chez AT&T. Il ne faut pas oublier non plus que les décodeurs Internet ont en général bien du mal à afficher correctement le Web sur un écran de télévision qui n’a pas été conçu pour les images fixes. Du coup, les services correspondant à l’abonnement de base seront spécialement développés. Pour les autres, AT&T utilise la technologie de Microsoft à la base du système WebTV de l’éditeur de Seattle, qui reformate à la volée le contenu d’une page Web avant de l’afficher sur le téléviseur. Mais il s’agit aussi, voire surtout, d’un bon moyen pour se créer des revenus supplémentaires. D’un côté, ceux qui le désirent devront payer un abonnement supplémentaire pour obtenir un accès complet au Web. De l’autre, tous les marchands qui voudront faire partie des services de base paieront également pour faire partie de l’élite.

Depuis le temps qu’on en parle, la télévision interactive a tout de l’Arlésienne. Pourtant des millions de dollars sont toujours investis dans le domaine. Toujours lors de ce même salon de Los Angeles, Microsoft a par exemple montré un ensemble d’applications nommé « Television Pak » qui donnera la possibilité aux utilisateurs WebTV d’enregistrer des émissions de télé directement sur le disque dur de leur décodeur. De son côté, OpenTV, un des pricipaux fournisseurs de logiciels pour la télévision interactive, a annoncé le resserement de ses liens avec General Instruments, le plus gros fournisseur de matériels pour le câble aux Etats-Unis. Il faut dire que les prévisions de développement de ce marché ont de quoi aiguiser les appétits. Selon la société d’étude Jupiter Communications, ce sont près de 30 millions de foyers américains qui auront accès à ce type de services d’ici à 2004, ce qui devrait générer un flux financier de 10 milliards de dollars.