Autres Steve, autres moeurs…

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Les deux mondes de l’informatique se partagent entre deux Steve : Apple est revenue sous la coupe d’un Steve Jobs dont Steve Wozniak a dit qu’il voulait le pouvoir. Et la destinée de Microsoft est tenue d’une main de fer par un certain Steve Ballmer. Mais si le comportement de Jobs et d’Apple en général peut être considéré comme policé, celui de Ballmer et de Microsoft tend à faire lever un sourcil. Du mimétisme des collaborateurs d’une société…

Jeter un oeil sur les comportements des dirigeants de sociétés telles qu’Apple et Microsoft a cela d’intéressant qu’on en retire beaucoup sur l’image de l’entreprise qu’ils véhiculent. Etrange comparaison toutefois : les PDG des deux firmes proposant les deux systèmes d’exploitation les plus utilisés par le grand public sont des Steve. Steve Jobs, californien, la quarantaine bien tassée et Steve Ballmer, de Detroit, 45 ans cette année. Mais si on parle beaucoup de Jobs, Ballmer est quelque peu éclipsé par son prédécesseur, Bill Gates. Et pour cause : Ballmer est entré à Microsoft en 1980 et a été nommé PDG en 2000.

Ainsi d’Apple : Steve Jobs a souvent été présenté comme lunatique. Le cofondateur de la firme Steve (Stephen) Wozniak a même pu avancer qu’il était avide de pouvoir. Des légendes invérifiables courent sur son compte, comme celle qui veut qu’il serait capable de virer un collaborateur pendant un trajet en ascenseur. L’année dernière, lors d’un rendez-vous avec des journalistes qui ne se passait pas bien en raison d’un problème technique que tentait de régler un technicien Apple, Steve Jobs a précisé à une question qui lui était posée que le technicien en question ne serait pas viré, mais que si cela s’était produit à MacWorld, cela aurait été le cas. A MacWorld New York 2001 justement, un appareil photo n’avait apparemment pas été rechargé pour la présentation. Jobs a fini par le lancer de colère à un de ses bras droits pour qu’il règle le problème. Sa présentation de Mac OS X s’en est trouvée écourtée. L’impatience de Jobs au moment où les choses doivent se passer le mieux au monde est inversement proportionnelle à sa patience pour cacher les plus grandes innovations de la firme au public.

Steve Ballmer, un style très personnel

Chez Microsoft, Steve Ballmer répond à un autre type : l’apprenti despote. La firme de Redmond ne cache plus depuis quelques mois ses efforts pour jouer des coudes et écarter définitivement ses concurrents de la scène mondiale (voir édition du 14 août 2001). Un comportement que Ballmer n’a pas initié, mais qu’il perpétue. Les derniers incidents témoignent d’une volonté flagrante de ne pas coopérer avec les autres industriels (voir édition du 17 août 2001). L’attitude du principal dirigeant est-il un indice d’une quelconque volonté de suprématie ou en tout cas d’une soif de pouvoir inextinguible ? Impossible à dire, mais devant les employés de Microsoft rassemblés, Steve Ballmer s’est récemment livré à une danse dont on peut se demander si elle est digne du PDG de la firme informatique la plus puissante du monde, et qui s’apparentait à une incantation pour le pouvoir (voir télégramme du 13 août 2001). Et de demander à ses employés de se lever et de se dévouer à lui ! Pour remettre toutefois les choses en contexte, notons que cet homme dans la force de l’âge s’adresse à des collaborateurs dont la moyenne d’âge frise les 25 ans ! Reste qu’entre ces deux firmes, un fossé sépare les comportements des dirigeants : une résolution froide chez Apple, une soif d’endoctrinement chez Microsoft ? Autres Steve, autres moeurs…