Awabot : comment Bruno Bonnell fait sa « robolution » par la téléprésence

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Innorobo 2017 : avec la société Awabot, Bruno Bonnell (Infogrames, Robopolis…) creuse le sillon des robots de téléprésence.

Bruno Bonnell, père fondateur du salon Innorobo devenu une référence dans l’univers de la robotique, était attendu mardi 16 mai aux Docks de Paris pour la première journée de l’édition 2017.

Mais il s’est contenté de faire acte de « téléprésence » depuis la région lyonnaise, où La République en marche ! l’a investi candidat pour les législatives, face notamment à Najat Vallaud-Belkacem (ex-ministre de l’Education nationale), dans la 6e circonscription du Rhône.

La plateforme robotisée utilisée pour l’occasion est distribuée par Awabot. Cette société, Bruno Bonnell l’a créée il y six ans, dans la lignée de Robopolis, sa première aventure entrepreneuriale dans la robotique (une entreprise reprise en 2006).

Dans ce domaine, il a également porté l’initiative Syrobo (Syndicat français de la robotique de service) et orchestré la mise sur pied du fonds Robolution Capital en 2014.

Téléprésence augmentée

Dans le même temps, Jérémie Koessler, diplômé de l’ESIEA (École d’ingénieurs en sciences et technologies du numérique), ancien de SAGEM Australie, avait pris les fonctions de directeur général d’Awabot.

Un peu plus d’un an après son arrivée au poste de directeur technique, l’intéressé était promu pour accompagner la mutation de l’entreprise du centre R&D vers l’entité commerciale, autour de la téléprésence pour le marché professionnel.

Awabot se développe désormais une activité dans les services, avec un objectif d’identification et de prototypage de fonctionnalités complémentaires à cette téléprésence mobile.

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Bruno Bonnell en téléprésence – Awabot

Exemple avec le prototype de robot compagnon EMOX, qui reconnaît les visages, les mouvements, les couleurs et peut traduire des émotions par la communication gestuelle et l’expression sonore.

Des relations ont été établies avec de grands groupes comme Suez, ainsi que des start-up parmi lesquelles Blue Frog Robotics (dans laquelle Bruno Bonnell a récemment investi, prenant la présidence du conseil de surveillance) et Navya (navette autonome).

Si loin et si proche

Non rentable sur son dernier exercice, mais en progression (317 000 euros de pertes, contre 858 000 euros l’année précédente, pour un chiffre d’affaires plus que doublé, à 1,366 million d’euros), Awabot réalise aujourd’hui l’essentiel de sa distribution sur la gamme Beam : 500 exemplaires vendus en Europe pour ces robots que conçoit l’américain Suitable Technologies.

beamTandis que Suez s’en sert pour effectuer du téléconseil auprès de ses clients, l’enseigne LICK (concept stores dédiés aux objets connectés) les utilise pour former ses équipes commerciales ou encore organiser des visites virtuelles en point de vente.

L’EM Lyon Business School – dont Bruno Bonnell préside le conseil d’administration – figure également au portefeuille de clients. Elle permet à des étudiants immobilisés pour différentes raisons de suivre leurs cours à distance ; tout en facilitant les réunions du personnel enseignant et dirigeant.

Dans la même région, la Foire de Lyon exploite la téléprésence pour l’accueil des visiteurs et l’animation des files d’attente. Quant à l’Institut d’hématologie et d’oncologie basé dans la même ville, il se positionne sur le lien entre les malades et leurs proches, ainsi que le suivi des patients par le personnel soignant.

On citera également Power Bright (convertisseurs électriques), qui suit sa production à distance et propose par la même occasion à ses clients de vérifier l’avancée de leurs commandes.

Robots d’intérieur

Pour l’ensemble de ces cas d’usage, la capacité de déplacement des robots de téléprésence est mise en avant. Reste que dans la pratique, la capacité de franchissement est limitée : les seuils de plus de 1,5 cm de hauteur posent problème. Awabot précise par ailleurs que « les dommages résultant d’une utilisation en extérieur ne sont pas couverts par la garantie ».

Autre défi qu’on aura pu constater dans les allées d’Innorobo : la reconnaissance vocale en environnement fréquenté.

Pour ce genre de scénario, Awabot recommande le plus onéreux de ses robots : le Beam Pro, qui embarque six micros assortis d’une technologie d’annulation de bruit.

Entre les quatre robots Beam, les différences s’expriment en termes d’autonome (jusqu’à 8 heures sur une charge), de taille d’écran (10,1 ou 17 pouces), de fonctions d’administration et d’itinérance Wi-Fi (basculement de borne en borne pour une utilisation ininterrompue).

Le ROI sur base TripAdvisor

Sur Innorobo 2017, Awabot était accompagné de l’intégrateur américain Savioke, pour lequel il assure, en Europe, la distribution exclusive du robot de livraison autonome RELAY, dévoilé l’an dernier. RELAY a trouvé place dans des hôpitaux, des restaurants, des immeubles de bureaux, des sites logistiques… et des hôtels opérés par InterContinental, Holiday Inn, Crowne Plaza ou Starwood. Dans ce secteur d’activité, Savioke a une façon particulière de calculer le retour sur investissement des projets de robotisation. Parmi ses critères, les évaluations sur les réseaux sociaux et « les étoiles sur TripAdvisor », comme l’explique Steve Cousins. Faisant référence à « la courbe de l’emploi et de la richesse, qui a suivi celle du progrès technologique », le fondateur et principal dirigeant de la société rappelle que les craintes que l’homme éprouve quant à la capacité de la machine à le remplacer « ne sont pas nouvelles ». À l’image des fournisseurs que nous avions rencontrés le mois dernier sur l’événement Pepper World de SoftBank Robotics, Savioke en est persuadé : le robot de service, plutôt que de prendre la place de l’humain, lui permettra de se concentrer sur les tâches « à valeur ajoutée ». Du point de vue de l’entreprise cliente, c’est moins évident, comme nous l’aura glissé, au détour d’un stand, un représentant de GRT Gaz qui mise sur « l’élan des jeunes » pour guider la transformation numérique.

En illustration : au centre, Steve Cousins et à droite, à l’écran, Bruno Bonnell


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