Bernard Benhamou : « La gouvernance de l’Internet va évoluer »

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Maître de conférence à Sciences Po, cet expert des technologies de l’information dresse un bilan du SMSI de Tunis.

Le Sommet mondial pour la société de l’information (SMSI) de Tunis n’est pas un coup dans l’eau. C’est le point de vue défendu par Bernard Benhamou, qui a accepté une interview de Vnunet.fr en qualité de maître de conférence pour la Société de l’Information à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po). Cet expert des technologies de l’information et de la communication a fait partie de la délégation française envoyée à Tunis pour suivre les débats sur la gouvernance de l’Internet. La principale nouveauté a été la création de l’Internet Governance Forum (voir édition du 16 novembre 2005). Mais d’autres avancées sont à prendre en compte… (Interview réalisée le 25 novembre 2005)

Vnunet.fr : Dans quelle mesure la question de la gouvernance de l’Internet a-t-elle évolué avec le SMSI ?
Bernard Benhamou : L’essentiel de l’attention a été concentré sur la création de l’Internet Governance Forum mais l’autre volet essentiel des travaux menés à Tunis a été la mise en place d’un mécanisme de coopération internationale renforcée sur la gouvernance de l’Internet. Ces deux processus seront menés parallèlement. Ainsi le forum favorisera les échanges, les débats et le partage d’information sur les grandes questions liées à la gouvernance de l’Internet, tandis que la coopération internationale se concentrera sur la gestion des infrastructures critiques de l’Internet et en particulier le partage de la gestion des noms de domaine, via le DNS. Si les avis exprimés au sein du forum n’engagent pas les Etats, la coopération renforcée aura, elle, un aspect légal et les engagera. Ils doivent en effet coopérer sur un pied d’égalité à la gestion de cette infrastructure cruciale pour leurs économies et leur souveraineté. Il est aussi à noter que les structures qui seront amenées à développer cette coopération renforcée ne seront pas forcément supervisées par les Nations unies. Il existe en effet de nombreux cas où des consortiums internationaux ont été mis en place sans avoir recours aux Nations unies, c’est par exemple le cas pour la gestion des satellites Intelsat/Eutelsat.

Sait-on actuellement quelle structure va concrétiser cet effort de coopération renforcée ?
Nous ne savons pas s’il faut faire appel à des structures existantes ou créer une structure intergouvernementale qui puisse être à la fois rapide et flexible. Cette dernière proposition est soutenue par l’Europe. Le but n’est pas pour les pays de l’Union européenne de mettre l’Internet sous la tutelle des États mais bien de faire en sorte que les infrastructures critiques de l’Internet ne soient plus gérées par un seul État.

Quelle est la prochaine étape de cette coopération renforcée ?
Au début de l’année 2006, le secrétariat général des Nations unies fera en sorte de coordonner l’action des différents partenaires pour mettre en place cette coopération renforcée. Cette action s’inscrit dans un calendrier quasiment parallèle et simultané à la création de l’Internet Governance Forum.


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