Bibliothèque numérique européenne : la France pose les premiers jalons

Mobilité

Le gouvernement s’engage à inaugurer dès cette année un premier portail grand public qui servira de fondement au projet européen.

Le gouvernement français passe de la phase de la réflexion à la concrétisation du projet de la Bibliothèque numérique européenne (Bnue). Après quatre réunions du comité de pilotage dédié depuis son installation en juillet 2005 et la sortie d’un livre blanc paru début 2006, la cadence s’accélère.

Le 8 février 2006, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication, a dressé un état des lieux à l’occasion du Conseil des ministres. L’objectif est rappelé en préambule : « La création d’une telle bibliothèque, pluriculturelle, plurilingue et représentative de l’identité européenne, offrira un point d’accès privilégié aux ressources numériques des pays de l’Union européenne, au service de tous les citoyens ». Cette bibliothèque des savoirs sera centrée sur l’imprimé dans un premier temps. L’apport français pourrait représenter 300 000 à 400 000 documents.

Mesures palpables dès cette année

Quatre actions ont été décidées pour 2006 : primo, une proportion située entre 70 et 80 % des contenus de la bibliothèque numérique Gallica (rattachée à la Bibliothèque nationale de France) sera convertie en mode texte en 2006. Le gouvernement prévoit également la mise à l’étude de procédés industriels de numérisation de masse.

Concrètement, il s’agit de transformer des imprimés numérisés initialement en mode image (des photos scannées des ouvrages) en documents sous forme de texte. Ce passage nécessite le recours à des procédés d’Optical Character Recognition (OCR) permettant d’analyser et d’extraire les différentes lettres inscrites dans une image numérique et de les traduire en un fichier utilisable par un traitement de texte (un préalable pour une bascule pratique en HTML ou XML).

Autre piste de développement: la mise en place d’une « structure public-privée associant les éditeurs ». Les questions de financement publics et privés seront étudiées dans ce cadre « afin de servir de socle français au projet de bibliothèque numérique européenne ».

Dans une interview des Echos diffusée le mois dernier, Jean-Noël Jeanneney, vice-président du comité de pilotage de la Bnue, estimait que l’effort annuel de numérisation des fonds (entre 150 000 et 200 000 ouvrages) nécessitait un budget situé entre 8 et 15 millions d’euros.

Ouverture de la plate-forme courant 2006

La concrétisation de ce projet va arriver très vite : le gouvernement souhaite quune plate-forme diffusant des contenus à la fois sous droits et patrimoniaux soit inaugurée à destination du grand public « dans le courant de l’année ». Des maquettes ont été présentées au comité de pilotage avec des propositions de fonctionnalités optionnelles comme la combinaison du mode texte et image ou la possibilité dafficher en surbrillance les résultats de recherche.

Dernière orientation non négligeable : comment porter le projet franco-français de bibliothèque numérique au niveau des Etats-membres de l’Union Européenne ? Dans une interview accordée à Vnunet.fr en septembre 2005 (voir édition du 20 septembre 2005), Jean-Noël Jeanneney assurait disposer du soutien de 23 bibliothèques nationales sur 25. Reste maintenant à s’assurer de l’engagement financier des gouvernements européens et de la Commission européenne.


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