BLR : Landtel reproche sa faillite à l’ART

Mobilité

L’opérateur de boucle locale radio Landtel, mis en demeure par l’ART de respecter le cahier des charges de déploiement dans les régions pour lesquelles il détient une licence, vient de déposer un recours devant le Conseil d’Etat. Selon lui, la procédure mise en place par l’Autorité de régulation serait non transparente et discriminatoire et aurait eu pour conséquence indirecte la mise en faillite de la société.

Après une mise en liquidation début juin, l’opérateur de boucle locale radio (BLR) Landtel vient de saisir le Conseil d’Etat. Selon son directeur général, Thierry Othnin, l’ART aurait une grande part de responsabilité dans l’échec de l’opérateur. « Tous les opérateurs de télécommunications sont en recherche de financement. Comment voulez-vous que l’on puisse attirer un partenaire financier lorsque l’autorité de régulation brandit la menace de vous retirer les licences sous prétexte que le cahier des charges n’est pas respecté ? », s’interroge-t-il. Afin d’accélérer le déploiement des infrastructures BLR, l’ART a décidé en avril dernier d’adresser des mises en demeure à certains opérateurs de boucle locale radio, les menaçant d’un retrait de licence s’ils ne respectaient pas leurs engagements. La saisine du Conseil d’Etat porte notamment sur le manque de transparence de l’ART dans ce domaine. Landtel confirme effectivement qu’il « était loin de son cahier des charges », mais souhaite avoir toute la transparence sur le processus qui a permis à l’ART de prendre sa décision. Thierry Othnin juge que, pour le moment, aucun opérateur n’a respecté le cahier des charges. La procédure mise en place par l’ART est jugée par Landtel comme étant discriminatoire et gravement préjudiciable puisqu’elle aurait accéléré la mise en faillite de la société.

En réalité, il semblerait que l’ART mette en place en ce moment une politique industrielle et non plus de régulation. D’après une source qui souhaite rester anonyme, l’ART ne ferait rien pour enrayer l’élimination d’opérateurs et encourager la concurrence. « Tout semble être fait aujourd’hui pour redessiner le paysage des télécommunications afin de répondre aux exigences de l’Europe », a-t-on expliqué à VNUnet. Et – précision qui a son importance – les licences de BLR pourraient bientôt devenir cessibles, alors qu’aujourd’hui elles reviennent directement dans le panier de l’ART en cas de non-respect des engagements, notamment. Et c’est ce qui est arrivé à Landtel.

Landtel avait obtenu, en juillet 2000, sept licences de BLR. Aujourd’hui, l’opérateur annonce avoir développé son offre uniquement sur l’Ile-de-France à hauteur de 10 % de ce que demandait l’ART. Aucun développement n’a été effectué dans les autres régions. Si l’opérateur se refuse à donner le nombre de ses clients, il annonce toutefois un chiffre d’affaires de 500 000 euros pour l’année 2002. Landtel précise qu’en deux ans, il a investi 36 millions d’euros dans le déploiement de son réseau de BLR.

La BLR entre l’ADSL et la fibre optique

Malgré l’échec de sa société et de plusieurs opérateurs, Thierry Othnin croit toujours dans le positionnement de la BLR en France. « Il est évident que la boucle locale radio est un marché de niche, mais en même temps, elle a réellement sa place entre l’ADSL et la fibre optique. On ne peut pas demander à la BLR d’être rentable tout de suite alors que la technologie a été lancée après la bulle spéculative et que, dans le même temps, l’UMTS assèche totalement les ressources financières du marché. Par ailleurs, la technologie n’a que deux ans, et il a fallu dix ans au GSM pour être rentable… », plaide-t-il. Le réseau de Landtel devrait encore être opérationnel à la fin du mois. Après cette date, on ne peut avoir aucune certitude, même si Thierry Othnin continue d’espérer qu’une solution peut très bien être trouvée d’ici là.