Brevets : BlackBerry porte de lourdes charges contre Avaya

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De la compression de données à la cryptographie, BlackBerry vise large dans sa plainte contre Avaya pour exploitation illégale de brevets.

BlackBerry se montre agressif pour monétiser son portefeuille de quelque 40 000 brevets.

À l’accord d’exploitation de licences signé en juin 2015 avec Cisco succède une procédure en justice : le groupe canadien a déposé, le 27 juillet 2016, une plainte contre Avaya.

Le fournisseur américain de solutions de communication et de collaboration pour les entreprises est assigné devant un tribunal fédéral de l’État du Texas, où il dispose d’un bureau, d’un datacenter, d’un réseau d’une vingtaine de revendeurs et d’un portefeuille de clients de la sphère publique.

Il devra répondre des nombreuses accusations de BlackBerry, qui avance des infractions à pas moins de huit brevets, rappelant au passage avoir « révolutionné l’industrie du mobile » au prix de « lourds investissements en R&D » (5,5 milliards de dollars sur les 5 dernières années en l’occurrence).

Avaya avait été notifié des différents griefs dans une lettre du 17 décembre 2015. Les produits concernés sont aussi bien des équipements réseau (switchs, routeurs) que des solutions de visioconférence, des systèmes de téléprésence ou des téléphones IP.

Codecs et crypto

Le premier brevet mentionné dans la plainte – repérée par le site spécialisé IAM ; document PDF, 115 pages – est répertorié 9,143,801 dans les registres américains. Il est relatif à des procédés d’encodage et de décodage de données appliqués au traitement des images et de la vidéo.

Le brevet 8,964,849 est dans la même veine, avec de multiples références algorithmiques, que ce soit pour la division en blocs ou la séparation des canaux. Tous les produits Avaya exploitant le codec H.265 sont pointés du doigt. Par exemple, la gamme de solutions de visioconférence Scopia XT.

On remonte parfois très loin dans l’histoire de BlackBerry. Par exemple avec le brevet 8,116,739, dans lequel sont décrites plusieurs méthodes destinées à faciliter la lecture de messages sur des terminaux mobiles. Notamment en dépassant l’affichage par ordre chronologique grâce à une hiérarchisation par fils de discussion. Dans le collimateur de BlackBerry, l’application Avaya Communicator, qui permet d’intégrer un iPad dans un système de communication d’entreprise.

Dans le domaine de la cryptographie, il y a le brevet 7,372,961, qui porte sur la création de clés publiques en « éliminant tout biais », essentiellement par des méthodes de randomisation. Tous les produits Avaya qui exploitent OpenSSL et sa bibliothèque cryptographique « elliptic curve » sont visés : CMS, Breeze, Aura…

Casser la voix

On relèvera aussi le brevet 8,886,212, qui porte sur la géolocalisation d’appareils mobiles. Et plus particulièrement sur la possibilité de communiquer une position en arrière-plan, ainsi que directement depuis des applications comme des messageries instantanées et des réseaux sociaux. Côté Avaya, c’est surtout l’application one-X Communicator qui est visée, avec ses fonctions de « géoprésence ».

Petit crochet dans le monde de la compression et du décodage de la voix avec le brevet 8,688,439, qui traite notamment de la gestion des bruits blancs. Tous les produits Avaya qui implémentent le codec G722.2 et/ou la technologie Adaptive Multi-Rate Wideband sont concernés ; autrement dit, toute une série de téléphones IP.

BlackBerry donne aussi dans le routage des appels depuis des appareils mobiles vers des réseaux de communication d’entreprise avec le brevet 8,554,218, qui vise one-X Mobile avec Avaya Aura Communication Manager.

Dans le même esprit, il y a le brevet 7,440,561, relatif à la connexion de plusieurs appareils à un même numéro de téléphone, en tant qu’alternative au transfert d’appels. Aura Communication Manager est là encore concerné, ainsi que tous les produits qui en sont dérivés, comme DEFINITY, ProLogix, BCS et GustWorks.

Crédit photo : nito – Shutterstock.com

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