British Telecom exige un impôt sur l’hypertexte !

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L’opérateur British Telecom brandit un brevet déposé en 1976 pour contraindre les fournisseurs de services Internet américains à payer l’utilisation de liens hypertexte.

Au risque de se mettre à dos la plupart des sociétés Internet de la planète, l’opérateur British Telecom entend faire valoir un brevet sur les liens hypertexte. Déposé en 1976 et valable jusqu’en octobre 2006, son document référencé sous le numéro 4873662 donnerait une vision avant-gardiste des ces fameux liens. Lesquels ont largement contribué au succès du Web, en reliant des images, du son ou du texte sur les sites. Ils sont devenus incontournables, si bien qu’on les retrouve aussi sur de simples fichiers comme les documents Word ou Acrobat.

Selon la presse britannique, c’est l’ancien salarié Sargent Desmond, aujourd’hui retraité, qui est à l’origine du brevet. Le site du Register explique que son travail détaille de façon floue un principe de fonctionnement proche de l’hypertexte, où des « blocs » de documents renvoient à l’adresse complète d’un autre « bloc » qui pourrait être sélectionné par une combinaison de touches appropriée.

Reste à convaincre les industriels de passer à la caisse. Le cabinet d’avocats Scipher a été chargé de l’affaire pour réclamer aux fournisseurs de services Internet le règlement d’une licence. L’opération ne sera vraisemblablement valable qu’en Amérique du Nord, où le brevet est valide. Mais la réaction pourrait être violente. « C’est ridicule », blâme Bruno Oudet, président d’honneur du Chapitre français de l’Internet Society. « L’hypertexte appartient au patrimoine de l’humanité. Et British Telecom n’a pas été parmi les premiers à pratiquer l’hypertexte », défend-il.

La manoeuvre de British Telecom n’est pas la première tentative de mainmise sur une technologie réputée du Web. La société Unisys revendique pour sa part la paternité du format Gif (voir édition du 14 septembre 1999). Elle demande notamment aux éditeurs une licence pour l’exploitation du format dans les logiciels. Pour Bernard Lang, secrétaire de l’association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres (AFUL), ce type d’initiative illustre clairement les méfaits du dépôt de brevet pour les logiciels. « S’il est suivi, les sociétés payeront, freinant du coup toute l’économie Internet aux Etats-Unis », souligne Bernard Lang. Et de prédire : « L’Europe, qui n’est pas concernée, pourra alors en profiter pour prendre de l’avance ». Ironique peut-être, mais pragmatique sûrement.

Pour en savoir plus :

* British Telecom

* Scipher