Bruxelles s’attaque aux tarifs des appels mobiles internationaux

Mobilité

La Commission européenne lance un site comparant les tarifs des services d’itinérance des opérateurs européens.

« Un consommateur bien informé est un consommateur bien armé », lâche dans un communiqué Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias. A l’action juridique, la Commission européenne a préféré l’information du public pour amener les opérateurs mobiles européens à baisser les prix de gros de leurs services d’itinérance internationale, jugés trop élevés. Elle lance ainsi un site Internet sur lequel elle compare, pour chacun des 25 pays membres, les tarifs pratiqués par les opérateurs locaux à l’étranger. Des prix 63 fois plus élevés en Finlande qu’à Malte.

Selon le comparatif proposé par Bruxelles, qui n’est pas exhaustif, les abonnés du finlandais Aland sont facturés 20 centimes d’euros pour 4 minutes de communication, en heures pleines, quand ils appelent un client de l’opérateur suédois 3. Tandis qu’à Malte, les clients de Vodafone paient 12,7 euros pour un appel, d’une durée équivalente, vers un mobile Tele2 en Lettonie. En France, Orange, SFR et Bouygues facturent tous les trois 1 euro la minute de communication vers l’Espagne et le Portugal, quel que soit l’opérateur du destinataire.

Des offres spéciales d’itinérance

Toutefois, les tarifs communiqués par la Commission européenne ne tiennent pas compte du fait que les opérateurs « proposent maintenant des offres spéciales à leurs clients », a précisé Viviane Reding, au cours d’une conférence de presse. « J’espère que cela les incitera tous à en faire autant », a-t-elle ajouté.

Vodafone, qui détient près de 44% des parts du capital de SFR, semble avoir entendu cet appel. Le groupe britannique lance aujourd’hui une offre internationale gratuite, baptisée « Vodafone Passport ». Les souscripteurs à cette option ne seront plus facturés pour les appels reçus au cours de déplacements à l’étranger, à l’exception du coût de connexion qui varie entre 1 et 2,20 euros. En France, ils pourront également émettre des appels vers l’un des 17 réseaux du groupe, au tarif des appels au-delà du forfait (0,15 euro pour les entreprises et 0,34 euro pour les particuliers).

Pour inciter les opérateurs à prendre de telles initiatives et le marché du mobile à rapidement s’autoréguler, la Commission mise pour l’instant uniquement sur son site, qui présente également des conseils pratiques et des adresses utiles. Si toutefois son action venait à échouer, elle prendrait alors des mesures juridiques. « Nous ferons le point dans six mois », a prévenu Viviane Reding.

Des pratiques sous surveillance

La décision finale de Bruxelles pourrait être, par ailleurs, influencée par une enquête en cours depuis décembre 2004 sur les prix de détail des services d’itinérance. Les commissaires européens attendent les résultats des investigations actuellement menées localement par les 25 autorités de régulation des télécommunications, lesquelles s’accordent d’ores et déjà à dire que « les prix de détail sont actuellement très élevés sans que cela soit clairement justifié », lit-on dans le communiqué.

En particulier, les pratiques tarifaires de Vodafone et 02 au Royaume-Uni, et de T-Mobile en Allemagne, ont récemment conduit les services de la concurrence de la Commission à ouvrir une enquête.