Bull, acteur de la nouvelle économie ?

Mobilité

Le constructeur informatique Bull se dote d’un incubateur et d’un fonds d’investissement. Ces deux symboles de la Net économie devraient largement contribuer au repositionnement de Bull comme prestataire de services. Deux atouts qui lui donnent au passage une nouvelle image d’acteur de la nouvelle économie. Pour Bruno Combe, président de Bull Internet Incubator, ces projets devraient permettre à Bull de s’ouvrir vers l’extérieur, au moment même où la société traverse une période de crise financière.

VNUnet : Quel sera le rôle de Bull Internet Incubator ?

Bruno Combe :Bull Internet Incubator est destiné à favoriser le développement de nouveaux projets de la nouvelle économie. Ces projets, déjà structurés, émaneront pour la plupart de collaborateurs du groupe Bull. L’incubateur aura alors un rôle d’amorçage et devrait financer ces sociétés à hauteur de 200 à 500000 euros afin de les présenter à un premier tour de financement. De plus, cet incubateur sera adossé à un fonds d’investissement de 100 millions d’euros, qui permettra de financer entre autres les sociétés issues de Bull Internet Incubator. Ce fonds est d’ailleurs prévu pour être opérationnel pour le quatrième trimestre 2000, au moment même où les sociétés incubées seront prêtes à passer à l’étape supérieure. Ce fonds d’investissement sera composé, outre de Bull, de partenaires financiers et industriels français et européens.

VNUnet : Mettre en oeuvre de nouveaux projets, est-ce là un moyen de venir en aide à votre service de Recherche et Développement ?

Bruno Combe :Les fonds qui sont dévolus à la RD de la société sont suffisants quant aux hommes, ils sont d’excellente qualité. L’incubateur n’est pas vu comme un palliatif mais plutôt comme un complément. Un service de Recherche et Développement doit suivre la stratégie de l’entreprise et répondre aux priorités du groupe délaissant de fait certains projets moins importants.

VNUnet : Quel est l’intérêt de Bull à devenir incubateur de start up ?

Bruno Combe :L’incubateur répond clairement à un besoin au sein de Bull. Parce que la société impose des besoins spécifiques, nous ne pouvons pas développer en interne toutes les idées. En créant un cadre prévu à cet effet, nous laissons la possibilité à des collaborateurs de Bull de réaliser des projets qui présentent un intérêt direct ou indirect qui viendraient dès lors compléter les offres de Bull. Nous allons ainsi prendre une participation dans une société de conseil en stratégie et d’ingénierie de services dans le domaine des mobiles de 2ème et 3ème génération.

Cette prise de participation répond à des priorités de Bull dans ce secteur. Le projet issu d’une des divisions de Bull sera un complément à notre offre tout en étant un prestataire de service pour nous, voire même, pourquoi pas, un concurrent.

VNUnet : Vous n’êtes pas dans une logique de partenariat, voire de mainmise sur les sociétés incubées ?

Bruno Combe :Nous sommes effectivement dans une logique de partenariat en apportant un environnement Bull, un support marketing et stratégique ainsi qu’en fournissant des ressources propres à Bull comme des fichiers clients ou fournisseurs. Nous « coachons » d’ailleurs chaque projet d’un senior de Bull pour aider les entreprises dans leur réalisation. Toutefois, nous n’avons pas une logique de contrôle. L’objectif est d’avoir des sociétés autonomes, indépendantes tout en ayant des liens étroits avec Bull. Nous ne sommes pas dans un système « phagocyté » par Bull pour essayer de « fourguer » à ces entreprises du matériel à moindre prix. Le partenariat n’empêche pas d’avoir en outre une logique de Business, d’où la création d’un fonds d’investissement.

VNUnet : En donnant la chance à vos employés de créer leur société, n’y a-t-il pas un risque de voir partir vos meilleurs éléments ?

Bruno Combe :Je ne le crois pas, et c’est plutôt l’effet inverse qui se produira. L’incubateur est un moyen au contraire de ne pas perdre de vue les bons éléments en leur donnant les moyens de se réaliser à l’intérieur de Bull. De plus, rien n’empêche Bull de racheter la société qu’ils ont incubée et donc de garder les bons éléments. Mais surtout cela va engendrer une dynamique qui va motiver tous les collaborateurs. L’esprit d’initiative, de conquête, d’ouverture permettra aux bons de ne pas se sentir à l’étroit au sein de Bull.

VNUnet : Avec l’explosion de la nouvelle économie, beaucoup de constructeurs informatiques ont leur incubateur. Vous n’êtes pas très innovateurs dans ce domaine, et vous semblez plutôt répondre à un effet de mode.

Bruno Combe :Il est vrai que nous ne somme pas les premiers à mettre en place une structure pour accompagner des sociétés dans leur démarrage. Mais le système de partenariat n’est pas chez Bull quelque chose de nouveau. Xering est une émanation de Bull, tout comme KelKoo, dont le fondateur est un ex-collaborateur de Bull. Avec Bull Internet Incubator, nous faisons de même, mais dans un cadre légal, en étant plus aptes à agir efficacement.

VNUnet : En créant un incubateur et un fonds d’investissement, Bull n’est-il pas en train de se constituer une nouvelle image, plus tournée vers la nouvelle économie ?

Bruno Combe :Bull a commencé depuis un certain temps à se positionner dans le domaine des prestations de services en quittant une image de constructeur. Ces deux projets entrent évidemment dans ce processus de repositionnement de la société. Pour l’année 2000, l’e-Business représentera13 % de notre chiffre d’affaires et nous devrions passer à 20 % à court terme. Notre chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros est suffisamment significatif pour nous positionner dorénavant en tant qu’acteur de la nouvelle économie.