Cap sur l’étiquetage intelligent

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Une innovation technologique pourrait bientôt bouleverser les secteurs de la grande distribution et de la distribution spécialisée. Il s’agit de l’identification par fréquences radio, ou RFID, qui permet un étiquetage dit intelligent. Mais des progrès restent à accomplir avant de détrôner les traditionnels codes à barres.

La semaine prochaine, le distributeur allemand Metro inaugurera un magasin d’alimentation équipé de la technologie dite d’identification par fréquences radio (RFID), nous apprend News.com. La RFID est connue des usagers du métro parisien puisqu’elle a été utilisée par la RATP pour mettre au point la carte de transport sans contact Navigo. Mais, ainsi que le montre l’expérimentation menée par Metro, cette technologie a bien d’autres domaines d’application, comme la sécurité – à des fins d’identification des personnes – et surtout dans le secteur de la grande distribution où elle permet, associée à une puce électronique, de réaliser des « étiquettes intelligentes », lisibles à distance. D’une manière générale, la RFID a pour vocation de faciliter la gestion de tout type de bien matériel, comme un parc de micros ou l’approvisionnement d’une chaîne de montage?

Les systèmes RFID se composent d’une antenne, d’une base station et d’un transpondeur (contraction de transmetteur et répondeur) programmé électroniquement : c’est l’étiquette intelligente ou tag. Elle peut être intégrée à un autocollant ou directement à un objet. Ils comprennent en outre des lecteurs afin d’interroger et de saisir les nombreuses données encodées dans l’étiquette, et de les transmettre à un ordinateur. A cela s’ajoutent bien évidemment les applications logicielles (gestion de la logistique, de la traçabilité?) qui traitent les données recueillies. Dans le cas de Metro, les principaux fournisseurs informatiques impliqués dans l’expérimentation sont Intel, SAP, HP, Cisco et Philips. L’objectif est sans surprise d’évaluer le potentiel économique de la RFID, sa capacité à optimiser la gestion du magasin en sachant à tout moment et précisément ce qu’il contient. Intel, de son côté, est impliqué dans des tests similaires avec des entreprises des secteurs de la santé, du transport et de la sécurité. Mais c’est incontestablement dans la grande distribution et la distribution spécialisée que le plus grand nombre d’expérimentations ont lieu.

Une technologie encore immatureLe fabricant de vêtements Benetton, par exemple, a annoncé qu’il allait étiqueter par cette méthode les vêtements de la ligne Sisley et ainsi les livrer sans comptage manuel aux 5 000 magasins de son réseau, avant de se rétracter et de déclarer qu’il n’en était qu’à la phase d’expérimentation. Aux Etats-Unis, en effet, une association de défense des consommateurs, la Consumers Against Supermarket Privacy Invasion and Numbering, avait appelé à un boycott mondial de l’enseigne de prêt-à-porter au motif que la technologie RFID était attentatoire aux libertés individuelles, les clients pouvant être pistés électroniquement à leur sortie du magasin.

Mais ce n’est pas le plus gros problème posé par la RFID, tant la portée de ces systèmes est faible. Dans une note récente, le Gartner Group, commentant le projet de Benetton, soulignait en revanche la jeunesse de la technologie. Beaucoup de progrès restent à faire, techniques et de standardisation notamment. Concernant le coût et par conséquent le retour sur investissement en cas de larges déploiements, le cabinet AMR Research estime que des étiquettes RFID à 30 ou 40 centimes d’euros l’unité ne seraient rentables que pour des produits dégageant de fortes marges. Tout cela explique que la RFID n’est pas prête de détrôner le système classique des codes à barres qui a mis dix ans à s’imposer à partir des années 80.