Captura : vers un modèle 100% ASP

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L’éditeur Captura devient un ASP, Application Service Provider. Ce spécialiste américain de la gestion de notes de frais renonce à son activité originelle. Et loue désormais ses applications en ligne. Franck Joguet, directeur commercial pour l’Europe du Sud, décrit comment sa société négocie ce virage stratégique.

VNUnet : Qu’est-ce qui pousse Captura à évoluer vers le modèle ASP ?

Franck Joguet :C’est la demande. Le coeur de notre activité est le traitement des flux financiers liés au frais professionnels et l’e-procurement. Nos clients sont des multinationales : elles ont de multiples contraintes fiscales et sociales et des volumes de dépenses importants. La ventilation géographique de leurs employés complique la gestion de ces dépenses. Nos clients comme Ford ou General Motors ont plus de 100 000 employés qui font des notes de frais en dollars, en francs français, etc., et leur politique de gestion de dépense varie en fonction des pays. Cette complexité fait que le modèle type « client/serveur » est ingérable : il faut installer plusieurs milliers de fois le logiciel client. Par ailleurs, ces sociétés ne souhaitent pas investir dans des systèmes complexes et coûteux, ni dans la formation et la supervision pour des applications qui visent à faire économiser plutôt qu’à faire gagner de l’argent. C’est la clé. Un de nos clients, Shell en Angleterre, utilise SAP pour sa comptabilité et recense 82 versions de cette application. Intégrer la gestion de note de frais dans sa comptabilité n’est pas une mission critique… Aussi, Captura réalise des interfaces d’intégration avec les systèmes de JD Edwards, SAP, People, Oracle Financials, etc, et délivre des prestations ASP.VNUnet: Des éditeurs hésitent encore à franchir le pas ASP. C’est risqué ?

Franck Joguet :La technologie permet de le faire. Passer ASP est une décision stratégique qui signifie que tous nos produits seront désormais proposés sous formes de services. Ainsi, l’Executive Vice Président Services de Captura est devenu le grand patron. Nous considérons qu’en nous détachant de la vente de licences pour entrer dans le modèle pur ASP, nous quittons les problématiques techniques et celles liées

à l’investissement. Toutefois, il faut savoir qu’une entreprise qui compte 50 000 employés qui font des notes de frais par mission, cela représente 2 % d’utilisateurs connectés simultanément. Soit 1 000 personnes sur le même serveur pour le même service en même temps. L’infrastructure est stratégique. Devenir ASP signifie que vous êtes responsable du fonctionnement du service fourni.VNUnet : Quelle est la stratégie de Captura pour entrer dans ce modèle économique ?

Franck Joguet :

Pour diffuser nos applications, rapidement, facilement et être accessible par tous les systèmes, nous avons porté Captura Expense, notre applicatif et notamment toute la partie « client » sur HTML et WML. L’utilisateur final accède à l’application via n’importe quel navigateur pour envoyer ses notes de frais, recevoir ou faire des approbations, etc. Le système central qui abrite la base de donnée principale ? le moteur de règles qui intègre les politiques de l’entreprises et de ses filiales ? est hébergé dans les centres de nos partenaires ASP ou fournisseurs d’accès capables de gérer l’infrastructure ou les services comme Qwest Cyber.solutions, la joint venture de l’opérateur américain Qwest et de KPMG. Ou encore, comme le FAI Exodus Communications, qui garantissent la bande passante et le fonctionnement des serveurs. Troisième type de partenaires, les ASP comme le FAI italien Etno Team.com. Ou encore Diners club Italy qui intègre notre offre dans son portail de voyage corporate. Ces partenaires font que Captura ne vend plus de solutions logicielles.VNUnet : Que réclame une application pour être diffusable en mode ASP ?

Franck Joguet :

C’est un travail de refonte totale d’une architecture. Concevoir un produit pour qu’il soit diffusable dans le monde entier nécessite que cela soit pensé dès le départ. C’est le fruit de six ans de travail avec la plupart de nos clients. Pour qu’un produit soit hébergeable, il doit intégrer en nativement la possibilité de travailler avec de multiples contraintes. Il faut centraliser les données pour être efficace. Ce qui signifie qu’il faut faire cohabiter des systèmes différents en un point unique. Puis être en mesure de distribuer des informations et de réaliser des interfaces avec des systèmes complémentaires quels qu’il soient. Et mettre en ligne l’application de façon extrêmement simple dans des langues différentes tout en garantissant l’accès 24/24 à tout type d’utilisateur.VNUnet : Le partenariat est-il l’élément vital de votre stratégie d’ASP ?

Franck Joguet : Oui, mais pas le partenariat avec des revendeurs ou des réseaux de distributions mais pour compléter les services des partenaires. Captura noue des partenariats avec des banques pour compléter les offres cartes affaires, avec des grands organisateurs de voyages parce qu’ils voient transiter les plus importantes dépenses professionnelles et nous complétons leurs offres en gérant les dépenses de leurs clients. Nous signons également des partenariats avec des sociétés de services parce qu’elles sont en charge de la mise en place des nouveaux systèmes dans les grandes entreprises et avec des spécialistes de l’infrastructure ou d’autres ASP parce que, là encore, nous complétons leurs offres. En choisissant d’administrer ses applications pour ses clients, et en sous-traitant l’hébergement, Captura garde le contrôle de son coeur d’affaires. Prochains objectifs ? Nous ne souhaitons pas mettre en oeuvre notre portail d’accès. Nous voulons devenir un des moteurs les plus standards des portails spécialisés en services transactionnels B to B. Captura pourrait intégrer le portail d’une banque ou d’American Express, par exemple, les portails de voyagistes aussi. Le point d’équilibre sera atteint d’ici à la fin de l’année avec une possibilité d’être rentable.