Cg de nVidia : le ‘oui mais’ d’ATI

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Le langage de programmation graphique lancé par nVidia reçoit un accueil plutôt favorable de la part du concurrent ATI. En France, un porte-parole, interrogé « à chaud », reconnaît les avantages théoriques de cette technologie tout en se gardant de l’adopter les yeux fermés. Certaines vérifications s’imposent avant de la recommander pour les Radeon.

« En tant qu’utilisateur, bienvenue au Cg ; en tant que concurrent, méfiance. » Ingénieur marketing chez ATI France, Ludovic Seutet est partagé sur le Cg, le langage de programmation pour les graphismes 3D proposé par nVidia (voir édition du 14 juin 2002). L’ingénieur reconnaît effectivement le gain de temps que le Cg va offrir aux développeurs, du moins ceux qui programment leurs jeux 3D pour DirectX et non pas les puristes attachés au langage machine (qui ne l’utiliseront de toute façon pas). Mais il se dit méfiant parce que « quand un constructeur se met à développer un langage pour ses processeurs, il y a un risque de créer un système propriétaire dommageable pour la concurrence et le consommateur ».

Certes, le Cg se veut standard et nVidia livre les sources de son compilateur. Chacun peut donc y regarder de près les technologies employées et, éventuellement, les modifier pour les adapter à ses produits. Mais, sous le modèle de l’Open source qui veut que toute modification soit partagée, « cela revient à dévoiler ses propres secrets technologiques », note Ludovic Seutet. Ce n’est effectivement peut-être pas du goût de tout le monde.

Respect des standards

Il reste d’ailleurs à prouver la réelle compatibilité avec les interfaces de programmation (API) DirectX et OpenGL pour lesquelles le Cg a essentiellement été développé. « Les produits supportant l’OpenGL sont soumis à l’ARB Organisation. En cas de non-validation, le constructeur peut conserver ses extensions OpenGL mais elles restent spécifiques à son produit, et non standard », explique l’ingénieur de chez ATI. Le Cg ne garantira donc pas la compatibilité avec le standard OpenGL. Quant à DirectX, si nVidia assure la parfaite compatibilité avec la version 8.1, « je ne vois pas comment ils peuvent en dire autant pour DirectX 9 qui est loin d’être finalisé et n’en est qu’à la première bêta ». ATI, plate-forme de référence pour le développement de DirectX 8 comme 9, est bien placé pour l’affirmer.

Ludovic Seutet assure cependant que « si Cg est parfaitement compatible avec DirectX 9, alors il profitera aussi aux processeurs ATI comme aux autres théoriquement ». Il reste à vérifier que le compilateur du Cg ne favorisera pas, par sa syntaxe, certaines fonctions propres aux GeForce et Quadro. Luciano Alibrandi, responsable marketing de nVidia Europe, nous confiait que le Cg était bien entendu optimisé pour les puces maison. Pourtant, selon le porte-parole d’ATI, « vu le nombre d’acteurs qui vont se pencher sur le Cg, nVidia n’a pas trop intérêt à faire des cachotteries », sous-entendu que si l’on découvre « quelque chose », cela pourrait nuire à l’image de l’architecte des GeForce. Ludovic Seutet préfère conclure qu’« il est encore trop tôt pour se prononcer ouvertement ». ATI, parmi d’autres, va sérieusement se pencher sur Cg.