C.Lassere (Alapage) : « Nous pourrons communiquer sur les frais de port gratuits »

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Le directeur général du vendeur de produit culturel, propriété de France Telecom, revient sur l’arrêt de la cour de cassation.

C’est une bataille de longue haleine qu’Alapage.com vient de gagner contre le Syndicat de la Librairie Française (SLF). Par un arrêt du 6 mai 2008, la Chambre commerciale de la Cour de cassation a tranché : le port gratuit d’un livre offert par un libraire en ligne à l’internaute ne constitue pas une infraction à la loi Lang du 10 août 1981 (lire article dans l’édition du jour). En 2003, le SLF avait initié une action en justice visant le vendeur de produits culturels, propriété de France Telecom, estimant que le port gratuit constituait le support d’une prime, interdite par l’article 6 de la loi Lang et l’article L 121-35 du code de la consommation. Christophe Lassere, Directeur général d’Alapage.com, revient sur les enseignements de cette affaire.

Vnunet.fr : L’arrêt de la cour de cassation est une grande victoire pour les libraires en ligne ?
Christophe Lassere : Je pense que c’est surtout une grande victoire pour les clients. Nous allons pouvoir réaffirmer ce principe : « quand on achète en ligne, c’est comme si vous achetez dans une librairie ». Il n’y a pas de frais supplémentaire. L’arrêt de la Cour de cassation donne une interprétation de la Loi Lang qui prend en compte les nouveaux modes de distribution et de commercialisation. Nous souhaitons que l’économie du marché du livre soit équilibrée. Dès 2000, nous avions insufflé cet esprit consensuel avec le lancement de LaLibrairie.com, un portail BtoB qui permet aux libraires indépendants (1200 dans le réseau actuellement) de disposer de l’intégralité de notre offre catalogue, de notre plate-forme marchande et logistique.

Vnunet.fr : Allez-vous instaurer de manière définitive les frais de port gratuits ?
Christophe Lassere : c’est déjà le cas. En revanche, nous allons communiquer de manière définitive sur les frais de port gratuits sur Alapage.com. Actuellement, le port est déjà inclu dans le prix du livre. Donc, vous ne payez pas le frais de port sur notre site. Nous ne communiquions plus sur le frais de port depuis l’arrêt de la cour d’appel de 2004 car considéré comme une incitation à la vente (et donc considéré comme une prime et un contournement de la loi Lang). Par contre, lorsqu’un client arrive sur une fiche livre, nous affirmions que le port est inclu dans le prix du livre (et cela était conforme à la loi Lang aussi bizarre que cela puisse paraître). Pour résumer : jusqu’à aujourd’hui, nous disions que le frais de port était inclu. Maintenant, nous allons pouvoir dire que le frais de port est gratuit. A l’instar de nos concurrents comme Amazon ou la Fnac.

Vnunet.fr : Amazon.fr est poursuivi pour les mêmes raisons ?
Christophe Lassere : Amazon.fr fait partie d’une procédure similaire. La plainte a été déposée en même temps mais nous ne bénéficions visiblement pas de la même rapidité des tribunaux. Mais , sauf erreur de ma part, l’objet de la plainte est différent. Ce n’est pas la communication et la mise en avant de la gratuité des frais de port qui est reproché à Amazon.

Vnunet.fr : Que représente le marché du livre dans le chiffre d’affaires global d’Alapage ?
Christophe Lassere : Le livre représente la majorité des ventes de produits culturels : entre 35 et 40% du chiffre d’affaires sur ce segment de produits. Mais nous ne pouvons pas communiquer de chiffres précis, conformément à la politique de communication financière de notre maison-mère France Telecom. Paralèllement, l’offre BtoB LaLibrairie.com affiche une croissance de 35% sur 2007 en termes de chiffre d’affaires et de nombre d’adhérents.

Vnunet.fr : Considérez-vous la loi Lang comme obsolète ?
Christophe Lassere : Pas du tout. Naturellement, la loi Lang, qui remonte à 1981, n’avait pas prévu l’arrivée du canal de distribution l’Internet [Les pionniers de l’e-commerce comme Amazon.com aux Etats-Unis ont commencé leur activité vers 1995, ndlr]. Je dirais même qu’Internet répond à la préoccupation de la loi Lang sur la dimension de la pluralité de l’offre : Alapage.com propose ainsi plusieurs centaines de milliers de référence disponibles dans son catalogue. Maintenant, je considère que la problématique « frais de port » ne devrait pas être encadré par la loi Lang. C’est un service propre à la vente à distance. Un secteur qui a beaucoup évolué en 20 ans.

Vnunet.fr : Pourtant, le fait de casser le prix du livre neuf pourrait booster les ventes sur Alapage.com, non ?
Christophe Lassere : Ce n’est pas évident. Par expérience dans d’autres pays francophones comme le Québec dans lesquels les prix ne sont pas règlementés, il est vrai que le client on a l’impression de bénéficier d’une réduction de 20 à 30% du prix facial d’un best-seller parce que le distributeur l’affiche comme un prix de lancement. Mais sincèrement, cela reste le même prix que chez nous. Mais, pour les livres de poche, cela reste assez cher mais cela dépend de paramètres comme les taux de change. Le prix unique du livre permet à des éditeurs d’exister tout simplement et de développer un mode de distribution spécialisé au plus proche du client. Il permet également à de grandes librairies indépendantes de tenir le coup face au monde de la grande distribution qui propose des espaces « livres » à côté du rayon boucherie.


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