Le CNNum formule 40 propositions pour l’école numérique

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Parmi les recommandations émises par l’organisme consultatif figure la création d’une filière « Humanités Numériques ».

Fin 2013, dans la continuité de sa réflexion sur « l’inclusion numérique », le Conseil national du numérique (CNNum) constituait un groupe de travail dédié à « l’éducation dans une société numérique« .

L’initiative a donné lieu à la publication, ce 3 octobre, du rapport « Jules Ferry 3.0 : Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique ». Fruit de consultations avec plus d’une centaine de personnes et de tables rondes réunissant professeurs, administrateurs de l’Éducation nationale, représentants du monde associatif et entrepreneurs, le document (119 pages au format PDF) aborde en 40 mesures la transition numérique à l’École de la République. Il s’inscrit dans la lignée du « plan numérique pour l’éducation » décrété en septembre par François Hollande et qui doit entrer en application à la rentrée 2016.

Le CNNum estime qu’il faut systématiser l’enseignement de l’informatique, en introduisant de nouveaux modes d’apprentissage à travers des expériences en mode projet, par essai-erreur. Ce qui impliquera la création d’un Capes et d’une Agrégation d’informatique afin d’assurer la formation d’un corps d’enseignants dédiés. Il s’agira également d’inviter les élèves à participer à une culture et à une économie fondées sur l’échange des savoirs, la coopération et la création. Quant à l’école, elle devra être conçue « en réseau dans son territoire », afin d’avancer de concert avec les collectivités et le tissu économique.

Pour « mieux préparer les jeunes au monde qui les attend », le CNNum préconise de lancer un plan de recherche visant à comprendre les mutations du savoir et ainsi éclairer les politiques publiques. Principale proposition : lancer chaque année, sur la base du volontariat, 500 thèses sur des sujets interdisciplinaires pour mieux décrypter les changements fondamentaux induits par la société numérique sur la transmission des savoirs et les méthodes d’apprentissage. Le tout en instaurant un cadre de confiance avec les partenaires (éditeurs, constructeurs, pôles de compétitivité…), qui partageront des standards, valoriseront les ressources pédagogiques par indexation et encouragement la co-création.

Faut passer ton bac

Le Conseil national du numérique recommande aussi de « rompre avec la logique de l’offre et de l’assignation » en étudiant les besoins réels des professeurs. Mais le point qui retient véritablement l’attention s’intitule « Oser le bac Humanités Numériques ». Il est question de créer une filière spécifique menant au baccalauréat et décrite comme le cursus « de l’individu créatif de la civilisation numérique ».

Associant mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la terre, français, philosophie, histoire-géographie, économie et langues vivantes, le bac HN se positionnerait au croisement des sciences et des lettres pour « revisiter les humanités dans toute leur richesse et leur modernité, en s’appuyant sur les sciences et techniques du numérique ». Il permettrait d’irriguer les formations supérieures en informatique et dans les métiers de la création (design, graphisme, journalisme, etc.).

Le CNNum préconise une expérimentation rapide auprès de quelques lycées, avant une éventuelle extension sur la base d’une évaluation « publique et transparente ». Il s’agirait d’abord d’introduire un « double bac » (L ou ES + HN selon l’origine des élèves en première). Et dans tous les cas, de négocier d’avancer des accords avec prépas, écoles et universités afin que le diplôme y soit reconnu. L’une des modalités d’expérimentation pourrait se faire à distance avec le concours du Cned.

On peut imaginer un ancrage dans les industries culturelles et créatives avec une initiation aux techniques et une compréhension du Web design, du game design, des expériences immersives, de la conception 3D, de l’Internet des objets… Ou bien un angle big data avec des applications dans la santé, l’environnement, les sciences, la politique, le commerce, la gestion, la recherche…

* Le groupe de travail est composé de Sophie Pène (membre pilote, professeur à l’Université Paris Descartes) Serge Abiteboul, Christine Balagué, Ludovic Blécher, Michel Briand, Cyril Garcia, Francis Jutand, Daniel Kaplan, Pascale Luciani-Boyer, Valérie Peugeot, Nathalie Pujo, Bernard Stiegler et Brigitte Vallée (membres du Conseil), dont les biographies respectives sont disponibles en page 3 du rapport.

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