Comment Alcatel-Lucent a mal négocié le virage des technologies sans fil

Mobilité

Dans une note d’analyse, le cabinet d’études IT Ovum revient sur les failles de l’équipementier télécoms dans sa sa stratégie wireless business.

Comment Alcatel-Lucent s’est perdu dans les abîmes ? Alors que le groupe français d’équipements réseau fait face à la démission de son top management et à la publication de résultats semestriels décevants, plusieurs pistes peuvent être avancées : mauvaise conjoncture économique, problème de gouvernance d’entreprise, des plans récurrents de restructuration… Sous forme de billet d’analyses dans sa newsletter Telecom Daily en date du 30 juillet, Ovum propose un éclairage sur sa stratégie défaillante de commercialisation de produits pour les infrastructures mobiles.

Selon le cabinet d’études télécoms d’origine britannique, le segment d’activité sans fil (wireless business) a été affecté sévèrement, à cause du déclin plus rapide que prévu du marché CDMA (l’équivalent de la 2G) aux Etats-Unis. Cette activité est essentiellement portée la partie Lucent qui a historiquement un partenariat fort avec AT&T, l’opérateur télécoms leader aux Etats-Unis. « Même si des opportunités de business existent toujours dans les pays émergents, cela n’est pas suffisant pour compenser les pertes en Amérique du Nord », commentent Dana Cooperson et Julien Grivolas, analystes chez Ovum.

Selon les auteurs du billet, Alcatel-Lucent « court plusieurs lièvres à la fois » (la version originale dans la note étant « riding multiple horses ») dans le domaine des technologies sans fil. D’un côté, c’est le seul équipementier en Europe à aligner un catalogue de produits sans fil, toutes normes confondues (GSM, UMTS/HSPA, LTE, CDMA 2000, WiMax). Mais, faute de choix technologiques vraiment affirmés, cela devient un handicap lorsque des concurrents chinois comme ZTE et Huawei peuvent réduire les structures de coût pour effectuer les mêmes prestations.

Vers une éclaircie ?

Dernière piste de réflexion soulignée dans ce billet : la nécessité de parvenir à des économies d’échelle au nom de la rentabilité. A l’origine, la fusion entre Alcatel et Lucent, qui remonte à fin 2006, devait aboutir à une rationalisation rapide des catalogues produits et des efforts R&D. Mais le processus a été finalement douloureux. Illustration avec la gamme de trois solutions UMTS. Outre l’héritage des catalogues issus des deux parties, Alcatel-Lucent a aussitôt ajouté la ligne de produits UMTS de Nortel acquise à la même période.

Malgré le cumul de revers, Ovum parvient à trouver une éclaircie. « La phase de rationalisation d’Alcatel-Lucent est passée (…)Au deuxième trimestre 2008, la firme a annoncé une croissance de ses ventes en WCDMA de 60% par rapport à la même période l’année dernière, grâce à des contrats signés avec AT&T, SKT et KTF. »

Le cabinet d’études estime que l’équipementier pourrait rebondir sur les marchés émergents avec l’extension des réseaux GSM et l’introduction de l’UMTS. Cette vision sans fil est à nuancer pour le cas de l’équipementier car son point fort reste les accès haut débit fixe et la vente de solutions DSL.


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