Concurrence : Yelp porte l’estocade contre Google

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Pour défendre son moteur de recherche vertical dédié aux commerces locaux, Yelp cosigne une étude illustrant les pratiques « anticoncurrentielles » de Google.

Yelp lance une nouvelle charge en direction de Google.

Dépositaire, devant la Commission européenne, d’une plainte contre le groupe Internet américain pour abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne, la plate-forme d’avis participatifs sur les commerces locaux cosigne cette fois – avec deux universitaires – un rapport illustrant les techniques mises en place par son concurrent pour « détourner le trafic » vers ses propres contenus et services.

Basée sur le principe de l’A/B testing, l’étude a été conduite auprès d’un échantillon de 2690 internautes grâce à la technologie UsabilityHub, communément exploitée pour comparer la réceptivité du public à différentes versions d’un même site Web.

Le constat est sans appel : Google n’hésite pas à modifier les résultats des requêtes (surtout lorsque ces dernières sont géolocalisées) pour mettre en avant ses produits, « alors qu’ils ne sont pas forcément les plus pertinents ».

Principal élément pointé du doigt : le module OneBox, automatiquement affiché en réponse à certains mots-clés… ou quand une recherche retournerait, en référencement organique, des services non gérés par Google.

Cette OneBox, qui apparaît en tête de page, ne contient que des contenus issus des bases de données de Google. Les services tiers n’arrivent qu’ensuite. Ce qui, selon Yelp, compromet d’autant leur visibilité : le taux de clics serait supérieur de 45 % si le référencement se faisait sans traitement favorable.

De même, si on pousse l’A/B testing jusqu’à remplir la OneBox de liens vers des services tiers, le taux d’interaction dans cette zone de l’interface passe de 32 % à 47 %. Il faut dire que le nombre d’évaluations et de commentaires d’internautes est souvent bien plus important, attirant d’autant l’œil.

Auteurs du rapport, les professeurs Michael Luca et Tim Wu en sont persuadés : les moteurs de recherche verticaux (les livres sur Amazon, les voyages sur Expedia, les hôtels sur TripAdvisor, etc.) représentent aujourd’hui les principaux concurrents de Google… qui les a tout simplement « clonés » ces dernières années.

Le parallèle est établi avec AT&T (accusé, dans les années 80, de distorsion de concurrence à travers la gestion des interconnexions sur ses réseaux téléphoniques) ou encore avec Microsoft (accusé, dans les années 90, d’abus de position dominante avec son système d’exploitation Windows).

Tout en reconnaissant que certaines fonctionnalités du moteur Google ont effectivement été implémentées au bénéfice du consommateur (il n’y a qu’une réponse possible au calcul « 2 + 2 » ; avoir intégré une calculatrice est donc profitable), Yelp estime que le traitement des requêtes plus complexes (dans l’exemple fourni, « pédiatre à New York ») se fait au détriment des consommateurs.

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Ainsi inquiété aux États-Unis, Google doit aussi répondre des griefs formulés à son encontre en Europe, Bruxelles ayant ouvert, à la mi-avril, une procédure officielle pour déterminer s’il existe éventuellement un abus de position dominante.

Selon Reuters, la Commission vient d’accorder un délai à la multinationale, qui n’aura donc pas jusqu’au 7 juillet, mais jusqu’au 17 août 2015 pour peaufiner son argumentaire. Et défendre la légitimité de son comparateur de prix ainsi que de son OS Android, également scruté par les autorités.

En cas d’infraction avérée, Bruxelles a bien l’intention d’infliger une amende « suffisamment significative » pour convaincre Google de modifier ses pratiques. Le montant de la sanction pourrait atteindre 10 % du chiffre d’affaires dégagé par l’entreprise avec AdWords, Google Shopping et Google Search sur les internautes européens.

Crédit photo : Neirfy – Shutterstock.com

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