Contenus sensibles sur mobile: premier pas vers une auto-régulation

Mobilité

L’Afom a signé une charte multimédia mobile pour mieux protéger les mineurs. Un objectif louable même si le contrôle total est illusoire…

Après avoir lancé des initiatives dans le domaine du contrôle parental pour les accès Internet installés sur les ordinateurs (voir édition du 22 septembre 2005), les pouvoirs publics souhaitent dorénavant décliner cette réflexion dans l’univers de la mobilité.

Le 10 janvier, Philippe Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes Agées, aux Personnes handicapées et à la Famille, et les opérateurs mobiles regroupés au sein de l’Association française des opérateurs mobiles (Afom) ont signé une charte sur le multimédia mobile.

L’objectif est d’encadrer l’usage des contenus sensibles et de lutter contre les contenus illicites sur les réseaux de téléphonie mobile. Ce document de référence sert de socle commun et détermine les objectifs à atteindre en vue d’une harmonisation des dispositifs existants.

Adaptation des plates-formes technologiques des opérateurs

Tout d’abord, les opérateurs mobiles ont déjà mené des initiatives dans le sens du contrôle parental qui permet de bloquer l’accès aux sites de charme, aux services de chat et à l’Internet mobile. Mais elles ne sont pas connues du grand public. « Orange, SFR et Bouygues Télécom exploitent depuis deux ans un service dans ce sens, qu’il est possible d’activer en appelant le centre d’appels de son opérateur », assure un porte-parole de l’Afom.

Qui dit harmonisation dit uniformité ? Pas nécessairement. L’Afom considère que le fait de choisir un logiciel unique pour les opérateurs n’entre pas dans ses prérogatives. Le club des opérateurs mobiles s’avance uniquement sur la dimension de l’harmonisation des pratiques.

D’ici novembre 2006, ses membres vont adapter leurs plates-formes technologiques respectives pour proposer automatiquement la possibilité d’enclencher un système parental dès l’adhésion à une offre mobile destinée à un mineur. La responsabilité d’activer ou non le filtre reviendra aux parents.

Une grille de classification des contenus mobiles

Autre volet de ce dossier: la réalisation d’une grille de classification des contenus et services multimédia mobiles. Ou comment monter une signalétique d’avertissement similaire à celui instauré par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel à la télévision. Un groupe de travail planche depuis trois mois sur le sujet au sein du Forum des Droits sur l’Internet, à la demande de l’Afom.

Peut-on tout contrôler sur les services mobiles? Le groupement des opérateurs mobiles assure que les parties publiques des chats et des blogs sur les portails respectifs mais aussi sur Gallery (le portail mobile commun à Orange, Bouygues et SFR) font l’objet d’une modération.

Afin de signaler les contenus illicites repérés au cours dune session de surf mobile, l’Afom souhaiterait que le service PointDeContact.net, mis en place pour signaler les dérives sur Internet, soit décliné pour l’environnement mobile.

Des services mobiles qui sortent du périmètre de sécurité

Mais l’exercice du filtrage connaît ses limites. La situation devient incontrôlable lorsqu’un utilisateur exploite les fonctions de moteur de recherche sur un portail mobile ou tape directement une URL sur son navigateur mobile.

Idem pour les sessions de messagerie instantanée sur mobile: difficile pour les opérateurs de surveiller le contenu diffusé lors de ses mises en relation directes. Un autre barrage semble apparaître avec le développement des services de SMS Plus voire MMS (généralement surfacturés). Même si l’association SMS Plus, qui regroupe les éditeurs de services dédiés, a établi une charte de déontologie et de communication, on voit déjà poindre des dérives potentielles.

Les spots publicitaires ou les encarts publicitaires dans les guides de télévision pour des services obscurs de chat par SMS montrent qu’il est nécessaire de rester vigilant.


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