Chronique des coulisses start-up : retour d’expérience du CEO d’Oodrive

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Coach d’entrepreneurs, Yannick Robert signe une nouvelle chronique consacrée à la saga Oodrive vue par son CEO Stanislas de Rémur.

Emblème de réussite de la scène FrenchTech, Oodrive fait partie des meilleurs exemples de start-up devenues « scale up ».

Forte de l’une des plus belles levées de cette année 2017 avec 65 millions d’euros pour financer la poursuite de sa croissance, le spécialiste français du stockage de fichiers dans le cloud Oodrive ouvre ses portes et se plie au jeu de la chronique des « Coulisses des start-up ».

L’un de ses trois fondateurs – Stanislas de Rémur (CEO de Oodrive) – est mis sur le grill.

Je saisis mon téléphone. C’est l’heure du conf call avec Stanislas. La liste des questions a pu être partagée quelques jours avant pour préparer l’interview.

C’est un plaisir que de voir un CEO aussi dynamique et ouvert à la discussion. La réussite n’impose pas obligatoirement le mindset « trop busy », Stanislas en est un excellent exemple.

L’idée de notre échange est d’aborder des points clés comme : « comment monte-t-on une équipe de commerciaux BtoB de 5 à 60 en quelques années sans accroc ? », « Comment opérer un pivot de business model » (abandon du BtoC, direction BtoB), « Comment éviter l’explosion en vol, faute de cash, la toute première année ? »

L’hypercroissance est une chose, le savoir-faire pour faire exploser certains plafonds de verre vitaux pour réussir à percer est autre chose.

Voilà l’objet de notre discussion téléphonique. Vous avez ci-dessous un résumé des meilleurs conseils de Stanislas pour réussir vous aussi à aller plus loin, plus vite.

Les trois moments-clés d’Oodrive

Vous pourrez aller constater la date de création de Oodrive : tout démarre en pleine période faste de l’année 2000. Le mythe commun veut que la plupart des projets lancés à cette époque ait connu l’enfer.

Néanmoins, Oodrive a su traverser 16 ans d’aventures intenses pour en arriver à cette levée de…65 millions d’euros relayée par toute la presse spécialisée début 2017.

Premier point critique : passer les premiers mois suivants la première levée de 300K€. Cela se passe en 2001 et les trois cofondateurs (Cédric Mermilliod, Stanislas de Rémur, Edouard de Rémur) d’Oodrive donnent chacun de leur personne pour la commercialisation de leur première solution à destination des particuliers.

Le cash burn naturel impose une levée de bridge de 100K€ afin d’assurer le pivot vers le BtoB.

Tout s’est joué dans la capacité des trois associés à prendre la bonne décision stratégique. Tous les autres concurrents de l’époque, restés sur le B to C, ont disparu ou furent absorbés à des prix dérisoires, arrivés eux aussi au bout de leurs facilités de trésorerie.

Oodrive a pu s’offrir ici sa première médaille de guerre : franchir l’accès au marché des professionnels, consommateur de forces commerciales. Un point fort de leur alliance initiale résidait bien dans le fait qu’ils étaient trois cofondateurs aux expertises complémentaires.

Le deuxième moment clé intervient en 2007. La société compte alors cinq commerciaux et fait rentrer le fonds Iris Capital à son tour de table.

Une levée de fonds structurante qui a permis dans la foulée la première opération de « Build up », l’acquisition d’une société belge de 12 personnes. C’est une réussite avec une ouverture à l’international.

Cette acquisition permet, selon l’analyse après-coup de Stanislas, de « gagner du temps » car le business model en mode SaaS impose une certaine inertie. Et il est préférable de croître rapidement de manière externe que de s’épuiser à vouloir tout recréer avec une implantation totalement propriétaire.

L’année 2017 démarre fort avec cette fameuse levée de 65 millions d’euros. C’est le troisième moment fort de l’Aventure Oodrive. L’envers du décor de cette opération : une opération capitalistique qui mobilise les actionnaires en place pendant plus de 12 mois.

Les discussions évoluent au fil des évolutions de la stratégie visée. Pactes d’actionnaires et clauses de liquidité auraient pu ralentir l’opération d’envergure, mais aux termes de négociations rondement menées par Stanislas et ses associés, le projet prend forme et c’est vers le choix de l’accélération que se portent tous les regards.

De nouveaux actionnaires viennent faire gonfler la levée, ce qui permettra à la société d’avoir les moyens de ses ambitions, notamment pour asseoir ses velléités stratégiques outre-rhin.

Que retenir du bel exemple Oodrive ?

Le trio d’associés fondateurs permet de surmonter les phases stratégiques cruciales et d’assurer une meilleure stabilité des décisions lorsqu’elles sont risquées.

Les options les plus risquées étant généralement plus facilement écartées avec trois fondateurs par rapport à une configuration avec deux créateurs, selon le point de vue de Stanislas.

La décision de passer au BtoB a été le véritable moteur de la croissance d’Oodrive. Cela impose des efforts intenses pour composer l’équipe commerciale et, dans le temps, c’est très exactement ici que doivent porter tous les efforts de structuration pour assurer l’équipe la plus efficace possible.

Cela impose de très forts coûts fixes en revanche, plus facile à esquiver en BtoC. Mais la réalité du marché de Oodrive se situe bien sur le BtoB.

Enfin, l’innovation est également le cœur de la réussite d’Oodrive. « Insider Room » est à ce titre un véritable outil sécurisé à destination des comités de direction des grands groupes afin d’assurer en toute confidentialité des échanges stratégiques.

Le dirigeant estime aussi que les enjeux de la sécurité IT sont majeurs avec les récents scandales. Stanislas reconnaît l’importance d’une Cyber-Sécurité agile et intégrée « by design » et non plus après coup, lorsqu’une attaque est déjà survenue.

Coach d’entrepreneurs, Yannick Robert a écrit un ouvrage témoignage en 2016 : “Comment j’ai planté ma startup : Plus de 100 leçons entrepreneuriales et plus de 100 solutions”

(Crédit photo : Oodrive – Page Facebook)

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