Crowdlending : pourquoi le Français Quable a choisi la plateforme belge Look&Fin

EntrepriseLevées de fondsStart-up
look-and-fin-quable

Le Français Quable (gestion de référentiels produits) s’est tourné vers la plateforme belge Look&Fin pour obtenir un prêt. Pourquoi ce choix ?

Il aura fallu moins de 10 minutes, assure Quable, pour réunir 99 999 euros sous forme de financement participatif.

Pour mieux appréhender les leviers exploités dans le cadre de cette opération que l’on pourrait qualifier de « transfrontalière », petite mise en contexte.

Cherchant à renforcer ses équipes commerciale et informatique, la SAS parisienne spécialisée dans la gestion des référentiels produits en ligne* avait choisi la voie du crowdlending (prêts aux entreprises) afin d’obtenir des fonds plus rapidement qu’en passant par les canaux traditionnels.

Sur ce point, l’objectif a été rempli : il s’est écoulé moins d’un mois entre le dépôt du dossier et le lancement de la campagne.

Mais de quelle campagne parle-t-on ? De celle organisée sur Look&Fin.

Particularité de cette plate-forme : elle est basée en Belgique, où la réglementation en matière de financement participatif est plus souple par rapport à la France, tout du moins sous certains angles. Notamment au niveau des prêteurs, qui peuvent, au contraire de ce qu’impose la loi en France, placer plus de 1000 euros par projet.

Du côté de Quable, on nous assure que l’aspect réglementaire n’a pas influé sur le choix de la plateforme. On met plutôt en avant les liens entre Dominique Wrobleski et François-Emmanuel Lamellière, respectivement COO de Look&Fin et CEO de Quable.

Le premier est, en l’occurrence, cofondateur de la plateforme e-commerce GrosBill.com, passée en 2005 dans le giron du groupe Auchan, puis rachetée l’année dernière par la holding Mutares, propriétaire de Pixmania. Le second a travaillé chez GrosBill.com entre 2000 et 2002.

Activer les réseaux

Pour se distinguer sur Look&Fin, Quable a fait valoir des clients comme Philips et Toyota, l’absence d’endettement financier… et quelques indicateurs qu’on nous demande de ne pas révéler.

La start-up, qui n’avait pas encore bouclé de tour de table institutionnel, a également mis en avant sa labellisation de « Jeune entreprise innovante » (JEI) attribuée par Bpifrance et assortie d’un prêt à taux zéro avec une période de franchise de 18 mois.

Les souscriptions ont été ouvertes le samedi 16 janvier 2016 à 14 h avec, pour seule communication officielle de la part de Look&Fin, un e-mail envoyé dans la matinée aux membres de la plate-forme.

Comme on nous l’explique, Quable avait « activé ses réseaux en amont ». En d’autres termes, la rapidité de cette levée de fonds n’est pas seulement due à l’aspect « émotionnel » typiquement associé au crowdfunding.

Le projet était d’autant plus attractif que les équipes de Look&Fin l’avaient classé dans la « catégorie de risques B », celle des entreprises affichant une « forte capacité à honorer les engagements financiers », sur la base de critères comme la liquidité (actifs circulant / dettes court terme), la structure des coûts fixes ou le degré de dépendance à un nombre limité de clients.

Quarante-sept investisseurs, tous des personnes physiques, ont mis au pot. Conformément aux conditions générales de la plate-forme, la période de souscription a pris fin lorsque l’objectif de financement majoré de 10 % – pour couvrir d’éventuelles rétractations – avait été atteint.

Transfrontalier

Le remboursement s’échelonnera sur 36 mois, avec un taux d’intérêt brut de 8 %, dans la moyenne de ce que Look&Fin revendique pour les quelque 50 PME qui se sont déjà financées via ses services.

Un avantage pour les investisseurs : leur titre de créance est cessible à tout moment, aussi bien en France qu’en Belgique.

Look&Fin compte creuser cette dimension transfrontalière en négociant un agrément européen afin d’étendre son activité à d’autres pays. Sachant que son arrivée en France est récente : elle remonte à la mi-2015, avec VOIP Telecom comme première société financée, par des prêteurs majoritairement belges.

Reste l’épineuse question de la rentabilité. Dans un entretien accordé à La Libre BelgiqueFrédéric Lévy Morelle, le CEO de Look&Fin, avait affirmé que pour atteindre l’équilibre, il faudrait « 20 dossiers de 100 000 euros par an ».

La plateforme reste par ailleurs lucide quant à sa situation sur un marché naissant : malgré un taux de défaut de 0 %, moins de 25 % des sommes prêtées ont été remboursées en l’état actuel (en comptant les intérêts, 1,2 million d’euros sur un total de 5,35 millions).

Les jeux sont faits

Au regard de la loi belge, Look&Fin n’a pas d’activité de conseil en investissement, ni d »intermédiaire financier.

La plateforme assure plus globalement que son activité d’intermédiation « ne nécessite pas l’adoption d’un statut réglementé ».

Mais les règles du jeu sont claires : pour l’heure, ne peuvent postuler que les sociétés belges ou françaises ayant déposés au minimum 3 exercices comptables, avec un chiffre d’affaires de 300 000 euros minimum, et recherchant un financement de 50 000 à 400 000 euros.

Le remboursement des prêts s’effectue sur 24 à 60 mois, sur la base d’un ticket minimum de 500 euros. Look&Fin se rémunère en prélevant 4 à 6 % du montant levé, ainsi qu’une commission fixe de 2 000 euros.

* Fondé en 2013, Quable exploite une plate-forme SaaS qui permet d’organiser et d’enrichir des données marketing au sien d’un référentiel unique et collaboratif ; le tout associé à un logiciel PIM (« Product Information manager ») pour la diffusion sur l’ensemble des canaux de vente.

(Crédit photo : www.BillionPhotos.com – Shutterstock.com)

Lire aussi :

Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur