De la difficulté de tester une puce Transmeta

Mobilité

Les premiers tests indépendants réalisés sur des portables à base d’un processeur Crusoe sont loin de confirmer les affirmations de Transmeta. Selon le concepteur, ce sont les tests eux-mêmes qui ne seraient pas adaptés…

Au début de cette année, Transmeta, une des sociétés les plus secrètes du monde des nouvelles technologies, avait dévoilé son processeur Crusoe (voir édition du 20 janvier 2000). D’un genre entièrement nouveau, reposant notamment sur une technologie dite de « morphing logiciel » qui le rend capable d’émuler quasiment n’importe quel autre processeur, il promet également une autonomie accrue pour les portables. Jusqu’à 8 heures, proclamaient alors ses concepteurs. Las, les tests réalisés sur les premières machines disponibles dans le commerce déçoivent. Ainsi, le laboratoire de notre confrère anglais IT Week n’a pu atteindre qu’une autonomie maximale de 2,5 heures et, surtout, les performances seraient comparables à la moitié de celles d’un portable à base d’un Celeron 500. Pas de quoi crier au miracle…

Depuis le début, les différents porte-parole de Transmeta insistent sur le fait que les tests classiques ne prennent pas en compte l’architecture originale du Crusoe. « Il y a une grande différence entre ce que disent les tests et ce que l’on ressent à l’usage, » explique Ed McKernan, le directeur marketing de Transmeta. « Les derniers tests effectués nous classent dans la même catégorie qu’un Pentium de première génération. Seulement, avec un tel processeur, vous ne pourriez normalement pas lire un DVD, » continue-t-il. Alors que, justement, il s’agissait d’une des démonstrations effectuées par Transmeta au moment de la présentation de ses nouvelles puces.

Une des explications tient au fait qu’un Crusoe effectue la plupart des calculs qu’on lui demande de façon logicielle. S’il fait tourner Windows, par exemple, il doit donc d’abord décoder l’instruction demandée avant de pouvoir l’exécuter. Alors qu’elle serait directement exécutée par un Pentium. Résultat : les performances en sont forcément quelque peu dégradées. Seulement, un système de mémoire cache retient les instructions les plus souvent utilisées pour ne pas avoir à les décoder de manière répétée. Du coup, petit à petit, les performances doivent s’accroître. Et, concurremment, la consommation électrique doit baisser puisque le processeur travaille moins pour le même résultat. Ceci étant une explication évidemment très simplifiée du fonctionnement d’un Crusoe.

Selon Transmeta, un des modèles de portable fabriqués par Hitachi, le 6ème constructeur – et dernier en date – à avoir rejoint le « club » Transmeta, pourrait même atteindre une autonomie de 10 heures, incluant la lecture d’un DVD vidéo pendant 3 heures et 20 minutes. Hitachi affirme n’atteindre qu’un peu plus de 8 heures pour son modèle muni d’un écran 10,4 pouces et 7 heures pour celui équipé d’un 12,1 pouces. Des autonomies largement supérieures à celles proposées par les portables actuels. Si ces chiffres se confirment, à l’aide de procédures de tests plus appropriées et qu’il faudra également faire subir aux autres types de machines fonctionnant avec des processeurs Intel ou AMD, cela en fera un critère de choix déterminant pour les entreprises. Ces deux concurrents ne se reposent d’ailleurs pas sur leurs lauriers puisque chacun d’eux a déjà présenté sa technologie « basse consommation » (voir nos éditions du 24 août 2000 et du 27 juin 2000). Imaginez, un portable qui fonctionne sans rechigner pendant tout un Paris-New York… C’est le patron qui va être content.

Pour en savoir plus :

Le PictureBook de Sony (en anglais)

Lire aussi :

* Un portable équipé d’un Crusoe… au Japon

* Toshiba conteste les atouts de Transmeta