Dégroupage : France Télécom préserve son monopole

Mobilité

Longtemps attendu, le dégroupage – qui permet aux opérateurs de louer le réseau d’accès de France Télécom afin d’y louer leurs propres services – ne sera pourtant pas effectif avant plusieurs mois. Les opérateurs alternatifs ont annoncé qu’ils n’étaient pas encore prêts. Un retard qu’ils imputent à l’opérateur historique.

A n’en pas douter, le monopole de France Télécom sur la téléphonie locale est bel et bien tombé. Une fin de monopole qui pourtant ne fait pas grand bruit tant les choses resteront identiques pendant plusieurs mois. Lors du passage au troisième millénaire, l’opérateur historique n’a perdu qu’en théorie son monopole en ouvrant au privé l’accès à son réseau local, permettant ainsi une concurrence non seulement sur les communications nationales et internationales effective depuis deux ans, mais aussi sur les appels locaux et le marché de l’Internet à haut débit (ADSL). Car dans les faits, aucun opérateur alternatif n’est prêt. Tous accusent la mauvaise volonté de l’opérateur historique à fournir les informations nécessaires au dégroupage. « Il y a une vraie politique de retardement, une volonté d’empêcher la concurrence », déclare Philippe Germond, PDG de Cegetel. L’Autorité de régulation des télécommunications (ART) a d’ailleurs à ce titre mis en demeure France Télécom de délivrer les informations sur son réseau qu’il devait fournir à partir du 1er octobre 2000 (voir édition du 19 décembre 2000).

Autre problème majeur freinant le dégroupage, le prix de la location de la ligne allouée par France Télécom aux opérateurs alternatifs. France Télécom a fixé le tarif à 112 francs par mois pour une ligne combinée voix/Internet. L’accès partagé, permettant à l’opérateur privé de fournir de l’Internet et à France Télécom de la téléphonie, est au prix de 60 francs. A ces tarifs s’ajoutent 1 067 francs pour un droit d’accès aux équipements de l’opérateur historique. Mais voilà, ces prix ont été jugés irrecevables par les opérateurs alternatifs qui estiment qu’ils sont de 30 % plus élevés qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne (voir édition du 24 novembre 2000). Reste à l’ART à se prononcer sur le prix et demander à France Télécom de revoir sa copie. L’instance peut très bien, comme le lui autorise un décret européen, fixer elle-même le meilleur prix afin d’établir une réelle concurrence. Une fois le prix connu, les opérateurs pourront ainsi définir leurs offres.

Les opérateurs retardent leurs offres sur la téléphonie fixe

Ainsi Cegetel, deuxième opérateur hexagonal, estime ne pas être en mesure de lancer une offre concurrente avant avril. De même pour Tele2 dont l’offre ne devrait être opérationnelle qu’en juin tandis que Mangoosta table sur la mi-juin.

Le dégroupage, outre l’établissement d’une concurrence réelle sur les communications locales, devrait permettre de développer sur une plus grande échelle l’Internet haut débit en France en proposant de nouveaux services ou des prix attractifs, non seulement auprès du grand public, mais aussi auprès des PME. Les enjeux sont importants, car le haut débit permettra aux opérateurs privés de se positionner sur les secteurs émergents mais déjà porteurs, comme la location d’applications, les réseaux privés virtuels, le streaming, l’hébergement de serveurs Web…