Démarchage téléphonique : Bloctel sera-t-il vraiment efficace ?

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Bloctel, le nouveau service anti-démarchage téléphonique, est officiellement lancé. Si l’intention est louable, des failles exploitables par les entreprises pour contourner ce dispositif existent…

Vous en avez assez d’être trop souvent harcelé au téléphone par des démarcheurs, des groupes d’assurances, des banques et autres commerciaux ? Le gouvernement lance officiellement ce 1er juin la plate-forme Bloctel, une liste d’opposition au démarchage téléphonique, gratuite pour les consommateurs.

Ce service anti-démarchage téléphonique, qui prend le relais du trop inefficace Pacitel, permet à tout Français qui le désire de demander l’inscription de son numéro de téléphone fixe et/ou mobile sur une liste spéciale mentionnant la volonté de ne plus faire l’objet d’appels commerciaux.

A noter que les SMS ne sont pas concernés par cette mesure.

Cette liste rouge, gérée par la société Opposetel, sera transmise dans un délai d’un mois aux professionnels effectuant ces démarchages téléphoniques qui devront rayer les numéros de téléphone soumis de leurs listes de clients et prospects.

En cas de non respect de cette interdiction, ils s’exposeront à une (potentielle) amende administrative de 75 000 euros par appel.

L’inscription, renouvelable, est valable trois ans. Une fois ce délai passé, les consommateurs seront contactés par e-mail ou courrier pour savoir s’ils veulent continuer à y figurer.

Concernant les appels intempestifs en provenance de l’étranger, la société donneuse d’ordres en France sera poursuivie.

Si, malgré l’inscription sur le service Bloctel, un utilisateur continue à être démarché, il pourra signaler les numéros appelants et les transmettre à la plate-forme.

Sur le papier, cette liste d’opposition au démarchage téléphonique semble être une bonne idée… Mais est-elle appelée à être vraiment efficace dans la durée ? Manuel Jacquinet, rédacteur en chef de En-Contact, publication professionnelle spécialisée dans le service client et les centres d’appel, interviewé par le quotidien Ouest-France, soulève quelques lièvres.

Certes, les grandes entreprises et marques ne manqueront pas de respecter cette liste, par souci de conserver une bonne image auprès du grand public. Toutefois, quelques petites entourloupes existent pour permettre aux démarcheurs de continuer à « harceler » en toute impunité sans se faire identifier : faire apparaître un faux numéro sur l’écran du téléphone (indicatif téléphonique de la région du consommateur pour l’inciter à décrocher), robots qui appellent automatiquement des listes établies et transmettent les appels à un démarcheur non géolocalisable…

En outre, certains professionnels ont toujours le droit d’appeler des personnes figurant sur la liste Bloctel : instituts de sondages, partis politiques, associations…. La liste commence à être longue.

Manuel Jacquinet souligne également que les entreprises ont été mal préparées à la mise en place de cette plate-forme anti-démarchage : « On n’a pas expliqué aux plateaux téléphoniques comment se mettre concrètement en conformité avec la loi. Et il n’y a aucun guichet pour répondre à leurs questions. » Et de conclure : « Le phénomène sera réduit mais pas éradiqué ».

De son côté, l’association de défense des consommateurs CLCV fait part de sa déception dans un communiqué : « Il est pour nous indispensable que la logique soit inversée et que, par défaut, la prospection commerciale téléphonique soit interdite pour tous les consommateurs, sauf accord express et préalable de leur part ».

 

Crédit image : Bloctel

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