Des opérateurs rejettent l’offre de dégroupage de FT

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Trois opérateurs alternatifs ont refusé de signer le protocole d’accord qui établit les conditions et le prix de l’ouverture du réseau local de France Télécom à la concurrence. Tous dénoncent des tarifs d’accès excessifs. Certains ont toutefois préféré signer de peur de voir France Télécom prendre trop d’avance sur le marché du haut débit.

Avec les premières offres d’accès Internet dégroupé commercialisées depuis peu par Colt (voir édition du 21 septembre 2001), on aurait pu penser que les relations tumultueuses entre France Télécom et les opérateurs alternatifs devenaient enfin, sinon cordiales, du moins telles qu’elles devraient l’être entre tout fournisseur et ses clients. Il n’en est rien. Ce week-end, les opérateurs qui souhaitaient se positionner sur le marché de l’accès Internet dégroupé, c’est-à-dire basé sur leur propre réseau, devaient signer l’offre de référence proposée par France Télécom. Cet accord avait pour but de fixer les conditions tarifaires de location et les obligations entre les parties. Or, au lendemain de cette date fatidique qui devait marquer l’ouverture officielle du réseau local de France Télécom, les opérateurs alternatifs sont quelque peu mécontents de l’attitude de l’opérateur historique. Ainsi, Cegetel, 9 Telecom et LDCom ont tous trois refusé de signer cet accord. Leurs arguments sont relayés par l’AFORS. L’association des opérateurs alternatifs demande en effet à France Télécom les mêmes conditions économiques et opérationnelles que l’opérateur s’octroie, à savoir des solutions pérennes, des tarifs réalistes, des procédures réellement opérationnelles et transparentes… Car pour toucher directement les clients et proposer ainsi leurs propre offres, les opérateurs alternatifs doivent placer leur matériels dans les sites de l’opérateur historique et se brancher directement sur les paires de fils de cuivre de France Télécom.

Pour autant, ce refus de signer ne signifie pas un retrait total du dégroupage. Les opérateurs n’ont pas réellement l’intention de se retirer de ce marché. Toutefois, leur refus n’est pas uniquement formel. 9 TeleCom et LDCom se déclarent tous deux prêts à se lancer dans l’accès Internet dégroupé, mais pas dans les conditions actuelles. Cegetel annonce de son côté suspendre son déploiement. L’opérateur, qui envisageait la commercialisation de son offre d’accès Internet dégroupé en novembre 2001, la repousse donc à une date non précisée. Cegetel compte pour le moment s’appuyer sur la revente des offres haut débit de France Télécom. Combien de temps ces opérateurs tiendront-ils ? Difficile à dire. Tous espèrent une négociation à l’amiable et non un recours au contentieux qui prendrait alors au moins deux ans. Autant de temps que France Télécom mettrait à profit pour s’emparer du marché haut débit. L’opérateur envisage d’ailleurs 500 000 abonnés d’ici la fin 2001 (voir édition du jour). Un scénario que certains opérateurs ne souhaitent évidemment pas voir se réaliser. Siris, pourtant opposé aux conditions imposées par France Télécom, a néanmoins signé l’accord avec l’opérateur historique. Pour lui, les conditions ne sont pas réunies pour une couverture nationale mais il lancera tout de même son offre, uniquement sur Paris, qui aura valeur de test. Ainsi, d’autres ont signé, à l’image de Kaptech, Free, Easynet ou encore First Mark. Autant de signatures qui jouent en faveur de l’opérateur historique qui se défend de pratiques déloyales.

L’Ile-de-France seule bénéficiaire ?

Reste que tous ces opérateurs qui ont signé vont proposer leur offres sur Paris ou l’Ile-de-France, une zone à forte densité et donc rentable. Mais surtout, le prix d’accès aux salles de France Télécom est dégressif en fonction du nombre d’opérateurs qui s’y connectent. Sachant que le prix d’accès d’une salle peut varier entre 1 et 3 millions de francs, on comprend la frilosité d’un opérateur à être le premier arrivant dans une région et donc dans une salle de France Télécom dont il supporterait alors à lui tout seul les coûts. La fracture numérique tant redoutée par les autorités gouvernementales et administratives pourrait bien avoir lieu si, de fait, les opérateurs alternatifs étaient contraints de ne proposer leurs propres offres que sur les grands zones urbaines.